France 3 propose ce lundi 2 juin une émission pour sensibiliser, informer, expliquer un sujet qui nous concerne tous : la pollution et ses effets sur la santé. Et si l'on y parlait aussi de la pollution financière sur la santé ?
Trois exemples viennent donner quelque importance à cette question :
1. Pasqualino Rossi, le vice-président de l’agence pharmaceutique italienne, également dirigeant de l’Agence européenne du médicament (EMEA), est sous les verrous avec 5 autres lobbyistes, pour corruption. Des experts de l'OMS, et notamment dans le tabagisme, ont été convaincus de manquements scientifiques graves à cause de financements occultes [1].
2. Six personnes sont mortes dans un hôpital de l'est de la Chine après y avoir reçu des injections d'immunoglobuline humaine, a annoncé l'agence Chine Nouvelle la nuit passée. La Chine est régulièrement sur la sellette en matière de sécurité alimentaire et pharmaceutique. Ces dernières années plusieurs hauts responsables ont été condamnés, dans certains cas à la peine de mort, pour avoir laissé sur le marché des produits potentiellement dangereux, moyennant pots-de-vin. L'ancien directeur de l'Administration d'Etat de l'alimentation et des médicaments, Zheng Xiaoyu, qui avait rang de ministre, a ainsi été exécuté en juillet dernier pour avoir touché 620.000 euros de pots-de-vin d'entreprises pharmaceutiques, selon les autorités [2].
3. De 1998 à 2005, le nombre de déclarations à la Food and Drug Administration (FDA, USA) d'incidents graves en réaction aux traitements médicamenteux a été multiplié par 2,6 passant de 34966 à 89842 et le nombre de décès (fatal adverse drug events) a été multiplié par 2,7, de 5519 à 15107. Le nombre d'incidents graves signalés a cru 4 fois plus fortement que le nombre total de prescriptions suite à consultation au cours de la même période. 20% des médicaments ont contribué à 87 % des incidents, et c'est précisément Champix° qui a généré le plus grand nombre de rapports à la FDA au dernier trimestre 2007. Pour les auteurs de l'étude (ISMP, Pennsylvanie), ces résultats soulignent l'importance de ce problème de santé publique et ils illustrent la nécessité d'améliorer la gestion des risques des prescriptions de médicaments [3].
Ainsi un tiers seulement des américains accordent dorénavant leur confiance à la FDA pour leur assurer la sécurité ainsi que l'efficacité de nouveaux médicaments : 58 % d'avis négatifs et 7 % d'abstention [4] :
* Qu'en est-il des conflits d'intérêts des médecins prescripteurs, innondés de visites promotionnelles et de documents commerciaux des fournisseurs de produits ?
* Quid de la recherche financée en majorité par le privé - avec pour unique raison d'être son profit futur - et du manque d'études indépendantes dans les revues médicales dépendant elles aussi économiquement du budget publicitaire des mêmes industriels ; et donc pas tout à fait libres de publier les résultats négatifs (cf. l'enquête de la revue Prescrire et le veto à la publication d'une recherche du Pr Molimard sur les dérivés nicotiniques).
* Qu'en est-il de l'indépendance de la formation et de l'information des professionnels de santé et notamment des médecins qui marquent nos ordonnances, notamment de produits censés aider à l'arrêt du tabagisme ?
* Qu'en est-il de l'indépendance de journalistes-médecins par rapport au complexe médico-pharmaceutique ?
Sources
1 - Pharmatimes
2 - Décès de six personnes ayant reçu de l'immunoglobuline en Chine; AFP 02.06.08, 06h11
3 - Graves réactions indésirables aux médicaments rapportées à la FDA de 1998 à 2005, Serious Adverse Drug Events Reported to the Food and Drug Administration 1998-2005
4 - Confidence in FDA Hits New Low, Harris Interactive, 22 avril 2008
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