Le Parisien daté du 02 octobre 2007 nous révèle dans sa rubrique "Fait du jour" des chiffres qui devraient mener notre populaire Roselyne Bachelot à reconsidérer les subventions que ses services allouent à l'omniscient Office Français de Prévention du Tabagisme (OFT) qui fait la pluie et le beau temps dans la promotion des « pesticides nicotiniques » comme le Dr Khalatbari nomme ces gri-gris censés aider les fumeurs à moins ou ne plus fumer :
- « 14,2 millions de Français de 18 à 75 ans fument.
- 31,8 % des Français de 15 à 75 ans fumaient en 2006 contre 31,2 % en 2004 et 30,4 % en 2003.
- Le tabagisme a repris chez les
18-25 ans, passant à 48,5 % contre 40,3 % en 2003. »
Ces résultats ne m'étonnent pas. L'OFT est une association régie par la loi 1901, regroupant des bénévoles qui ne font que ce qu'il leur passe par la tête. Il ne s'agit pas d'une agence officielle et encore moins d’une délégation ministérielle, qui serait susceptible d’être examinée par notre rigoureuse Cour des Comptes.
Je vois à cette situation au
moins deux explications :
- On sait que les responsables de l'OFT sont incompétents, et cela arrange bien les politiques
qui sont soucieux de préserver les quelques dix milliards de taxes générées par
les ventes de tabac...
- Cela arrange bien les
fournisseurs de palliatifs nicotiniques dont la rente de situation reste
inentamée par les ventes (en augmentation !) de ces produits, qui sont
totalement inefficaces apparemment si ces chiffres du Parisien sont avérés.
Ces deux explications peuvent se combiner : les laboratoires aident les tabacologues qui conseillent les politiques. Fumez braves gens, l'administration de la Santé veillera sur vous jusqu'à votre dernier souffle. Zéro pointé, tableau d’horreur : Madame Bachelot, faites quelque chose svp, mettez un terme à cette crassitude.
Il y a quand même quelque chose qui me chiffonne dans cet article du Parisien, dont les articles sur le tabagisme sont généralement mieux étayés. C'est cette mention :
« 5 900 décès sont dus au tabagisme passif chaque jour. »
Permettez-moi de citer les propos
du Pr Molimard dans le forum du Nouvel Obs du jeudi 1er février 2007 intitulé "L´interdiction du tabac dans les
lieux collectifs et publics" :
« Le fait que la Société de Tabacologie, que j´ai fondée et présidée jusqu´en 2004, soit devenue la Société Française de Tabacologie, et que j´ai été amené à en démissionner pour ne pas cautionner une dérive qui en fait une annexe du marketing de l´industrie pharmaceutique, Pfizer justement en particulier, mais aussi Pierre Fabre, en dit long sur l´indépendance des tabacologues. Il suffit d´entendre leur discours sur les antennes, vantant sans aucune critique des produits qui ne font guère mieux que les placebos, pour s´en convaincre. »
il est vrai que les substituts nicotiniques multiplient les chances de succès par 2. il est vrai que pour décrocher, il faut de la motivation.
Mais un fumeur ne sera jamais qu'un ex-fumeur, et la rechute guette à tous les coins. là aussi le mot d'ordre est de reprendre son bâton de pélerin aussitôt passée l'envie et la déception.
Arrêter de fumer peut devenir l'affaire d'une vie, et celà vaut la peine d'essayer.
Rédigé par : ayoub | 02/01/2008 à 21:59
ayoub >
Merci de votre témoignage où je sens beaucoup d'émotion.
J'ai du mal à comprendre votre raisonnement. J'écris que les fumeurs sont de plus en plus nombreux, ce qui laisse penser que ceux qui auraient envie de cesser de fumer n'ont pas de solution efficace, et vous me ramenez cette 'scie' que les prétendus 'substituts' nicotiniques multiplient les chances d'arrêt par deux. Si c'est le cas, la base de référence doit être bien faible.
