Bravo ÉRIC FAVEREAU pour cet article que j'aurais aimé avoir écrit (Libération.fr, 14/11/2007) :
Ce que fait le financeur de l'opération est très astucieux. Dans cette affaire, d'autres parties prenantes peuvent être questionnées.
1°) Que dit la Haute Autorité de Santé ? On aimerait que son avis soit entendu : celui de janvier dernier est beaucoup plus réservé...
2°) Les sociétes savantes
cautionnent des allégations peu crédibles
Pour Éric Favereau : « Médicaliser les comportements est devenu un des axes centraux des grandes firmes pharmaceutiques dans leur politique commerciale. Dans les années 70, on a ainsi médicalisé la ménopause, plus tard la dépression, les troubles de l’érection, etc.
Le problème, c’est que le fumeur n’est pas franchement un malade, même si fumer provoque des maladies. Et c’est sur cette ambiguïté que Pfizer va s’engouffrer. Dans une lente montée en puissance, après avoir débuté sa commercialisation en France en février 2007, une cohorte de visiteurs médicaux ont rencontré des médecins généralistes pour les préparer à leur nouveau rôle. En distillant un message simple : «le fumeur est de votre ressort, et il y a un médicament, spécialement conçu pour lui».
A l’issue de ce travail de fond, c’est le lancement de la phase publique avec l’appel direct aux fumeurs pour qu’ils aillent voir leur médecin. Certes le nom du médicament n’apparaît pas – interdit par la loi pour un médicament sur ordonnance –, mais peu importe puisque le Champix est… le seul médicament (1). Au final, c’est une bien belle campagne qui a même reçu le soutien d’une kyrielle de sociétés savantes. Tout le monde est ainsi satisfait. »
De qui s’agit-il ici ? Qui a intérêt à médicaliser le tabagisme ? Réponse sur la brochure :
Le Comité National contre
les Maladies Respiratoires
Le C.N.M.R. est entièrement indépendant et fonctionne exclusivement grâce à la générosité de nombreux donateurs.
Depuis 1970, plus de 200 travaux de recherche médicale en Pneumologie ont pu être financés par le C.N.M.R, grâce au soutien de ses donateurs, dont l'industrie pharmaceutique, pour un montant de plus de 6 millions d'euros (c'est nous qui soulignons).
La Fédération Française de Cardiologie
La FFC ne reçoit aucune subvention de l'Etat, toutes ses actions sont menées grâce aux seuls dons du public (et d'industriels de la Santé ?).
La Fédération Française de Pneumologie
La Société Française de Tabacologie
Cette médecine-là, sous la blouse blanche virginale, est CORROMPUE
par les intérêts financiers de l’industrie pharmaceutique tirant profit de la
naïveté et du public et des médecins : c'est en termes choisis la conclusion de la très officielle Inspection Générale des affaires Sociales (IGAS) dans son rapport publié à la Documentation Française.
Des preuves ? L’investissement promotionnel direct des laboratoires auprès des seuls médecins généralistes français, devenus leurs
obligés qu’ils s’en défendent ou pas, atteint 3 000 millions d’euros par an (Inspection Générale des Affaires Sociales, septembre 2007). Qui n’irait
pas piocher de menus avantages dans cette caisse à ciel ouvert ? Certainement
pas les spécialistes hospitalo-universitaires dont l'indépendance et
l'objectivité est - selon la Cour des Comptes - l'objet de sérieuses réserves.
Si encore les produits promus étaient efficaces ! Les chiffres indiqués – médiocres à 12 mois - oublient de préciser que le résultat est atteint avec 25 consultations auprès d’un professionnel formé à la tabacologie. Aurait-il la compétence, aucun médecin généraliste n’a une telle disponibilité pour accompagner un fumeur en bonne santé.
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