Le rapport scientifique Tabac – Comprendre la dépendance pour agir publié par l' INSERM en 2004 présentait l'état de l'art de notre compréhension du tabagisme.
La différence entre ce que l'on considère être la dépendance physique, se matérialisant par des syndromes de sevrage observables et la dépendance psychologique qui peut être traitée par apprentissage est expliquée dans le chapitre "Effets de la nicotine sur la neurotransmission cérébrale" (p. 75-110) :
Dans les conditions physiologiques (en l’absence de traitement pharmacologique), l’activité des neurones dopaminergiques augmente à l’occasion de récompenses naturelles (nourriture, boisson, sexualité). L’apprentissage conduit à ce que ce ne soit plus la récompense qui active les neurones dopaminergiques mais les signaux annonçant l’arrivée de cette récompense.
Au cours de son développement, chaque individu se constitue donc un ensemble de signaux qui lui sont propres et dont la perception lui permet d’anticiper une satisfaction et de s’adapter à son obtention. Un signal non suivi de récompense déclenche une frustration. La prise de substances psychoactives, en activant les systèmes dopaminergiques de façon intense, conduit l‘individu à mémoriser des événements qui n’ont pas de réalité physiologique mais qui, parce qu’ils sont associés à la prise du produit, l’en rendent dépendant.
C'est ce qui explique la difficulté à redevenir non fumeur : certaines circonstances de la vie sont associées à la consommation de tabac. Pendant quelque temps des signaux non suivis d'apport de nicotine peuvent induire une frustration, ce qui se traduit par des comportements irrités, une fringale, etc.
Ce qu'il est important de comprendre c'est qu'il ne s'agit que de signaux, comme un feu clignotant en mer ou un feu de signalisation pour la circulation.
Un signal ne fait pas mal. C'est l'interprétation qui en est faite qui induit une réaction. Les traitements pharmacologiques ne peuvent pas être une aide pour interpréter les signaux, aux mieux elles les masquent sur le moment, mais à terme cela est sans utilité. Les personnes qui ont instinctivement compris qu'il n'y a pas lieu de combattre ces signaux, qui se répéteront avec une fréquence décroissante dans les premières semaines puis deviendront exceptionnels, maximisent leurs chances de succès. Une envie de fumer ne fait mal nul part. S'il y a quelque chose à soulager, ce n'est pas ça.
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