D'ailleurs multiplier par deux par rapport à quoi ? Vous savez ? Ce rapport de probabilité est relatif à un placebo, un traitement bidon; médicamenteux. Il faudrait comparer à pas de traitement du tout, mais ça notre science médico-pharmaceutique ne sait pas faire. Il lui faut un placebo.
Et il se trouve qu'en matière de tabagisme le fumeur se rend vite compte qu'il a affaire à un placebo. La nicotine du palliatif il la sent bien, alors qu'avec le placebo il ne sent rien. Comme il est informé qu'il participe à une expérience, il réalise qu'il est tombé dans le groupe avec traitement bidon. Et alors il n'a plus forcément la même motivation. Ceci peut justifier un écart significatif.
Ce qui signifie que ce chiffre, toujours relatif, jamais absolu vous noterez, est le résultat d'une expérience contrôlée. Dans la vraie vie, l'arrêt se passe autrement. Si vous lisiez mon site avec attention, vous y liriez des billets montrant que dans la vraie vie, ce sont ceux qui n'utilisent pas de palliatifs nicotiniques qui offrent les meilleurs résultats. J'ai plutôt tendance à croire ce qui se passe dans la vraie vie, laissant les chimistes et leurs hommes de marketing à leurs éprouvettes.
Non les chances de succès ne sont pas multipliées par deux. On vous fait croire ça mais cela n'est pas dans la vraie vie...
Effectivement la rechute guette l'ancien fumeur à tous les coins. Mais précisément pour prévenir cette rechute différée, la médecine ne propose rien et ne peut rien proposer. Je préfère m'occuper de ce problème que du court sevrage de quelques semaines que la plupart des fumeurs qui ne sont pas atteint de complications ont expérimenté comme supportable.
Oui redevenir non fumeur relève d'un apprentissage. Pour cette apprentissage, comme pour passer un examen, la chimie n'est pas vraiment la solution.
Rédigé par : Randall | 03/01/2008 à 10:51
Votre réponse est limpide et sincère. Mais, moi non plus je n'arrive pas à décrypter.
Si les substituts nicotiniques ne servent strictement à rien, pourquoi est-ce qu'un document très officiel de l'afssaps (recommandations de bonne pratique) leur alloue une part importante dans l'arsenal tabacologique à côté des TCC.
Dans un site comme stop-tabac.ch (qui du reste est un site universitaire genevois) les patchs sont dépeints favorablement.
Dans mon expérience personnelle, les patchs ont joué un rôle importants, par leur effet starter et par l'apport de nicotine qui permet de maintenir des effets dopaminergiques non négligeables.
Pour le reste, il me parait que devant le risque "fumée", le risque "leurre pharmaceutique" parait fort négligeable.
dans toutes les situations, Pierre Fabre mérite mieux que les cigarettiers de gagner sa croute, idem pour pfizer qui se la coule douce grâce à d'autres "percées" thérapeutiques.
Rédigé par : ayoub | 04/01/2008 à 19:00
Par ailleurs il n'y a pas plus dangereux que la manipulation des statistiques et de la logique : constater que le nombre de fumeurs dans le monde s'accroit ne permet pas de conclure que les solutions aux sevrage sont inefficaces. Là aussi, le raisonnement est biaisé par le fait que le nombre augmente du fait d'une recrudescence dans les pays du tiers-monde, et sur le plan anthropologique, l'humain n'a jamais vécu un stress aussi important (absence de valeurs, bouleversements technologiques et sociaux, violence pandémique etc..). pas étonnant que le tabagisme perdure.
Rédigé par : ayoub | 04/01/2008 à 19:08
La majorité du financement de l'AFSSAPS provient de l'industrie du médicament. Elle n'est pas indépendante donc. La Cour des Comptes et diverses commissions parlementaires confirment que c'est préjudiciable à l'objectivité des recommandations. Encore tout un dossier cette semaine dans le British Medical Journal, qui fait référence sur le plan scientifique.
