Les palliatifs de nicotine ne sont pas une aide mais un piège. Voici pourquoi : ils soulagent initialement les envies de fumer. On espère que la nicotine fera disparaître les envies redoutées, ce qui n'est évidemment pas possible durablement.
Alors on s'accroche par un effort de volonté, et c'est cette effort de volonté, couplé à une intense frustration, qui induit la rechute.
Cette volonté est aveugle. On pense pouvoir passer en force : certains y parviennent, en général au prix de diverses compensations sanctionnées par une inflexion significative sur le pèse-personne.
Car il est exigeant de se battre contre soi-même, cela peut être déstabilisant même. C'est le plus souvent inutile car les envies de fumer relèvent d'automatismes ancrés dans notre mémoire et la volonté ne peut prendre le pouvoir sur ces automatismes. Ce qu'il convient de faire c'est d'en comprendre la nature et la permanence pour ne pas chercher à lutter contre.
La guerre contre la dépendance est une illusion, on ne guérit pas d'une addiction : on apprend et réapprend à vivre avec. Même si l'on ne fume plus, la dépendance reste et rien ne pourra l'effacer. Fumer n'est pas comme une maladie. On n'oublie pas son premier amour, il en sera de même avec la cigarette.
Les rechutes peuvent intervenir des décennies après avoir éteint son dernier clope. Il n'y a pas d'autre solution pour s'affranchir de la dépendance que de couper totalement, totalement, l'approvisionnement en produit qui active ou stimule la dépendance. C'est la raison pour laquelle nous préconisons l'arrêt franc, sans aide médicamenteuse de confort pour réduire les envies, avec si besoin un accompagnement psycho-cognitif. Entretenir l'approvisionnement en nicotine ne fait que prolonger la durée du sevrage, sans augmenter la probabilité de succès.
Laisser passer une envie est quelque chose que chaque fumeur a appris à faire, sans se sentir menacé. Lors de l'arrêt, il suffit d'agir de même de façon systématique. Il y a des astuces évidemment qui facilitent la répétition du geste jusqu'à ce qu'il soit à son tour devenu automatique : recourir à des palliatifs n'en fait pas partie.
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