La thérapie à l’aide de l’hypnose est une expérience et pas un “savoir”. Vous pouvez lire des tas de bouquins sur le sujet et vous ne connaîtrez rien à propos de l’hypnose tant que vous n’aurez pas vous-même fait l’expérience consciemment (car vous le faites déjà inconsciemment plusieurs fois par jour).
Seule l’expérience apporte la connaissance de ce qui se passe et des résultats. La question n’est donc pas de savoir “est-ce que l’hypnose peut m’aider ?” mais est-ce que je suis prêt(e) à faire quelque chose d'utile pour m’en sortir ? [1]
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Si l'hypnose thérapeutique a connu de nombreux développements dans les pays anglo-saxons, c'est parce que le lobby des psychanalystes n'y était pas aussi puissant qu'en France. Historiquement c'est en France que Sigmund Freud était venu apprendre l'hypnose, mais comme il n'y était pas doué contrairement à certains thérapeutes connus en son temps, il l'a abandonnée pour inventer sa méthode de cure analytique. Méthode dont il reconnut le manque d'efficacité thérapeutique en 1937, deux ans avant de décéder.
Mais Freud a fondé une Église de Psychanalyse, comprenant de nombreux prêtres, évêques, nonnes et moinillons au rang desquels de nombreux français, dont certains sont encore en activité. L'usage de l'hypnose est rejeté par ces partisans d'une approche plus analytique où le thérapeute fait semblant de ne pas intervenir sur le processus de guérison psychologique. Fait semblant car il est reconnu qu'une dose d'hypnose intervient dans la relation. Il est probable que c'en est une composante thérapeutique essentielle : comme le remarquait Paul Watzlawick "On ne peut pas ne pas communiquer".
Aux USA, l'hypnose a été légitimée dans la foulée des interventions 'magiques' du psychiatre Milton Erickson [2], qui n'avait même pas à établir de transe pour suggérer des perceptions inconscientes dans l'esprit du patient. De nombreuses approches thérapeutiques découlent des innovations cliniques de Erickson, dont la Programmation Neuro-Linguistique (PNL) enseignée aux managers des grandes entreprises et aux commerciaux. Rien d'exotique dans tout ça.
Depuis quelques années, l'hypnose est même enseignée en Faculté de Médecine en France, et son efficacité est établie dans certaines situations. Dans le domaine de l'arrêt du tabac, c'est une des méthodes les plus anciennes, plus ancienne même que l'usage des palliatifs nicotiniques. Elle est rapportée la méthode la plus efficace dans l'ouvrage de Schwartz et Molimard publié en 1989 [3].
L'hypnose est remarquablement efficace en tant qu'aide au sevrage : c'est suite à une séance d'hypnose à Londres que le fameux Allen Carr a su qu'il était enfin définitivement redevenu non-fumeur, révélation qu'il s'est efforcé de faire partager durant 20 ans ensuite. L'effet de l'hypnose reste de courte durée et ne protège pas toujours contre la rechute à moyen ou long terme : c'est sa limite. Mais couplée avec une formation à l'abstinence et à une motivation ad hoc, elle est une véritable contribution pour les fumeurs souhaitant arrêter de fumer. L'hypnose est une alternative à l'usage de la volonté, que l'on sait inefficace [4].
Il existe en France des intervenants médecins et d'autres sans formation médicale [5]: peu importe, la technique fonctionne. Le cadre médical est à préférer dans le cas de complications ou de comorbidités évidemment.
Références
- Luc Dieu, HypnoseBlogMontreal
- Wikipedia : Histoire de l'hypnose
- Molimard & Schwartz ; Le traitement de la dépendance tabagique - L'arrêt Du Tabac En 1989 - Évaluation Des Méthodes ; Inserm - La Documentation Française, 1989.
Ce livre n'a pas perdu de son intérêt, les progrès thérapeutiques depuis 20 ans ne nous semblant pas déterminants... - R. Molimard, Arrêter de fumer (et du même auteur : La Fume, Sides, 2004)
- C'est notre cas, comme d'autres à Paris et en Régions. Les formations à l'hypnothérapie sont le plus souvent réalisées en dehors du cadre académique des Universités en France, qui sont restées ancrées dans la tradition freudienne.
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