Mardi 1er mai, C dans l’air avait intitulé son émission Les fumeurs du trottoir :
Thématique : Quel bilan tirez-vous
de l'interdiction de fumer sur les lieux professionnels ? Êtes-vous favorable
au fumoir ou au "zéro tabac" dans l'entreprise ? Faut-il adapter la
législation du travail ? Comment ?
Yves Calvi, très en verve, est entouré du Professeur Gérard Dubois,
Président de l’Alliance contre le tabac et du médecin tabacologue Anne
Borgne, présidente du réseau
Hôpital sans tabac, et d'autres invités non médecins. Aucun des deux professionnels de santé n'a spontanément déclaré d'intérêt au sens
de l'article R 4113-110 du code de la santé publique (28/3/2007). Nous aurions
aimé en être sûr : ça ira mieux en le disant.
Ce sont surtout les propos du docteur Anne Borgne que nous
attendions. Nous connaissons sa propension à vanter sur tous les étals l'usage
de palliatifs nicotiniques en vue de l'arrêt du tabac : nous avons
été gâtés !
Nous avons appris en outre qu'il serait souhaitable de se
droguer durablement avec ces palliatifs homologués pour faire face au manque
durant les heures de travail. Ce n'est pas compatible avec les recommandations
d'utilisation : entre utiliser des gommes pour un long voyage d'avion de 18
heures comme l'indication en a été autorisée et (ab)user de ces produits
toxiques au quotidien, il y a un pas que l'on ne franchit pas impunément...
Notons aussi qu'il n'est pas évoqué que l'utilisation durable de ce qu'elle nomme
'substituts nicotiniques' puisse être inducteur d'un arrêt prévisible. Ces produits ne sont qu'une façon alternative de
consommer durablement de la nicotine.
S'il faut mieux
subventionner les palliatifs nicotiniques comme elle le propose à nos
autorités en charge de la santé, pourquoi ne pas subventionner les
cigarettes tant qu'on y est ? Avec les inhaleurs, démonstration à l'appui, on n'en est pas loin...
Le Dr Borgne explicite aussi les intentions de la
corporation médicale de s'acharner sur des fumeurs non demandeurs : « Mais
vous les maraboutez, c’est pas possible ! Pardonnez-moi c’est pas normal
! » s'indigne Yves Calvi provoquant.
Extraits de la transcription de la video de l'émission de France 5 ci-après, non édités.
Je vous remercie de me signaler le cas échéant toute inexactitude qui aurait pu subsister afin que je puisse la corriger.
Transcription des interventions du Dr Anne Borgne (extraits non édités)
Avec l'aimable autorisation de la Direction des programmes interactifs de France 5
Yves Calvi (minute 22:37) : Est-ce
que vous avez l’impression que l’on met en place les mesures qui vont permettre
à ces fumeurs « contraints » [de ne pas fumer au travail] d’être pris
en charge ?
Anne Borgne : C’est vrai que depuis tout à l’heure on parle d’interdit, des fumeurs mis sur le trottoir, se retrouvant en eux dans un clan dans lequel ils se sentent un peu exclus des autres ; je pense que cet interdit était absolument nécessaire et je suis ravie qu’il ait été mis en place. Mais en effet il faut donc aider ces fumeurs qui sont comme le disait Gérard Dubois en difficulté avec une dépendance et on va en voir probablement, un certain nombre d’entre eux ont eu cette réaction, d’opposition et de rejet sur cet interdit « puisqu’on m’empêche, moi je fais ce que je veux » etc. avec un redoublement de leur consommation, ont des consommations à des endroits justement où c’est interdit etc. par provocation mais on la comprend cette provocation.
En effet il faut parallèlement mettre ces mesures d’accompagnement, d’information, de conseil. On n’arrête pas de faire le parallèle avec la démarche d’arrêt du tabac personnel. On a des techniques d’entretien ou de discours avec les fumeurs qui ne sont pas prêts à l’arrêt.
C’est-à-dire qu’on n’est plus aujourd’hui dans la prise en charge d’un fumeur, dans le système qu’on avait auparavant qui était « On répond à quelqu’un quand il nous dit ‘j’ai envie d’arrêter de fumer’ et à ce moment là on l’aide ». Maintenant on travaille en amont dans les techniques de tabacologue et on va les voir quand ils ne sont pas prêts à l’arrêt et on essaye de peser avec eux le pour, le contre et essayer de les faire avancer eux-mêmes, on les pousse pas, on ne peut pas les pousser, on essaye de les faire avancer dans une démarche d’arrêt qu’on va donc un petit peu accélérer pour qu’ils arrivent à prendre la décision d’eux-mêmes.
