Une amie blogueuse ayant interrompu son traitement Champix en urgence à cause d'effets secondaires sérieux (et signalés en pharmacovigilance !) [1] tente aujourd'hui de nous rassurer : non elle ne sent pas l'urgence d'arrêter de fumer.
Je ne m'inquiète pas pour le tabac, je veux dire pour les risques sur ma santé qu'il entraine, je les sais réels mais ça ne m'a jamais empêchée de fumer, ça ne me fait pas même peur pour te dire la vérité. Ce n'est pas pour cela que j'arrêterai de fumer.
Ce qui m'ennuie, ce qui me révolte, c'est d'être dépendante, pas de risquer ma santé, de colorer mes dents en jaune, de puer, d'avoir le souffle plus court ou les yeux qui piquent ou une peau moins belle, tout ça je le sais mais dans le fond je m'en fiche. C'est même pas ça. Je ne m'en fiche pas mais ça ne m'atteint pas. Ça s'entend très bien avec ma raison qui dit oui c'est vrai mais si c'était ma raison qui contrôlait ma dépendance au tabac ça ferait longtemps que je ne fumerais plus !
Rationnellement elle s'en fiche, et elle n'a pas tort : le tabagisme commence ses dégâts environ après 20 ans de pratique. Avant ce délai, on peut vivre en fumant sans trop se prendre la tête. Les mouvements s'adaptent spontanément à l'effort : les vieux fumeurs marchent plus lentement par exemple ou cessent tout exercice physique facteur d'essoufflement ; ils préfèrent les restaurants à terrasse ouverte, etc.
Mais en poussant le raisonnement, elle prendrait conscience que tout ce laïus est plutôt une rationalisation : une explication plausible mais bidon, comme ces scientifiques qui jurent qu'ils sont objectifs.
Que dit son inconscient, l'inconscient qui veille sur elle jour et nuit, en veille et en rêve ? Eh bien son film est tout autre : ma vieille, tu es en train de ruiner ta santé et ton beau visage, tu culpabilises d'avoir perdu le contrôle de ton comportement, tu es à la dérive, etc.
Si la médecine n'a pas encore été capable d'établir que ceci est un facteur suffisant pour user les personnalités les plus saines et structurées et aboutir à des humeurs dépressives voire à des épisodes sévères à la longue, c'est qu'il faut lui rappeler que l'homme et la femme sont des êtres avec un inconscient. Apparemment elle n'est pas capable de le prendre en compte scientifiquement.
Cette "Evidence Based Medicine" refusant de prendre l'inconscient en compte est dangereuse pour les fumeurs. Ce n'est pas en fourguant des anti-dépresseurs comme le médecin prescripteur du Champix l'a fait pour amortir les risques psychiatriques de notre super-blogueuse, en toute inconscience et contrairement aux avertissements de l'AFSSAPS, que l'on sortira les fumeurs du trou dans lequel fumer les a plongé.
Extrayons la tabacologie de la tutelle exclusive d'une discipline médicale dangereuse et faisons lui suivre une cure de psychologie.
Référence
1 - El Bolg : Journal sous Champouix
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