Avec 50000 $ en rémunération annuelle de GlaxoSmithKline, Michael Fiore, président du groupe d'experts mettant à jour les recommandations médicales américaines concernant l'aide au sevrage tabagique aurait dû se récuser lui-même, ou avoir été remercié en tant que membre du groupe d'experts.
Michael Fiore déclarait sous serment lors d'une déposition au Ministère de la Justice en 2005 : "J'ai fait un travail de conseiller pour les laboratoires pharmaceutiques au fil des ans. Au cours des cinq dernières années, celui-ci a varié sur une base annuelle entre 10000 $ et 30000 $ ou 40000 $ par an". Michael Fiore bénéficie - en plus - d'une rémunération d'environ 50 000 dollars par an par GlaxoSmithKline (GSK) pour assurer la chaire académique de lutte contre la dépendance tabagique à l'Université du Winconsin.
Cela n'a pas empêché qu'il soit nommé président du groupe d'experts mettant à jour les recommandations américaines en matière d'aide au sevrage tabagique. Pas étonnant que celles-ci fassent la part belle aux produits de l'industrie pharmaceutique, au mépris des réalités de terrain et des approches psychocognitives (notamment).
Michael Siegel [5], dans un billet imprécateur [1] se demande pour quelles raisons :
- M. Fiore n'a pas été disqualifié à cause de ces liens d'intérêt ni ne s'est récusé ;
- Il a caché des récents conflits d'intérêt dans sa déclaration pour les recommandations.
Peut-être le plus frappant aspect de cette histoire n'est pas la faute de divulgation ni le fait de ne pas se récuser lui-même du groupe, mais plutôt que le Dr Fiore feigne d'ignorer (ou refuse d'admettre) qu'il existe un conflit d'intérêt incompatible avec sa fonction [4].
À Kevin Helliker, auteur d'un article remarqué du Wall Street Journal [2] qui interrogeait le docteur Fiore - qui a toujours défendu que les médecins devraient recourir aux produits pharmaceutique dans leur stratégie thérapeutique - celui-ci répond que son avis (celui des recommandations fédérales donc) est fondé sur des preuves scientifiques provenant de centaines d'études. Comme la quasi totalité des financements de recherche provient de l'industrie pharmaceutique et que ne paraissent que les études favorables (les revues dépendant de leur publicité), cela ne prouve rien. Nous ne pouvons pas avoir confiance dans un tel argument.
Et qui oserait croire que l'argent ne nous influence pas même à notre insu ? Le plus élémentaire étudiant en psychologie sociale sait ça. Les recommandations médicales officielles [3], dont nous aurons en France une déclinaison concoctée par les mêmes experts réputés indépendants, non corrompus parce qu'incorruptibles, ne sont que du marketing de l'industrie.
Les professeurs de médecine - qui fixent le dogme - sont financés par l'industrie, directement et indirectement via des associations nommées "Société savantes" et ne sont donc pas habilités à être à la fois juge et parti. Et pendant ce temps-là les fumeurs cherchent des solutions qui marchent pour s'en sortir. On est marlbarré...
Références
- With $50,000 in Annual Resources from GlaxoSmithKline, Chair of Expert Panel on Smoking Cessation Should Have Recused Himself, or Been Removed
- L'article remarqué du Wall Street Journal (par Helliker)
- Recommandations médicales étatsuniennes (2008)
- Mainmise de Big Pharma sur la politique anti-tabac américaine
- Michael Siegel
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