La logique de la pharmacine* sera la peau de chagrin du médecin généraliste, inexorablement formé à piocher dans la mallette de la seule pharmacie, incité à la prescription de médicaments et dépossédé de la partie de son art consistant à organiser le traitement d'un patient dans sa globalité humaine et à assurer un service global.
À l'occasion de l´examen parlementaire du projet de loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires (HPST), les pharmaciens souhaitent pousser leur avantage et inscrire dans la loi de nouvelles missions. L'amendement n° 590 au projet HPST stipule ainsi que les pharmaciens d´officine :
- « contribuent aux soins de premier recours ;
- participent à la coopération entre professionnels de santé;
- participent au service public de la permanence des soins ;
- concourent aux actions de veille et de protection sanitaire organisées par les autorités de santé ;
- peuvent collaborer à l´éducation thérapeutique et aux actions d´accompagnement de patients ;
- peuvent proposer des prestations destinées à favoriser l´amélioration ou le maintient de l´état de santé des personnes, notamment en contribuant à l´éducation pour la santé, en réalisant ou en participant à des actions de prévention ou de dépistage ».
Le diagnostic de la dépendance au tabagisme étant du niveau maternelle deuxième année ("vous fumez quotidiennement ?"), l'on devrait donc bientôt voir les pharmaciens se substituer au corps médical pour la prévention du tabac et la prise en charge complète d'une tentative de sevrage. Cette nouvelle initiative des pharmaciens va susciter une réaction de médecins naturellement campés dans la protection de leur prérogatives.
L'Union des syndicats de pharmaciens d´officine (Uspo) propose même, dans le cadre de l'amendement n°588, la définition dans la loi d´un « pharmacien traitant ». Concrètement, les pharmaciens suggèrent que les patients « en ayant besoin » puissent déclarer auprès des Agences régionales de santé (ARS) leur « pharmacien traitant », qui serait chargé d´effectuer « le suivi thérapeutique ».
« Il s´agirait pour ce dernier de vérifier, entre deux consultations médicales, si le patient prend bien son traitement, l´a bien compris ou encore n´a pas d´effets secondaires, et d´en avertir le médecin traitant »,
commente Gilles Bonnefond, président délégué de l´Uspo. Cette mission serait formalisée par le biais d´un protocole validé par la Haute autorité de santé (HAS) : « Si le médecin est indisponible et en cas de résultats d´analyses mauvais, le protocole déterminerait la façon dont le pharmacien pourrait adapter cette posologie ». Elle concernerait particulièrement les patients chroniques, la rechute au tabagisme pouvant bien sûr entrer dans cette catégorie de troubles.
L´amendement prévoit ainsi d´insérer, après l´article 14 du projet de loi HPST, l´article suivant :
« Dans le cadre des coopérations entre professionnels de santé prévues aux articles L. 4011-1 à L. 4011-3, un pharmacien d´officine désigné par le patient peut assurer auprès de lui le rôle de pharmacien traitant. À ce titre, il effectue un suivi thérapeutique et peut notamment, après information du médecin, renouveler périodiquement des traitements médicamenteux chroniques, ajuster, au besoin, leur posologie, et effectuer des bilans de médications destinés à en optimiser les effets. »
* Pharmacine : cf. SCANDALE : le testament de M. Allen Carr. Mot-valise 'pharmacie + médecine' : complexe
médico-pharmaceutique, la médecine étant devenue économiquement
dépendante de la pharmacie et obéissant de façon consciente ou
inconsciente à ses intérêts industriels au détriment de l'intérêt des
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