Les traitements dits de substitution ont tendance à
maintenir le tabagisme! C'est la conclusion de spécialistes californiens de l'éradication du tabac.
La leçon du modèle californien de prohibition du tabagisme
Comme le dit Jean-Daniel Flaysakier dans son blog Santé : une politique anti-tabac efficace ne doit pas mégoter [1]. Un référendum dans l'État de Californie en 1988 y a instauré un programme de lutte contre le tabagisme sur huit ans, avec un budget de 90 millions de dollars par an (et c'était à l'époque du dollar fort !). Cette loi prévoit qu'un tiers du budget est affecté à des activités d'éducation pour la prévention du tabagisme en milieu scolaire et alloue les deux tiers restants à un ensemble coordonné d'actions d'éducation à la santé comprenant des programmes dans les districts, à des campagnes médiatiques de l'État, et à la gestion et à l'évaluation des actions.
Ceci fut efficace en effet : par fumeur, la consommation de cigarettes a diminué de plus de 40 %, passant de 121 paquets/an en 1988 à 70 paquets en 1997. C'est dès 1994 qu'il a été interdit de fumer au travail (dans les faits) et dans les bars et restaurants avec un à deux ans de décalage. La France en est aujourd'hui où l'État de Californie était il y a précisément 10 ans.
L'expérience californienne a montré qu'une politique globale visant à modifier la norme sociale a une incidence nettement plus forte qu'une attaque de front développant les services de cessation du tabagisme en direction des fumeurs : tant pis pour eux de toute façon.
L'objectif de cette "dénormalisation" consiste à modeler
indirectement l'environnement juridique et social afin que le tabac devienne
moins désirable, moins acceptable et moins accessible. C'était une intention
des lois Veil et Évin, qui n'ont été que parcimonieusement appliquées en France
avant 2006.
Il semble que la Californie se soit donné les moyens, en
communication notamment, d'atteindre ses objectifs. Un des inspirateurs
majeurs de cette dénormalisation, Stanton Glantz - le plus taliban des
haltayollahs de la lutte anti-tabac - a été convie à en témoigner auprès de notre
actuelle Ministre en charge de la Santé, Roselyne Bachelot.
Une perle de Stanton Glantz
[...suite]
Un
séminaire a été organisé en 2004 en vue de la définition de la politique californienne
de réduction du risque tabagique pour les personnes restant fumeuses, soit
quand même encore 4 millions de personnes.
Le Pr Stanton Glantz, un homme qu'on ne peut suspecter a priori de
dénigrement des aides médicamenteuses affirme alors dans une intervention :
« Il existe dorénavant un large corpus de preuves sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas dans la lutte contre le tabagisme. [...] Nous avons également des éléments de preuve sur la base de notre expérience passée avec les cigarettes allègées en nicotine ainsi que certaines preuves concernant les substituts nicotiniques sans prescription : ces approches ont tendance à maintenir le tabagisme. » [2]
Il convient de remettre cette affirmation dans son contexte : le séminaire réunissant le gratin des tabacologues américains n'a pas réussi à trancher sur la question de l'utilité des palliatifs nicotiniques pour aider les fumeurs à cesser de fumer...
Les aides à l'arrêt doublent les chances de succès dans les études scientifiquement contrôlées mais cela ne se traduit pas par une baisse du nombre de fumeurs dans la vraie vie. C'est la raison pour laquelle il ne fut finalement pas décidé d'encourager les traitements de substitution de longue durée. Le mystérieux paradoxe fait toujours l'objet d'études et d'âpres débats.
La vente libre des prétendus substituts nicotiniques
a tendance à maintenir le tabagisme !
C'est Stanton Glantz, l'inventeur de l'exploitation politique des effets du tabagisme passif qui l'affirme. Ça aurait presque la valeur de vérité d’une encyclique papale. La suite dans un prochain numéro...
Références
1 - Tabac :une politique anti-tabac efficace ne doit pas
mégoter
Le Blog Santé de Jean Daniel Flaysakier - 26 août 2008
Jean-Daniel Flaysakier est rédacteur en chef adjoint, spécialiste de la santé à la rédaction de France 2.
2 - Robins R, ed. The Seduction of Harm Reduction: Proceedings from the September 2004 Summit ; Sacramento, CA; (pdf 8,8 MØ, p. 101-102) California State, Department of Health Services; 2005.
« Today, there is a large body of evidence about what works and does not work in tobacco control. [...] We also have evidence based on our earlier experience with filtered and low-delivery cigarettes, as well as some evidence with over-the-counter nicotine replacement products, that these types of interventions tend to keep people smoking. ».
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