YC (24:08) : Ce que vous voulez dire c’est qu’aujourd’hui vous ne vous adressez pas uniquement à ceux qui viennent vous voir parce qu’ils sont dans la démarche positive d’arrêter, mais il y a une réflexion et une prise en charge en amont ?
AB : Tout à fait ! Moi je suis ravie …
YC (24:17) : Mais vous les maraboutez, c’est pas possible ! Pardonnez-moi c’est pas normal !
AB (riant) : Pas du tout, je ne maraboute personne ! Non, non. Il y a une façon de leur parler, de leur expliquer les choses et les laisser faire leur chemin. On a parlé du cheminement. C’est un cheminement et si on le laisse se faire tout seul, il peut être rapide mais il risque aussi d’être long ce cheminement. Et dans ce cheminement qui se fait sur l’accumulation d’arguments sur contre ou pour le tabac ou contre ou pour l’accompagnement ou les traitements etc. eh bien la mesure d’interdiction de fumer dans les lieux publics est un des arguments que les fumeurs ont entendus, les campagnes de publicité, tout le bruit qu’on a fait depuis maintenant un certain nombre d’années autour du tabac, on parlait d’augmentation du prix, en voila un aussi .
Alors évidemment ce n’est pas
l’augmentation du prix qui fait arrêter de fumer les gens, ce n’est pas
l’interdiction de fumer, c’est pas la pub qu’y zonvu, c’est pas parce qu’il y a
de nouveaux médicaments qui sort, c’est un ensemble de mesures, qui va leur
permettre un jour de se dire « Je suis mûr, j’ai envie de le
faire »
YC (25:10) : Ma question, pardonnez-moi c’est « Est-ce qu’on les aide ? » et visiblement j’ai pas l’impression que ce soit le cas. On en est où dans l’accompagnement et le remboursement des traitements et tout ça ?
AB : Je travaille beaucoup en ce moment…
YC (25 :17): Mais pas vous ! Je vous parle de la Sécu. C’est bien gentil de dire « Arrêtez de fumer » mais je pense qu’on peut donner aussi…
YC : Oui, qu’on peut en discuter oui…
YC : oui…
AB : et donc, moi je travaille à Bondy, en Seine St Denis, donc des gens en situation de précarité et pas seulement des très très pauvres, je vois des gens qu’ont un petit salaire, qu’ont des enfants à élever, etc. et qui sont donc avec des revenus moyens et qui ont des grandes difficultés à investir dans leur traitements de substitution nicotiniques. En effet il faudrait un remboursement et une prise en charge plus substantielle.
YC (26:18) : …
YC (26:40) : Alors reste posée la question des entreprises.
[Suit un reportage. Commentaire
final en off : « … des chefs d’entreprise préfèrent financer l’arrêt
du tabac. Ca leur coûte beaucoup moins cher »].
(31:00) C’est vrai ça que ça coûte moins cher ?
AB : Ah ben oui. Ca coûte pas cher du tout. Les programmes qui sont faits par … certaines associations, fournir un tabacologue qui vient sur place qui fait des conférences, je ne sais pas s’ils fournissent le prix des traitements ou pas ça dépend des entreprises mais ça coûte pas très cher, ça coûte moins cher que tous les coûts engendrés par le tabagisme, par les pauses, etc.
YC (38:00) [suite d’une discussion juridique] : Anne Borgne ?
YC (39:02): un
inhaleur, ils vont faire quoi ?
AB : Ils vont absorber momentanément une dose de nicotine qui va apaiser leur besoin de fumer !
YC (39:07) : Ca se
traduit comment ?
AB : les inhaleurs de nicotine, vous avez jamais vu ça ? Eh bien c’est un petit embout en plastique en plastique blanc, qui ressemble un peu à un fume-cigarette, à l’intérieur duquel il y a une cartouche qui contient de la nicotine et du menthol, et on [fffu, faisant le geste] aspire et la nicotine pénètre par les petits vaisseaux qu’on a dans la bouche et va dans le cerveau apaiser le besoin de nos récepteurs nicotiniques cérébraux. […]
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