Une comparaison économique défavorable aux traitements de substitution nicotiniques

L’efficacité des palliatifs nicotiniques pour l'arrêt du tabac, en vente libre dans les rayons des pharmacies, a été étudiée en 2003 par Dr John R. Hughes et son équipe. Le département de psychiatrie de l’université du Vermont à Burlington  (USA) rend compte d'une revue systématique des publications scientifiques. Le terme étasunien pour la vente hors prescription médicale est ‘Over the Counter’ (OTC) : 

A meta-analysis of the efficacy of over-the-counter nicotine replacement, Tobacco Control 2003; 12:21-27

En conclusion lit-on "Les substituts nicotiniques sont pharmacologiquement efficaces et leur vente sans ordonnance produit des résultats comparables en efficacité à ceux prescrits par un médecin" :

“OTC NRT is pharmacologically efficacious and produces modest quit rates similar to that seen in real world prescription practice.”

Avec une lecture superficielle, on comprend que les ventes sans ordonnance sont à justifiées. C'est ce qui est clamé dans les medias. 

Les auteurs ont fait le choix - on les comprend - de prendre en compte l'intérêt de leur carrière et celui de leurs bailleurs de fonds : l'étude a été financée par l'industrie pharmaceutique (comme la quasi totalité des études non censurées).

Car le résumé de la synthèse de multiples études indique à la ligne d’avant que le taux de succès (à 6 mois ou plus) est en moyenne pondérée ... de 7%. Ce qui signifie donc 93% de rechute.

Dit autrement : avec aide médicamenteuse, UNE SEULE tentative sur 14 réussira à six mois.  Avec des scores aussi médiocres, la conclusion est osée... Nous en avions déjà parlé dans un billet le 17 février dernier.

 

Procédons à un petit calcul si vous le voulez bien et comparons l’efficacité d’une telle stratégie médica(ca-)menteuse à celle – purement psychocognitive - que nous pratiquons (avec différents confrères). Considérons un groupe de 14 fumeurs.

1°) Le coût d'un ‘traitement nicotiniques de substitution’ pendant deux mois sera estimé à 150 €. Il s’agit d’une hypothèse raisonnable la recommandation étant d’un traitement entre trois et six mois, sur la base d’un coût journalier de 2,46 €.

Le coût des 14 traitements est de : 14 x 150 = 2100 €

Au terme de six mois, il y aurait 14 x 7 % = un (1) arrêt constaté.

2°) Prenons maintenant l’hypothèse que ce groupe de 14 fumeurs participe à une formation d'une journée au total pour un prix de 300 € par participant. Avec un groupe tout venant et sans adjuvants médicamenteux la probabilité de réussite peut dépasser 50% à six mois (pronostic raisonnable que nous adoptons).

Calculons le prix de revient d’un arrêt. Le coût global ressort à : 14 x 300 = 4200 €, soit le double du prix des médications.Mais rapporté aux arrêts constatés, le coût devient 4200 / 7  = 600 €. 

L’avantage économique de la solution ‘Formation’ est dans le rapport de 3,5/1.

Le traitement médicamenteux est relativement 3,5 fois plus onéreux (2100 / 600). Et 13 fumeurs sur 14 échouent dans ce cas, alors qu'un sur deux réussit dans l'autre, ce qui fait aussi une différence...