Il y a un point commun entre la maladie d’Alzheimer et la dépendance tabagique : les traitements médicamenteux sont inefficaces.
La revue médicale indépendante Prescrire concluait ainsi son mini dossier sur la prise en charge de cette maladie en février 2007 :
« L'efficacité des médicaments anti-Alzheimer étant modeste et transitoire et leurs effets indésirables étant nombreux, il faut se demander régulièrement si leur prescription est réellement utile au patient.»
Selon le journal Le Monde du 3 août 2007, la dépense en soins médicaux pour un malade Alzheimer oscille entre 8500 et 12000 euros par an, et celle en accompagnement paramédical entre 8000 et 11500 €. Cela fait vingt mille euros par an qui sont à la charge de la collectivité. Et il se passe environ huit an et demi entre le diagnostic et la fin de vie. Une manne pour les firmes pharmaceutiques...
Médicaments d'aide à l'arrêt du tabac, inutiles aussi
Dans le cas des traitements avec nicotine pharmaceutique pour le sevrage tabagique, les effets secondaires sont modestes, hormis pour les femmes enceintes pour lesquelles ils ne doivent pas être prescrits en première intention (tiens, pourquoi donc ?). Et le seraient-ils, l’on nous répliquera doctement que les effets de la nicotine pharmaceutique sont moins dangereux que le fait de continuer à fumer. Nous voulons bien le croire, mais ceci ne montre pas qu’ils sont efficaces et ne suffit pas à nous convaincre de leur utilité globale.
Quand on analyse finement les études réalisées, l’effet des ces aides médicamenteuses sur l’arrêt durable comparé à celui d'un placebo sont de l’ordre du pourcent. Un effet que nous pouvons attribuer au dispositif expérimental du test, car on sait que participer à un test médical influe positivement sur le résultat du traitement. Affirmer que les aides médicamenteuses « doublent les chances de succès » ne suffit pas à nous convaincre non plus : deux fois zéro fera toujours zéro et l’on n’en est pas loin…
Une ponction sur la collectivité
Une dernière raison pour combattre ces pseudo traitements nous avait échappé et c’est le débat sur la maladie d’Alzheimer qui nous le révèle. Toutes les dépenses en médicaments n’ayant aucun avantage en terme de morbidité ni d’évolution de la maladie réduisent l’enveloppe budgétaire allouée à l’accompagnement non médical. Et l’on sait qu’il est essentiel pour la fin de vie de nos aînés. On sucre les labos pendant que nos parents sucrent les fraises.
Comme l'écrit Dr Dominique Dupagne dans un de ses récents éditoriaux :
« Les services de gériatrie sont devenue de véritables usines à prescrire ces médicaments, et sont souvent liés financièrement aux industriels qui les commercialisent. Pas un gériatre ou presque ne participe à un congrès sans y être invité par un laboratoire pharmaceutique qui veillera à faire passer les bons messages grâce à des leaders d’opinion qui sont à l’industrie du médicament ce que Claudia Schiffer est à L’Oréal. »
De la même façon les subventions allouées pour la prise en charge des aides médicamenteuses en vue de l’affranchissement de la dépendance tabagique ponctionnent la collectivité – sans amélioration de la situation – alors qu’une aide à l’accompagnement psychologique du sevrage serait si utile.
[Edit 04/10/07 : Voir aussi l'avis de la HAS récemment publié ]
[Edit 20/07/11 : Le déremboursement des médicaments anti-Alzheimer pourrait être validé
Les autorités de santé réexaminent à partir d'aujourd'hui les traitements disponibles. Certains médicaments pourraient être déremboursés dès cet automne.
« En 2007, il n'existait pas de plan Alzheimer, rembourser ces médicaments était une façon de faire entrer les malades dans une prise en charge adaptée. Les choses ont évolué », note-t-on à la HAS.