Article précédent : Vivre Sans Nicotine
Avec son aimable autorisation, nous vous offrons quelques extraits de l'ouvrage Vivre Sans Nicotine de Christine Engelbrecht, publié en allemand en 2001. Reproduction interdite sans autorisation.
Christine Engelbrecht rapporte comment la cigarette sans tabac lui a permis de s'affranchir du tabagisme.
Ce texte a une douce saveur vintage !
Au début de l’hiver 1998, il était devenu impossible, dans toute l'Allemagne, d'acheter la moindre cigarette NTB, ou même de les commander chez le fabricant français. Or, il n'y avait que peu de semaines écoulées depuis que j'avais abandonné la nicotine en faveur des cigarettes sans tabac. J'en avais encore un besoin assez pressant et je dû me décider dès lors de me livrer à une enquête.
Voilà ce qui s'était passé : l'administration fiscale avait été avertie que - prétendûment - des cigarettes sans bandelette fiscale se trouvaient en circulation dans le pays. Une procédure judiciaire fut introduite ; on saisissait toutes les cigarettes sans tabac et en interdisait la distribution à partir de l'entrepôt allemand, en attendant que le litige soit réglé. Des scellés furent apposés au dépôt.
Imaginez donc : en pleine période de désintoxication, je ne pouvais tout d'un coup plus trouver une seule cigarette sans tabac ! Aujourd'hui, je n'en ai plus besoin, je ne fume, parfois, que par amusement et tout au plus une cigarette par mois. Mais à ce moment-là, je n'avais pas encore atteint ce stade. Cependant, ce malheureux concours de circonstances me fit entrevoir une autre possibilité.
Fidèle à l'adage « On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même », j'achetais un petit enrouleur, des filtres et du papier et je suis partie rendre visite à une herboristerie dans le quartier d'Altona. J'y appris qu'il existe un nombre incroyable d'herbes soignant un nombre incroyable de maladies. Je commençai donc à concocter pour mon usage personnel un mélange dont l'arôme était, au fond, bien plus agréable à mon goût que celui des cigarettes toutes faites.
Par la suite, j'ai abandonné cette pratique, parce que j'étais top paresseuse pour fabriquer moi-même les rares cigarettes que je fumais encore. Et d'ailleurs, tant de temps s'était passé depuis ma dernière cigarette sans tabac, que je ne savais finalement plus où j'avais fourré mon petit enrouleur ni si j'avais encore du papier à cigarettes. Dommage au fond, car, comme je l'ai dit, mes mixtures personnelles étaient vraiment excellentes. Et comme les herbes ne coûtent presque rien et que le prix d'un petit enrouleur n'est que de quelques marks, c'est au fond une alternative bien moins chère et plus créative par dessus le marché. Mais pour qui veut éviter la complication, il y a toujours la pharmacie. Vous trouvez aujourd'hui les cigarettes NTB chez n'importe quel pharmacien.
[NDLR : depuis, la vente des cigarettes sans nicotine a été interdite en officine en France. On les trouve dans les bureaux de tabac.]
Ce que je trouve scandaleux, c'est que nos députés du gouvernement allemand lèvent un impôt sur les cigarettes sans tabac et en augmentent ainsi lourdement le prix, au lieu de les subventionner comme un moyen efficace pour combattre la toxicomanie due au tabac. Il est incompréhensible comment un produit ne contenant aucune trace de tabac est soumis à un impôt sur le tabac. Pourquoi ne pas taxer le thé à la menthe comme denrée de luxe ? Qui se cache donc derrière les instigateurs d'un décret pareil ? Probablement ceux qui en profitent le plus. Ce sont en l'occurrence, les industriels du tabac et bien entendu les trésoriers de l'État même, qui engrangent des sommes énormes par l'imposition de cette industrie.
Encore quelques conseils au sujet des cigarettes sans tabac
Elles ont le même aspect que les cigarettes normales. Elles ne contiennent pas de tabac, mais un mélange d'herbes des champs, des prés, des forets, de l'eucalyptus, de la menthe, des feuilles de noyer et autres. Elles ont un arôme prononcé et, l'eucalyptus surtout, une odeur très proche de celle de la marijuana. Cela peut malheureusement mener à des confusions. Il est possible qu'en lieu public un amateur de haschich vous approche, parce qu'il aimerait bien essayer une bouffée de votre mixture. D'autres commencent à chuchoter entre eux ou lancent ouvertement des regards ou des commentaires désobligeants, parce qu'ils se croient en présence d'un fumeur de haschich décadent en plein restaurant. Il ne faudra pas se laisser impressionner par de tels agissements. Bientôt les cigarettes sans tabac seront mieux connues. Et par ailleurs, puisqu'on ne se trouve plus en état de manque, on peut très bien se passer d'une cigarette si cela dérange d'autres personnes. Qu'importe si le vol transatlantique dure huit ou neuf heures - il pourrait tout aussi bien durer quatre-vingt heures : il n'y aura pas de problème particulier pour celui qui fume sans tabac.
Je mentionnerai encore ceci, en ce qui concerne la confection personnelle de telles cigarettes : le pas-d'âne (tussilage) séché s'y prête fort bien. Il n'a pas un arôme particulier, mais il est d'une consistance tendre et souple et se laisse facilement rouler. Il en est différemment pour l'eucalyptus. Il a une odeur très agréable, mais les feuilles hachées sont tellement dures que, prises seules, il est impossible de les rouler. La menthe est moyennement tendre. Elle laisse dans la bouche ce goût frais que j'apprécie personnellement beaucoup. Ce sont les composants les plus habituels d'un mélange à fumer. Mais je conseille d'ajouter encore d'autres herbes. Plus il y en a, plus c'est réussi. Il n'y a pas de limites à l'imagination.L'usage de la machine à enrouler qui n'est pas vraiment une machine, mais un très simple appareil à opérer manuellement, peut d'abord paraître un peu difficile. Il faut un peu d'entraînement pour obtenir de belles cigarettes bien rondes. Mais, après tout, on peut très bien aussi fumer des cigarettes un peu artisanales. Ce qui est important, c'est d'y incorporer un filtre pour ne pas inhaler un excès de résidus de combustion. D'ailleurs, le goût d'une cigarette sans tabac sans filtre est d'habitude trop prononcé.
Il importe aussi que vous conserviez votre mixture personnelle dans une boite hermétiquement fermée pour que les herbes ne dessèchent pas trop. Car plus les herbes sont sèches, plus il est difficile de les enrouler. Si le mélange est déjà trop sec, on peut, pendant une nuit, y ajouter une petite pelure de pomme. Les herbes seront alors également plus humides le lendemain. Mais il ne faut pas y laisser la pelure trop longtemps, parce que les herbes trop humides ont tendance à moisir.
Vivre Sans Nicotine - © Christine Engelbrecht, Hambourg, le 31 décembre 2000Publié avec l'accord de l'auteure, reproduction interdite sans autorisation.
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