La part de marché du médicament bupropion (marque Zyban° de GSK) a été divisée par 10 en cinq ans : elle ne représente plus que 1,4 % des mois de traitement pour le tabagisme en 2008 pour 13,5 % en 2003 [1]. Maintenant génériqué le produit n'est plus promu par son fabricant historique : paix à ses cendres ! La varénicline introduite en février 2007 a pris la relève dans le créneau des médicaments psychoactifs. Ainsi cette publicité à l’humour discutable fait maintenant vraiment hors d'âge :
Il est quand même bizarre qu'un produit prétendu efficace voit ses ventes chuter si régulièrement au fil des ans alors que la demande potentielle est restée inentamée pendant le même temps :
(ventes en équivalent mois de traitement)
Il est intriguant de constater que les ventes de varénicline (spécialité Champix°) subissent aussi une baisse (- 7 %) dès la première année pleine de commercialisation [1, 2]. Rentabiliser un médicament d'aide au sevrage tabagique dans la courte période où l'inventeur en possède le brevet exclusif s'avère de plus en plus incertain, malgré le colossal marché mondial. Le résultat économique est rapidement en chute libre dès que la mode a passé.
Les formes orales de nicotine tirent leur épingle du jeu chez les commerçants français de médicaments : peut-être parce qu'il s'agit de palliatifs non associés à une décision d'arrêt. Elles représentent environ la moitié des ventes [3].
Ainsi la pharmacie est en train inexorablement de récupérer le chiffre d’affaires des marchands de nicotine à l'enseigne de Bar-Tabac. Que l'on se rassure : il faudra toujours quelques cigarettes pour induire la dépendance. Big Pharma aura toujours besoin de Big Tobacco pour initier le jeune fumeur et le rendre accro. Mais grâce à un bon marketing, la transition vers la consommation de nicotine pharmaceutique se fera de plus en plus tôt.
L'intérêt de ces industriels n'est certes pas l'affranchissement de la dépendance : ce n'est pas d'eux que peut venir la solution qu'attendent les fumeurs pour s'en sortir...
Plus longtemps cela durera, mieux ce sera pour leur chiffre d'affaires ; mais pas pour votre portefeuille...
Références
- Source : tableau de bord OFDT, bilan 2008,
en équivalent "nombre de patients traités"
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