La Société Française de Tabacologie organise en novembre prochain son deuxième congrès : La tabacologie au carrefour des disciplines médicales
Il n’y a a priori dans ce congrès personne de compétent
pour aborder les remèdes non médicamenteux ! [1, 2].
J’ai consulté le 11 septembre le programme prévu. La liste des 48 intervenants cités comprend :
Qui sont les quatre orateurs ne se présentant pas comme « docteur » et susceptibles d'aborder les composantes psychologique, cognitive, comportementale, sociale, etc. de la dépendance au tabagisme avec les paradigmes d’autres disciplines académiques ?
- Deux « Monsieur » (dont J.P. Tassin) sont neurobiologistes,
- une « Madame » est la Ministre de la Santé (et ancienne pharmacienne d’officine) qui s’est engagée à ouvrir le congrès,
- la deuxième intervenante est sage-femme.
Il apparait que la tabacologie est comprise comme dépendant de la seule science médicale. Voici la répartition des spécialités indiquées dans le programme prévisionnel :
Cliquer svp pour les détails)
Les systèmes pulmonaires et cardiovasculaire sont graphiquement les disciplines au carrefour des préoccupations de la tabacologie. Je me demande en quoi cela va aider les fumeurs, qu'il serait judicieux d'aider avant qu'ils relèvent de ces spécialités.
Les deux organisations à l’initiative de l’événement sont :
- la filiale commerciale de l’OFT, de statut Sarl, fondée par Bertrand Dautzenberg qui préside le comité d’organisation et,
- la Société Française de Tabacologie.
L'organisation n'a jugé pas pertinent de faire intervenir un spécialiste de la composante psychologique de la dépendance. Point de psycho-sociologue non plus. La tabacologie française, sous la coupe de l’industrie pharmaceutique selon son fondateur [3], semble aveugle à ce qui distingue un fumeur d'un ensemble d'organes physiques. Cette réduction mutile le sujet de ses éléments les plus importants.
Une organisation dépendante de l'industrie
Les Actes du premier congrès à l’automne 2007 indiquent dans la rubrique Remerciements ces mots révélateurs (p. 5) :
« Nous savons aussi l’impossibilité d’organiser quelque manifestation que ce soit sans l’appui très volontariste de nos partenaires que sont les laboratoires pharmaceutiques.
Ils nous ont gratifiés cette année de nouveautés thérapeutiques, de nombreuses possibilités de rencontres de nos acteurs de terrain. Nous ne pouvons que remercier les Laboratoires Pfizer, Pfizer Santé Grand Public et Pierre Fabre dans leur organisation de symposia satellites et leur participation très active. De même les laboratoires GSK Santé Grand Public, et Novartis nous ont apporté leur confiance et leur soutien
indéfectible. »[4]
Cet appui très volontariste (sic) se traduit notamment par le financement de conférences commerciales et d’ateliers de (dé)-formation professionnelle. Voici un extrait du tarif en 2008 :
Prestation
| Stand (un module de 9 m2) |
3 000 € |
Atelier (maximum 60 p.)
|
10 000 € |
| Symposium (maximum 200 p.) |
20 000 € |
| Grand symposium (–– > 900 p.) |
30 000 € |
Le congrès se termine sur la séance plénière intitulée : Les traitements du passé et du futur : les vaccins anti-tabac, les médicaments de demain [5]. Voilà le futur des fumeurs : des tabacologues dépendants de la pharmacie. Dépendance ? Tiens; ce mot me dit quelque chose...
La recommandation de Unairneuf.org
- Si vous êtes un professionnel de santé
convaincu de la pharmaco-tabacologie, il est prévisible que votre investissement de 250 € ou 350 € conforte ce que les experts du médicament (AFSSAPS) vous ont recommandé. Ce congrès vous gratifiera d'une piqure de rappel.
- Si vous considérez - comme nous et d'autres intervenants indépendants - que les Sciences Humaines sont une nécessité et la clef des solutions au tabagisme, les arcanes de ces communications partielles, partiales voire commerciales sont sans intérêt. Risques de cauchemars et de nausées.
Références
1 - Il y a bien une séance plénière intitulée "Tête de fumeur". Elle traite les sujets suivants :
- Tabac et sphère ORL,
- Tabac et œil,
- Tabac et peau.
Drôle de tête ce fumeur ! Vide de pensées, d'émotions, de motivations, etc… Négation de l'évidence ou néant abyssal ?
2 - Un atelier La pleine conscience : nouvelle prise en charge de l'arrêt est planifié vendredi 21 de 9h00 à 10h30, mais son intervenant n’est pas précisé au jour de notre publication. Si le sujet vous intéresse, nous vous invitons à étudier l’ouvrage de Z. Segal & al. La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression, De Boeck, 2006 ; préface de Christophe André.
3 - L'association Formindep offre une tribune au Professeur Robert Molimard
4 - 1er Congrès National de la Société Française de Tabacologie - Lyon, 2007 – Actes (pdf,1,7 Mo)
5 - Cf. Préprogramme au 07/08/08 (le programme général en pdf a été retiré)
Une autre application concrète pour ce qui nous concerne ici : le médecin qui accepte les petits cadeaux des visiteurs médicaux et des firmes industrielles dont il prescrit les produix est manipulé : 
Tout effort d’apprentissage, dans quelque domaine qu’il soit, est motivé par l’attente d’une récompense. Il arrive que le plaisir de cette récompense s’atrophie et que l'action associée devienne le phénomène central qui occulte la finalité même d’apprentissage. En situation d’addiction, la fin ne justifierait plus les moyens et les moyens deviendraient la fin. Ainsi le jeune s'intitie au tabagisme par modelage social et devient très rapidement dépendant.