Voir l'éditorial de ce jour :
http://bmj.com/cgi/content/full/336/7634/0
Je ne comprends d'ailleurs pas quelle légitimité aurait l'AFSSAPS pour évaluer des traitements non médicamenteux. On ne fait pas de la pâtisserie avec les recettes du traiteur...
Ces recommandations (2003) ne sont pas objectives, il suffit de les lire pour s'en apercevoir. Elles sont, comme on me l'a dit au ministère par son responsable, destinées exclusivement aux professionnels de santé, dont l'acte de prescription médicamenteux est devenu réflexe (en France, pas partout...). Sans prescription un médecin a du mal à légitimer le paiement d'une consultation (c'est les médecins qui me disent ça).
Concernant le site suisse de J.F. Etter, que je connais bien, mon blog y est référencé. Ceci dit les facultés ont besoin de financements pour leurs recherches et devinez qui y pourvoit ? Lisez l'onglet 'Sur nous' et vous verrez y apparaitre Nicorette. Là aussi l'indépendance n'est pas évidente à maintenir. Genève est aussi le siège de l'OMS, dont l'indépendance des experts est sujette à caution. Il est d'ailleurs quasiment impossible de trouver un expert indépendant. Le NEJM, revue de référence, a cessé d'exiger cette qualité à ses rédacteurs : la revue cesserait. c'est dire si la gangrène est avancée...
La pharmacollusion n'est pas une conspiration : elle arrange tout le monde (dont les politiques qui ont des campagnes électorales à financer). Sauf les patients ! Voyez le site du Formindep.org pour édification de votre jugement.
Je comprends ce que vous dites sur l'effet 'starter' d'un traitement palliatif initial : il peut d'ailleurs se justifier dans les cas de fumeurs atteints de complications. Subjectivement cela peut vous donner l'impression de vous avoir aidé. Le problème est l'utilité à terme en vue de l'arrêt, mesuré à un an : il est alors voisin de 10%. Il faudrait donc s'y reprendre à 10 fois pour avoir quelque chance : pas sérieux, et d'ailleurs personne ne fait ça.
Vous jugez par rapport à un cas personnel. Je juge d'après des centaines de fumeurs, hommes, femmes, jeunes, moins jeunes, etc... Je n'ai jamais vu, à une exception, quelqu'un réussir avec mon aide ET des patchs. Un médecin du travail de Sanofi Aventis Vitry me disait lors d'une conférence où il intervenait à mes côtés, qu'il comprenait bien pourquoi les personnes prenant des patchs avaient moins de chances de succès.
Permettez-moi de mettre en doute les chiffres, traficotés, d'études non indépendantes. Il existe des études indépendantes, j'en cite sur le site : elles ne concluent pas à l'avantage des palliatifs nicotiniques. Dans la vraie vie, leur utilité est contestable. Les donner gratuitement, ou les rembourser aussi. Pour ma part je les interdis ! Comme ça c'est simple. Il se trouve que mes scores de succès sont un multiple de ceux annoncés fièrement par une médecine devenue dépendante des pharmaciens. Dépendante au sens d'accro aussi : elle ne sait pas s'en passer.
Qui a raison ? La science consiste à observer la réalité. Consultez mes références, qui sont celles de médecins du travail, qui font appel à des privés comme moi car les tabacologues officiels se plantent. Des noms ? Allez, Danone (0% de succès avec les patchs), Bosch (0% de succès avec les patchs), etc... J'avais un jour au téléphone un journaliste qui cherchait une référence de l'Office de Prévention du tabagisme (OFT) : elles s'étaient toutes débinées, pas fières du résultat. L'OFT s'est fait mettre dehors du siège de Total, après deux ans d'incurie médicale. J'en suis arrivé à penser que son incurie arrangeait Bercy...
Je sais qu'il n'est pas facile d'aller à contre-courant d'une pensée unique dominante, mais je m'y emploie modestement, en indiquant les références : cela finira bien par perfuser...
Merci en tout cas de vos remarques.
Rédigé par : Randall | 04/01/2008 à 19:42