L'Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) établit le tableau de bord des ventes des différents produits pharmaceutiques d'aide au sevrage tabagique depuis 2004. La dernière liste qui servait à calculer les ventes datant de février 2007 omettait de prendre en compte les présentations commerciales apparues depuis : au fil des ans, la sous-estimation des ventes en officine de ces produits pharmaceutiques s’est accrue.
Sur la base de ces statistiques OFDT inexactes, Unairneuf.org a fait faussement état d'une importante baisse de l'achat de ces produits [1, 2, 3]. Les ventes en France ont été rétroactivement recalculées en avril 2010 : globalement les ventes de boites en pharmacie enregistrent une très légère augmentation en 2009 par rapport à 2008 : 1 930 655 « mois de traitement » contre 1 903 295 en 2008, soit 1,4 % de plus.
Voici une synthèse des statistiques corrigées par l'OFDT (en mois-équivalent) :
Croissance continue des formes orales
La croissance des formes orales - gommes, pastilles et inhaleurs à la nicotine - s'explique plus sûrement par un rallongement de leur durée de consommation que par une augmentation du nombre de tentatives d'arrêt.
Ces présentations - au demeurant très rentables pour les pharmaciens - n'imposent pas la cessation complète du tabagisme et servent durablement de remplacement de la cigarette, sans objectif de sevrage. Le caractère de médicament (= qui soigne) de ces produits se pose, autant que pour les cigarettes électroniques. Les gommes présentent en outre un risque de dépendance intrinsèque et donc de consommation pendant des années [4, 5].
Baisse relative de l'usage des patchs
L'usage des timbres est plus exigeant : on se fixe une date d'arrêt puis remplace la nicotine de la fumée de cigarette par celle du patch en espérant - faussement - que les envies de fumer vont disparaître.
Selon une étude américaine, la durée moyenne d'usage des timbres plafonne à 21 jours, chiffre à comparer aux 8 semaines (minimum) recommandées par les professionnels de santé suite aux tests cliniques réalisés par les laboratoires : ceci traduit la déception des fumeurs, que l'on y reprendra plus...
La mode Champix® a passé
Il a été estimé, à partir du nombre de boîtes d’initiation de traitement vendues, que 793 242 fumeurs ont été traités à la varénicline [6].
Champix connaît une certaine désaffection : ses ventes par rapport à 2008 ont encore diminué de 30,3 % en 2009 et sa part relative passe de 20,6 % à 14,2 % (en mois de traitement).
Le coût élevé du produit et les effets secondaires de la varénicline ont pu avoir un impact important : le taux d'effets psychiatriques graves notifiés en France suite à l'usage de Champix du 12/02/2007 au 31/08/2009 est de 2,2/10 000 et le taux de notification des suicides de 0,15/10 000.
Références
- Les patchs ont perdu le match
- Toujours polémique après quatre ans : Unairneuf.org publie son 658e article
- La vente des patchs de nicotine en chute libre
- La chanteuse Jessica Simpson révèle son addiction aux chewing-gums à la nicotine
- Je ne fume plus mais je mâche !
- De la mise sur le marché en février 2007 à août 2009. Commission nationale de pharmacovigilance, réunion du 24 novembre 2009 (pdf)
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