Un combat d'arrière garde de l'industrie de l'anti-fumeurs
Dans leur communiqué conjoint publié le 28 janvier, les associations sans but lucratif Société française de tabacologie et Alliance contre le tabac affirment que l'aide des substituts nicotiniques pour arrêter le tabac est prouvée scientifiquement [1]. Les deux associations mettent en question l'impartialité des chercheurs vis à vis des industriels du tabac et dénoncent "la suggestion d'inefficacité" des pharmacothérapies pour arrêter de fumer publiée dans une étude de l'INSERM reprise dans le journal Le Monde daté du 23 janvier [2, 3].
L'utilisation de substituts nicotiniques à doses fixes augmente d'environ 60% le taux de réussite du sevrage, selon le communiqué, reprenant des chiffres publiés dans la dernière revue de la librairie Cochrane, organisme international indépendant. Les associations s'appuient sur ces chiffres, provenant de plus de 100 études internationales concernant 40.000 fumeurs suivis entre six et douze mois.
Le communiqué s'appuie également sur des recommandations de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), selon lesquelles les substituts nicotiniques "sont recommandés dans l'aide à l'arrêt du tabac chez les patients dépendants".
"Nous réagissons à l'étude dirigée par Jean Pol Tassin, chercheur à l'Inserm, selon laquelle la nicotine seule n'est pas responsable de la dépendance au tabac, publiée dans le journal Le Monde", déclare Clémence Cagnat-Lardeau, coordinatrice d'Alliance contre le tabac, contactée par Relaxnews. "Il découle de cette étude que les substituts nicotiniques actuels sont inefficaces, or c'est faux. Notre but n'est pas de viser ce chercheur mais de démontrer l'efficacité scientifique des traitements pour arrêter le tabac ", a-t-elle déclaré à Relaxnews.
Les découvertes dérangeantes du Pr Jean-Pol Tassin
Selon les travaux publiés par Jean-Pol Tassin, la nicotine ne suffit pas à créer la dépendance.
"Contrairement aux psychostimulants (amphétamine ou cocaïne) et aux opiacés (morphine ou héroïne) l’injection de nicotine n’entraîne pas de réponse locomotrice chez la souris, quelle que soit la dose.
"L’administration de nicotine chez l’animal ne produit pas les effets prédits par le modèle courant de l’addiction.
"Pour que la nicotine produise effectivement l’addiction, il faut lui associer soit des inhibiteurs de la monoamine-oxydase, soit des produits qui ont la même action."
Les conclusions des travaux des chercheurs de l'Inserm coïncident avec les intérêts des industriels du tabac, selon Clémence Cagnat-Lardeau, qui trouve cela "suspect".
"Nous avons les preuves que certains accords ont été faits entre des chercheurs et des industriels du tabac par le passé. Serait-ce encore le cas cette fois-ci ?", s'interroge-t-elle.
Références
- CommentCaMarche, mercredi 28 janvier 2009,
L'inefficacité des substituts nicotiniques démentie - INSERM, communiqué de presse 23/01/09
Sevrage tabagique : quelle efficacité pour les substituts nicotiniques ? - unairneuf.org Tabagisme : pourquoi le patch échoue souvent (Le Monde)
A lire sur le même sujet
- Sevrage tabagique : quelle efficacité pour les substituts nicotiniques ? (UnAirNeuf.org)
- Tabagisme : la nicotine n’est pas seule responsable de notre dépendance (Destination Santé)
- Sevrage tabagique : controverse autour des substituts nicotiniques (Doctissimo)
Ce que nous en pensons...
- D'un côté la science, de l'autre la religion, le contrôle social et la morale.
En mai 2006, l'équipe de Jean-Pol Tassin (INSERM et Collège de France) publiait sa découverte du découplage de neuromodulateurs à l'origine des addictions aux opiacés et à l'amphétamine. Personne ne l'a accusée à l'époque d'être financée par les réseaux mafieux. Sa recherche cherchant une base théorique pour de nouveaux traitements efficaces contre le tabagisme ferait-elle de l'ombre à quelques intérêts particuliers ?
- Une poursuite en diffamation pour suspicion de collusion avec l'industrie du tabac pourrait aboutir favorablement.
- Les talibantitabacs et autres taba-coco-logues colleurs de patchs sont extrêmement gênés par des travaux scientifiques invalidant toute une construction charlatanesque montée depuis des années dans des contextes expérimentaux tous biaisés. Car dans la vraie vie personne ne met de faux patch sans nicotine : augmenter les chances de succès de 60 % par rapport à un faux patch n'a aucune signification. Dans la vraie vie, les traitements 'recommandés' par les experts en blouse blanche ne marchent pas, tout le monde est d'accord là-dessus, malgré leurs cris de vierges pures intouchables.
- Des organisations soutenues par Gros Pharma suspectent le financement par Gros Tabac des études mettant en évidence leurs allégations mensongères : cela manque pour le moins d'élégance ; mais ne manque pas de sel ni de poivre... Atchoum ! À votre santé !
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