Jeudi 25 février dernier, un pharmacien d’officine a présenté la cigarette électronique au journal de 13 heures de France 2 comme une aide à l'arrêt du tabac au même titre que les médicaments.
L’association OFT (Office français du tabagisme), financée par des firmes pharmaceutiques à l'occasion, réagit en se fendant dans l'heure ou presque d'un communiqué pour protéger ses généreux soutiens [1, 2].
Pour l'association, la cigarette électronique n’est pas une méthode « validée » de l’arrêt du tabac. Soit, mais qui valide les aides à l'arrêt du tabac en France en 2010 ?
- L'Afssaps, financée par les firmes pharmaceutiques et de fait sous leur contrôle ;
- la HAS (Haute autorité de santé), dont les experts ont des liens d'intérêt avec les industriels du médicament ;
- l'OMS (Organisation mondiale de la santé) financée majoritairement (à 70 %) par des intérêts privés sert aussi de couverture.
Ces trois organisations sont sous le coup d'enquêtes diverses pour malversations récentes, notamment dans la gestion ruineuse - et scandaleuse - de la grippe H1N1.
Il est demandé que la vente des cigarettes électroniques soit interdite quand bien même les témoignages sont nombreux qu'elles constituent une alternative pour ceux qui ne sont pas arrivé à cesser de fumer, y compris avec les solutions « efficaces » (sic) promues par l'association.
Que ce ne soit pas l'intérêt des fumeurs n'a aucune espèce d'importance, ce qui est important c'est d'assurer le financement de l'OFT et les profits de ses bienfaiteurs intéressés.
Il convient de rappeler qu'un produit aidant à traiter une maladie est juridiquement défini comme un « médicament » : en France, le médicament est une notion juridique, qui n'a rien à voir avec la composition du produit ou du dispositif.
Il suffit alors :
- de déclarer que fumer est une maladie,
- que toute aide à l'arrêt du tabac est un "traitement",
pour que ce "traitement" soit de facto assimilé à un médicament.
- D'abord, logiquement cela ne tient pas ;
- Ensuite, fumer est un comportement, pas une maladie, quand bien même les marchands de produits chimiques tenteraient de nous le faire accroire ; il existe des fumeurs non dépendants ;
- Enfin, la façon la plus courante de cesser de fumer est l'arrêt franc, sans aide médicamenteuse ; plus de neuf arrêts durables sur dix se réalisent de cette façon [3].
On peut faire confiance aux puissants industriels du médicament - le chiffre d'affaire de Pfizer par exemple se compare au Produit Intérieur Brut de l'Irlande - pour veiller à ce que ne soient autorisés que leurs propres produits et « solutions ». Il en résulte une perte de chance pour les publics concernés, sans compter les dépenses imposées à la collectivité : il ne faut pas oublier que tous les médicaments subventionnés ou remboursés sont pris en charge par la fiscalité...
La cigarette électronique ne sera jamais un dispositif médical. Que les médecins s'occupent des dispositifs médicaux et laissent les autres acteurs décider du reste.
Surtout quand on est aussi médiocre... Ce que l'OFT tente d'imposer c'est le protocole de validation des molécules chimiques. Il existe d'autres moyens rigoureux pour évaluer l'impact d'un dispositif : dans un monde perfusé par internet les témoignages des utilisateurs fournissent des garanties autrement plus solides et indépendantes que les avis d'experts cooptés dont la carrière est dépendante du bon vouloir de ceux qui ont les moyens de financer leurs budgets de recherches et publications [4].
Il est exact qu'aucune étude rigoureuse n'a montré que la cigarette électronique est une aide sûre et efficace de cessation du tabagisme : des études cliniques et des analyses de toxicité doivent être menées selon les bonnes pratiques en vigueur. Mais il nous semble un peu facile d'inverser la charge de la preuve : il n'existe aucun signalement que l'usage de ce produit ait eu des conséquences fâcheuses pour la santé, ni des utilisateurs, ni de leur entourage.
Le communiqué poursuit :
L’OFT demande à ce que les cigarettes électroniques soient considérées soit comme des produits du tabac et donc commercialisées chez les buralistes avec la fiscalité du tabac, soit comme des médicaments et fassent alors l’objet du minimum d’études préalables.
Cette requête est hautement intéressante : il y a d'un côté la nicotine labélisée pharmaceutique, qui ne doit pas être soumise aux droits d'accise et de l'autre la nicotine « non pharmaceutique » (chimiquement identique !) qui devrait être taxée à 80 %...
Le cas échéant, nous posons la question : qui empocherait la différence ? Qui bénéficierait de cette différence de traitement ? Les laboratoires pharmaceutiques s'emploient à capter la manne des taxes sur le tabac : il serait temps que notre Ministre du Budget réalise que si c'est l'intérêt des actionnaires de Wall Street et d'ailleurs, ce siphonnage insidieux de revenus n'est pas - pas du tout - l'intérêt de la collectivité.
Références
- OFT, 25/02/10, Communiqué de presse (pdf) :
La cigarette électronique n’est pas une méthode validée de l’arrêt du tabac !
- Ecouter par exemple cet interview de Joseph Osman, directeur de l'OFT, faisant la promotion de médicaments de prescription
- De l’efficacité - très - relative des aides au sevrage tabagique
- Voir à ce sujet les propositions de médecine 2.O du Dr Dupagne, éditeur du site Atoute.org. La communauté de ses forums résiste aux manipulations et fait preuve d'une grande intelligence collective.