Voici quelques extraits de l'histoire d’un garçon de 16 ans pour qui le conseil minimal prodigué par le médecin traitant Dr Thierry Van der Schueren a été l’élément déclencheur d’un arrêt franc [1].
Un changement spontané
Le jeune Kevin vient à la consultation accompagné de sa mère. C’est seulement la seconde fois que je le rencontre. Kevin consulte parce qu’il est gêné par une infection respiratoire. Bien que ne présentant pas de fièvre, sa mère m’explique qu’il tousse jour et nuit, embête toute la famille et n’est vraiment pas en forme.
L’anamnèse [2] systématique et directe de Kevin révèle une toux productive avec des expectorations purulentes abondantes depuis quatre jours. Il se sent accablé et pas en forme. Cette anamnèse m’amène aussi à lui poser la question de son statut tabagique. « Oui Docteur, je fume une dizaine de cigarettes tous les jours, un peu plus le week-end. ».
Tout en poursuivant l’examen ORL de Kevin, je lui explique, avec humour, que nous allons nous revoir très fréquemment à présent grâce à cette mauvaise habitude. Les infections respiratoires seront plus fréquentes et plus persistantes qu’auparavant, puis après quelques années nous nous rencontrerons encore plus souvent à cause des effets sur son système respiratoire, cardio-vasculaire et reproducteur !
J’ajoute immédiatement que le jour où il aura envie d’arrêter de fumer, il doit le faire. Si à ce moment, il rencontre des difficultés, je serai là pour l’aider à y parvenir.
Je termine alors par l’auscultation pulmonaire qui confirmera le diagnostic de bronchite aiguë.
Sept mois plus tard, je revois Kevin pour une entorse légère de la cheville, survenue à l’école dans le cadre du cours d’éducation physique. C’est alors que je rebondis avec la question de son tabagisme. « Et la cigarette, Kevin, où en es-tu ? Déjà envisagé de stopper ? »
Grosse surprise pour moi quand Kevin me répond alors : « Docteur, quinze jours après notre dernière discussion, j’ai arrêté tout net de fumer ! » Je saute de joie et le félicite pour sa décision. J’en profite pour l’encourager dans cette voie qui symbolise, aussi un peu, la prise en main de sa vie.
Une efficacité aussi rapide du conseil minimal est rare mais pas exceptionnelle.
De fait, diverses études nous l’ont confirmé, le conseil minimal permet, à lui seul,
2 % d’arrêt tabagique spontané chaque année.
Références
- Un changement spontané (pdf)
Dr Thierry Van der Schueren (SSMG Belgique)
La Revue de la Médecine Générale n°272 • avril 2010, p. 183
avec son aimable autorisation
- anamnèse = histoire de la maladie retraçant les antécédents médicaux et l'historique de la plainte actuelle du patient.
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