Volée de critiques sur le champix suite à son interdiction aux pilotes et contrôleurs aériens aux USA par le FAA (agence fédérale de l'aviation) : les incidents sérieux sont nombreux, plus nombreux que pour tout autre traitement lourd suivi au titre de la pharmacovigilance. Il s’agit d’accidents ou d’incidents justifiant d’une hospitalisation suite à des pertes de connaissance, des convulsions, sans parler des effets psychiatriques déjà rapportés dans nos récents billets [1, 2].
Le taux de réussite de champix pour l’arrêt durable à l’horizon d’un an est d'une tentative sur cinq (22%). Ce chiffre a été obtenu avec un suivi intensif (en volume celui des consultations de tabacologie durant un an), après trois mois complets de traitement et avec un public dont avaient été écartés tous les fumeurs malades, sous traitement ou présentant des antécédents défavorables (dépression et alcoolisme notamment).
Une fois ces biais corrigés, le taux de réussite du palliatif à la nicotine de Pfizer devrait être, dans la vraie vie, comparable à celui des dérivés nicotiniques (timbres, gommes,…). Prescrire était bien inspiré en écrivant en octobre 2006 :
« Quand un médicament est jugé nécessaire pour une aide au sevrage tabagique, la nicotine est le premier choix. » [3]
Pas d’amélioration du service rendu et accroissement des risques : le bilan bénéfice/risque de champix mérite d’être réévalué au vu des données de pharmacovigilance.
Un avis indépendant préoccupé par la sécurité d'utilisation
Un organisme indépendant ISMP a analysé les rapports d’incidents déclarés par Pfizer à l’agence américaine des médicaments (FDA) depuis la mise sur le marché de la varénicline (marque champix° en dénomination commerciale).
Voici ses recommandations (traduction par nos soins) :
« Nous avons des préoccupations immédiates de sécurité concernant l'utilisation de la varénicline parmi le personnel d'exploitation des avions, des trains, des autobus et autres véhicules, ou dans d'autres contextes où une défaillance dans la vigilance ou dans le contrôle de la motorisation pourrait conduire à des accidents graves et massifs. D'autres situations à risque comprennent les personnes d'exploitation des centrales nucléaires, les grutiers ou les opérateurs d'équipements médicaux de réanimation. Sur la base des rapports de perte soudaine de conscience, de convulsions, de spasmes musculaires, de troubles de la vision, d'hallucinations, de paranoïa et de psychose, nous pensons peu sûr d'utiliser la varénicline dans ces contextes. »
Conclusion
« Nous sommes préoccupé par l'utilisation de la varénicline dans des situations où le risque d'accident est élevé ; nous recommandons aux médecins et aux patients de faire preuve de prudence dans l'utilisation de la varénicline et d'envisager d'autres méthodes d’aide au sevrage tabagique.
La FDA et le fabricant devraient prioritairement analyser et évaluer les informations disponibles et mener des recherches complémentaires quand les données actuelles s’avèrent insuffisantes pour répondre aux questions relatives à la sécurité de la varénicline. »
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Pour mieux juger de la polémique, permettez-moi enfin de vous recommander la lecture d'un billet fort documenté sur Pharmacritique : Une étude détaille les effets indésirables neurologiques et cardiovasculaires du Champix
Références
- Champix mis sous surveillance étroite
- L'EMEA requiert de nouveaux avertissements sur le Champix
- Cf. notre billet Champix est AR RI VÉ, hé hé, … du 10 février 2007
Je ne pilote pas d'avion ni d'engin dangereux. En revanche, je vais travailler 4 jours par semaine à 80 kilomètres de chez moi, en voiture, sur l'autoroute. Avec le champix, je m'efforçais de contrôler les vertiges, qui s'annonçaient heureusement par des nausées, cela me laissait le temps de m'arrêter pour respirer et éviter de tuer ou blesser mes concitoyens automobilistes.
J'ai supporté ces effets secondaires les attribuant en partie à l'arrêt du tabac. En effet, le manque de nicotine me donnent des vertiges et trouble ma vue, mais ne me donne pas de nausées...
Un jour, en fin d'après midi, avant d'aller chercher ma fille à la garderie, alors que je prenais le champix depuis 5 ou 6 semaines, je me suis assise sur mon canapé, en proie à un désespoir dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Cette expérience de quelques minutes, très forte et presque traumatisante m'a fait arrêter de prendre le médicament sur le champ. Je précise que je ne suis ni suicidaire ni dépressive, j'ai comme beaucoup d'humains parfois du mal à gèrer ma vie et mes angoisses ; le champix m'a montré que ce n'était rien, à côté de ce que j'ai ressenti, un jour, assise sur mon canapé, avec des substances vendues en pharmacie dans mon cerveau ! A défaut d'arrêter de fumer, j'ai arrêté le champix !
Rédigé par : entredeux | 25/05/2008 à 12:50