Le Syndicat de la Médecine Générale vient de communiquer son soutien au Docteur DEPAGNE, qui avait affirmé inacceptable que les messages diffusés aux professionnels et au grand public par de nombreuses associations médicales, tiennent lieu de politique de santé publique. Et le SMG d'enfoncer le clou : Comptez-vous mettre enfin un terme à la désinformation des professionnels du soin et des citoyens par les lobbys pharmaceutiques et mettre en place une politique indépendante de recherche et d’information sur les choix thérapeutiques ?
L'affaire concerne un conflit d'intérêt à l' Association Française pour l’Etude de la Ménopause (AFEM) et son Président le Dr Henri Rozenbaum. Pour le docteur Dupagne, cette association émet des recommandations trop liées au commerce de traitements hormonaux n'ayant pas fait le preuve de leur efficacité. Il est sanctionné pour l'avoir fait savoir sur son site web Atoute.org qui est un site spécialisé dans les forums médicaux.
Atoute.org héberge également des informations sur l'évolution de la profession médicale et de son éthique (malmenée par les intérêts financiers de l'industrie du médicament). C'est aussi en France le principal forum d'échange entre fumeurs en cours d'arrêt.
Cette collusion entre les marchands et certains faiseurs d'opinion n'est même plus cachée. Le déplacement de notre vice-président de l'Assemblée Nationale à Rome pour constater le respect de l'interdiction de fumer dans les bars, restaurants et discothèques par nos voisins a été (partiellement) financée par le laboratoire GSK. Ce même laboratoire, associé à Pfizer a sponsorisé la dernière Conférence Internationale sur le Tabagisme (CIFCOT II) qui s'est tenu à Paris ainsi que des 'groupes d'études' de parlementaires. Les associations médicales bénéficient de soutien financier observable sur leurs sites internet, etc...
La revue Prescrire (26, 270, p. 213-214, mars 2006) rendait compte du conditionnement des professionnels de santé dès l'Université. Une étude menée au sein de huit établissements étasuniens (JAMA 2005; 94 (9) : 1034-1042) montre que les étudiants de troisième année bénéficient en moyenne d'un événement sponsorisé ou d'un cadeau ... chaque semaine (!!), sous le regard bienveillant de leurs professeurs.
Il ne faut pas en vouloir à l'industrie pharmaceutique de s'insérer dans une compétition économique globale (et âpre). Ce qui manque, et cette décision du Conseil de l'Ordre le manifeste de façon éclatante, ce sont des contre-pouvoirs. Les régulations ne sont plus faites par les politiques aux trajectoires hasardeuses, au gouvernement comme au parlement. L'AFSSAPS ne dispose pas de l'autonomie financière face au marketing 'viral' des laboratoires et dépend pour une bonne part de leurs financements pour réaliser ses évaluations, etc... Notre médecine a perdu la tête, il n'y a plus personne pour la piloter de façon indépendante dans le sens de l'intérêt premier des malades.
Pour notre part nous continuons à affirmer que les recommandations médicales pour l'arrêt du tabac sont biaisées par de tels intérêts : sur le terrain, chez Total, Veolia, Siemens, AGF, Carrefour, ... les DRH ne font plus confiance aux allégations de l'Office Français de Prévention du Tabagisme (OFT) ou de Tabac Info Service. Les prestataires privés non médicaux (cf. liens ici en colonne de gauche) font mieux, plus vite; en s'exposant - eux - à la sanction du résultat. La consommation de cigarettes a repris en 2006 : bilan révélateur de l'action de nos 'autorités de santé'. Cette autorité elles la perdent : le marché comme le grand public ne les suivent plus...