C'est aujourd'hui qu'entre en vigueur la médication officinale. Cette mesure a pour objectif de favoriser aux malades l’accès aux médicaments et le choix des médicaments dans le cadre d’une automédication responsable. Les médicaments en accès direct doivent pouvoir être utilisés sans intervention d'un médecin pour le diagnostic, l'initiation ou la surveillance du traitement.
En matière
d'addiction au tabagisme, il convient de savoir que :
- fumer
n'est pas une maladie, c'est - éventuellement - une dépendance entraînant des
risques pour sa santé ;
- aucun
traitement médical connu ne prévient la récidive de la dépendance au tabagisme.
La "médication responsable" de l'addiction au tabagisme, comme nous le disons ici avec constance, c'est : se passer de béquille nicotinique qui ne fait que reporter le problème de l'arrêt durable !
Quand on vous martèle que la nicotine pharmaceutique « double les chances de succès », c'est par comparaison à un traitement similaire sans nicotine, avec un autre produit pharmaceutique inactif et théoriquement inefficace. On ne sait pas mener d'étude scientifique - valable suivant les critères reconnus - établissant une comparaison médicale entre un arrêt avec aide médicamenteuse et sans aide médicamenteuse au sevrage. Si des constats empiriques peuvent être faits, ils ne peuvent être reconnus comme établissant une vérité objective. Dès lors que les stratégies d'arrêt sans médicament ne peuvent être validées par la médecine , comme celles ayant recours à l'acupuncture ou à l'hypnose, nos experts médicaux en déduisent hâtivement qu'elles ne marchent pas. Rien n'est plus faux !
Une étude d'un expert de l'OMS a établi qu'en RFA il avait été possible de dépasser 50 % de taux d'arrêt confirmé à un an de la date d'arrêt du tabagisme, sur des centaines de candidats non sélectionnés. Soit quatre fois le score généralement indiqué dans la littérature dite scientifique concernant les aides nicotiniques seules (sans thérapie de soutien : en moyenne 12 arrêts sur 100 tentatives). Nous confirmons que ceci est reproductible sur des publics fumeurs représentatifs de la population française à la condition expresse de ne pas avoir recours aux prétendues aides médicamenteuses. Les allégations diffamantes affirmant que ces chiffres étaient exagérés ont fait l’objet de procès et d’indemnités (1, 2). Bien sûr, cela n’arrange pas les affaires des laboratoires pharmaceutiques dont les largesses sont appréciées de ceux qui acceptent d’en profiter en vendant leur âme au diable.
- - -
En
attendant, les apothicaires font leurs comptes*. Voici la répartition des dérivés nicotiniques (timbres, gommes, etc.) autorisés en
vente libre ce jour, par
marque (3).
Nicotine
pharmaceutique |
|
Marque |
# |
Nicorette |
13 |
Nicotinell |
11 |
NiQuitin |
9 |
Nicogum |
3 |
Nicopatch |
3 |
Nicopass |
2 |
Total |
41 |
Ci-après, voici la
répartition par "spécialités" des produits au
1er juillet 2008. Il est extraordinaire qu'un cinquième des
produits en vente libre devant le comptoir soit constitué des dérivés nicotiniques. alors qu'ils ne représentent que 2,3 % du nombre total des 1800 spécialités non remboursées. Bravo les lobbys labos !
Médicaments de médication officinale |
||
Indication |
Nombre spécialités |
% |
Troubles
ORL |
77 |
35% |
Addiction au tabac |
41 |
19% |
Troubles
cutanés |
33 |
15% |
Troubles
gastro-intestinaux |
28 |
13% |
Douleur |
19 |
9% |
Asthénie |
13 |
6% |
Divers |
6 |
3% |
Total |
217 |
100% |
- - -
Bravo les labos, qui insistent pour promouvoir leurs produits de toutes les façons imaginables même (et surtout) quand ils sont inefficaces et inutiles. Il n’est pas certain que le réseau des apothicaires soit gagnant à terme cependant.
Apothicaire vient du latin apotheca signifiant « réserve, magasin ». Ces réserves sont maintenant constituées de beaux tiroirs coulissants comme par magie. Mais en sortant les produits de la réserve, en les mettant à la disposition du public en libre-service, un jour viendra où une part importante du chiffre d’affaires pourra être récupérée par les drugstores et autres distributeurs en grande surface, avec des prix ‘optimisés’. Ce premier juillet 2008 symbolise la fin d’un monopole, au nom de la libéralisation de la santé et de ses traitements. A votre avis, qui va le plus en profiter ?
* Qu'on ne me fasse pas dire que les pharmaciens n'ont pas de compétence et/ou que les médications sont inutiles. Il s'agit d'une profession commerciale tout à fait respectable. Les pharmaciens appliquent les recommandations, et comme nous l'avons écrit et répété, ce sont les autorités établissant ces recommandations (en France AFSSAPS et HAS) et les experts - globalement liés aux fabriquants et de fait corrompus - qu'elles mandatent qui sont critiquables.
Références
(1) Stop Smoking with Allen Carr’s Easyway
Worldwide: ASH Apologises For Unfounded Comments
(3) AFSSaPS Médicaments
de médication officinale (consulté le 01/07/08)
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