Cesser de fumer induit souvent des humeurs dépressives : on ne fait pas le deuil d'une compagne de 20 ou 30 ans sans que cela ait un impact sur sa sensation de bien-être et de plénitude.
Généralement ces humeurs, qui sont les hauts et les bas naturels de la vie comme les soucis des enfants ou du travail par exemple, sont surmontés sans soutien particulier. C'est le cas de 80 % des participants à nos actions.
Fumer rend dépressif aussi : un raisonnement psychologique simple le montre. Il suffit de considérer toutes ces tentatives successives infructueuses pour reprendre le contrôle de son comportement ! On y perd de la confiance en soi, et aussi dans le tabacologue que l'on a consulté quand il/elle affirme benoîtement qu'il faudra cinq tentatives avant de réussir - éventuellement. Sauter cinq fois dans une piscine vide est un conseil insupportable...
Fumer contre sa volonté, chaque jour, en disant que l'on arrêtera... demain et en reportant sans cesse l'échéance est aussi susceptible d'éroder les esprits les plus forts. Ce constat d'échec mille fois répété rend autant malade psychologiquement que physiologiquement : la médecine ne sait pas l'apprécier, ce n'est pas dans son domaine de compétence. Résultat : un fumeur sur cinq sollicitant une aide est soit sous traitement antidépresseur, soit présente un antécédent de dépression.
Cesser le tabac rend dépressif et fumer aussi !
La cigarette vous tient en tenaille, un terrible tenaille dont il n'est pas évident de se libérer tant qu'on n'en a pas pris la mesure. En finir avec le tabagisme peut activer des sentiments insupportables, que l'on peut soulager avec des produits pharmaceutiques. C'est la première justification des palliatifs à la nicotine, qui ne sont pas une solution à terme puisqu'au lieu d'être dépendant de la cigarette on devient dépendant d'un produit pharmaceutique contenant le produit entretenant la dépendance. On est surtout allégé... dans son portefeuille.
Une autre solution de facilité, indiquée dans les cas de dépression profonde mais à laquelle il est trop facilement fait appel, est d'avoir recours à un traitement chimique antidépresseur. Comme pour les antibiotiques, il y a des abus :
- abus parce que ces traitements peuvent à leur tour induire une dépendance pharmacologique potentiellement plus nocive pour le temps qu'il nous reste à vivre ; sans parler des effets secondaires ;
- abus parce qu'esquiver l'apprentissage à faire face à une envie de fumer ne peut mener à un affranchissement serein de la dépendance tabagique ;
- abus de la solution de facilité consistant à poser un emplâtre sur une jambe de bois, à prescrire durablement une béquille chimique alors que la solution est à l'évidence cognitive ou psychologique, en aidant le patient à marcher de façon autonome ;
- abus à cause de l'ignorance par le corps médical des solutions proposées par les professionnels de la psychologie et du manque de coordination entre ces différents métiers.
C'est la raison pour laquelle Unairneuf.org s'associe à l'appel de 15 psychiatres renommés contre l'abus d'antidépresseurs. Signez la pétition du magazine Psychologies contre les abus de médication.
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