J'invite chacun à détourner son regard, ses pensées, de la poursuite de la santé, et à cultiver l'art de vivre. Et, tout aussi importants aujourd'hui, l'art de souffrir, l'art de mourir.
Les droits et libertés des malades
Je revendique certaines libertés pour ceux qui préfèrent célébrer l'existence plus que de préserver la «vie»:
- la liberté de juger moi-même si je suis malade;
- la liberté de refuser à tout moment un traitement médical;
- la liberté de choisir moi-même un remède ou un traitement;
- la liberté d'être soigné par une personne de mon choix, c'est-à-dire par quiconque dans la communauté s'estime apte à guérir, qu'il s'agisse d'un acupuncteur, d'un homéopathe, d'un neurochirurgien, d'un astrologue, d'un sorcier, ou de toute autre personne;
- la liberté de mourir sans diagnostic.
Il ne m'apparaît pas qu'il soit nécessaire aux Etats d'avoir une politique nationale de «santé», cette chose qu'ils accordent à leurs citoyens. Ce dont ces derniers ont besoin, c'est de la courageuse faculté de regarder en face certaines vérités:
- nous n'éliminerons jamais la douleur;
- nous ne guérirons jamais toutes les affections;
- nous mourrons certainement.
Voilà pourquoi, en tant que créatures pensantes, nous devons bien voir que la quête de la santé peut être source de morbidité. Il n'y a pas de solutions scientifiques ou techniques. Il y a l'obligation quotidienne d'accepter la contingence et la fragilité de la condition humaine. Il convient de fixer des limites raisonnées aux soins de santé classiques. L'urgence s'impose de définir les devoirs qui nous incombent en tant qu'individus, ceux qui reviennent à notre communauté, et ceux que nous laissons à l'État.
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