Il y a toujours eu un besoin irrépressible de recourir à des moyens d’échapper à l’ordinaire et à la souffrance. Ce n’est pas à plus de sens que l’on demande de soulager la souffrance, mais à un afflux de sensations. La sensation abolit l’émotion et l’émotion abolit l’affect. Le psychique est ramené au registre de l’organique.
La réalité qui se définit par l’obstacle fait retour sous les figures de la mort. L’imaginaire se réduit à des fantasmes suggérés, subis passivement. L’addict, devancé dans la production de ses propres désirs, s’obstine dans la répétition à la recherche de l’oubli et de la jouissance.
Il en est de même du pervers qui cherche en vain la puissance et la jouissance dans la répétition. Ces conduites compulsives et obsédantes témoignent d’un insupportable manque et de l’illusion de pouvoir devenir le maître de la jouissance alors qu’elle est toujours ratée.
Ce sont sans doute les déficiences symboliques des sociétés qui engendrent les maladies du manque.
Ce bel article de Jacqueline Barus-Michel [1] dont nous vous offrons le résumé nous rappelle l'origine de l'addiction au tabagisme : la recherche d'un plaisir susceptible de compenser le mal-être.
Lorsque ce plaisir fugace se transforme en souffrance au quotidien, celle-ci n'est pas physique au sens propre : le tabagisme ne fait pas mal. Le tabagisme sans fin finit par développer les maladies cardiaques, respiratoires, glycémiques, psychiatriques, etc. : la politique actuelle consistant à coller un emplâtre sur une jambe de bois, à tenter de soigner les conséquences (cf. la dépendance physique) au lieu de prendre en compte l'origine psychique de la dépendance, est un pis-aller.
Cet article nous rappelle les similitudes de l'addiction au tabagisme - légalement tolérée dans le corps social comme l'addiction au travail ou à l'entraînement physique - avec les addictions pathologiques comme la toxicomanie, l'usage d'autres produits stimulants, calmants, narcotiques, stupéfiants, etc.
Il serait judicieux de traiter individuellement les causes de la souffrance et non les seules conséquences comme s'y acharnent certains tabacocologues borgnes pour qui la psychologie relève du tabou [2].
Référence
- Jacqueline Barus-Michel; Une jouissance trop promise; Psychotropes Vol. 14 2008/2; Revue internationale des toxicomanies et des addictions ; De Boeck Université.
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