L'arrêt franc qualifie la démarche consistant à éteindre une dernière cigarette et à ne plus refumer, ceci sans aide au sevrage.
Le sevrage est conduit sans recourir à un palliatif visant à réduire l'intensité ou plutôt - ce serait plus exact - la fréquence des envies de fumer. L'adjectif « franc » traduit l'expression idiomatique « cold turkey » en anglais [1].
Cette démarche s'oppose à l'arrêt progressif assisté durant quelques semaines avec des médications de confort au dosage variant (ou pas) en fonction d'une intensité supposée de la dépendance. Durant cette période dite de sevrage le fumeur n'a alors pas à apprendre à faire face aux envies de fumer, envies que l'on se sera efforcé de réduire le plus possible.
Des semaines avec un médicament censé esquiver cet apprentissage essentiel? Franchement (sans jeu de mot), arrêter librement et franchement, c'est plus rapide et à terme plus fiable pour neuf fumeurs sur dix [2].
Analyse terminologique
Franc est attesté en latin médiéval sous la forme ‘Francus’, désignant d'abord l'homme libre (fin du VIe s.) puis celui qui est libéré de certaines servitudes.
En se passant de fumer, l'on redevient 'franc', c'est-à-dire libéré de l'obligation de fumer, in-dépendant du tabagisme.
Arrêt franc
Selon le dictionnaire TLFi, rapporté à quelqu'un, franc signifie : qui est libre, par opposition à serf ou à esclave ; qui n'a ni gêne, ni entrave ; qui est sans contrainte : « avoir les coudées franches ».
L'on s'affranchit du tabagisme comme un esclave est affranchi par son maître...
Est franc qui est moralement libre ; qui agit de sa propre volonté ; qui agit ouvertement, de manière droite ou directe, qui ne dissimule pas.
Cesser de fumer en un instant et s'y tenir revient effectivement à prendre une trajectoire droite, sans détour, d'une sincérité à - vraiment - toute épreuve. Car les tentations et autres pièges de l'inconscient sont de rigueur...
En parlant de quelque chose, franc désigne ce qui présente des caractères de netteté, de naturel, de pureté, d'équilibre :
- Qui n'est pas douteux; qui est net sans ambiguïté; qui est équilibré, sans rien d'excessif : Allure franche ; situation franche.
- Qui est complet, entier : jour franc.
- Qui est pur, sans mélange : couleurs franches.
On prend une décision une bonne fois pour toutes, sans accepter d'y revenir à la moindre sollicitation.
Franc qualifie enfin ce qui est complet, véritable ; qui remplit les conditions requises.
Plus une seule bouffée, sinon c'est la rechute assurée (et pour tout le monde).
Parmi les synonymes de franc, citons : sincère, direct, abrupt, spontané, entier, cordial, carré, net, clair, explicite, complet. Tous ces qualificatifs sont appropriés.
Arrêter franchement, OK
'Arrêter franchement' sonne juste aussi. 'Franchement' a pour synonymes :
- résolument, assurément, certainement,
- librement, clairement, spontanément,
- volontairement, de plein gré, sans contrainte,
- carrément, net, catégoriquement,
- brusquement, nettement,
- fortement, incontestablement, indubitablement,
- sincèrement, naturellement, directement…
Tous ces adverbes qualifient bien un arrêt rapide et réussi.
[Mise à jour 17.08.2010]
Arrêter franco aussi ?
'Arrêter franco' est une variante de 'Arrêter franchement'. Franco est alors synonyme de 'avec hardiesse', 'sans hésiter'. On y va franco !
Cet adverbe ajoute une notion intéressante : franco, c'est sans frais, exempt de taxes. On dit qu'une livraison est 'franco de port' pour signifier que les frais d'acheminement sont inclus dans le prix.
Pourquoi ne pas arrêter franco ? Sans frais ? Oui, bien sûr, c'est possible. Cependant l'amateur de cigarettes sait très vite bien que se passer de fumer est problématique. Plus que de la hardiesse ou de témérité, c'est de préparation et de détermination dont le fumeur aura besoin pour réussir.
Arrêt franc, oui, c'est l'déal ; arrêter franco : c'est moins recommandable...
Référence
- Wikipedia (en) : cold turkey
C'est la manière dont j'ai arrêté de fumer personnellement après de longues années de gros abus dirons-nous. J'ai fait plusieurs billets sur les substituts sans jamais vraiment parler de mon expérience personnelle.
J'ai toujours été quelque peu sceptique en fin de compte sur les substituts nicotiniques - qui me paraissaient surtout une belle occasion pour les labos de se faire une rente sur l'arrêt du tabac avec la bénédiction de l'assurance maladie. Mais bon, ne faisons pas de notre cas une généralité dit-on habituellement... Le truc qui m'a aidé, c'est bien sûr l'arrêt du café, et globalement une conduite plus sobre durant les 2/3/4 premières semaines, avec aussi last but not least, une manie de boire du thé vert japonais. Tranche de vie...
Rédigé par : jef | 05/03/2011 à 10:06