« Les seuls bons Indiens que j'ai vus étaient des Indiens morts » aurait dit le général états-unien Philip Sheridan en 1868 [1]. Dans un irrésistible élan de tolérance, on nous rejoue l'histoire avec les fumeurs. L'élimination du tabagisme étant tenu en échec, chassons les fumeurs !
Tabagisme primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire...
Initialement 'tabagisme' désigne la pathologie médicale due à l'abus de consommation de tabac. Il a été affirmé qu'il n'y avait pas de seuil en dessous duquel fumer n'était pas dangereux. Le tabagisme, quel que soit son intensité, est un risque pour la santé. Bon, les fumeurs comme les non-fumeurs sont prêts à accepter cela, même si cela dépend des gens et de nombreux autres facteurs (stress, pollution, pénibilité de la vie, etc.).
Cela n'a pas suffi à enrayer le tabagisme...
Cela n'a pas suffi à enrayer le tabagisme...
La grande trouvaille a été de montrer que fumer était aussi dangereux pour les non-fumeurs : ce fut l'invention marketing du XXe siècle (initialement par les médecins nazis soucieux de race pure). Le tabagisme 'passif' était né. En anglais 'secondhand smoking', la fumée de seconde main (et à l'occasion).
Cette invention aura permis aux zélés responsables de la santé publique de justifier l'interdiction du tabagisme dans les lieux publics clos. Sans incidence sur la proportion de fumeurs dans la population, fermement scotchée à 30 % en France. Et il se vend plus de cigarettes aujourd'hui en France, en Italie et en Irlande qu'avant les bans du tabagisme en public.
Cela n'aura pas suffi à enrayer le tabagisme...
On en était là en janvier 2007. What next ? Après le tabagisme secondaire, on va inventer le tabagisme tertiaire : 'thirdhand smoke'. L'occasionnel de l'occasionel, histoire d'en remettre une couche pour stigmatiser les papas et les mamans.
Cela concerne nos chérubins censés courir un risque en étant en contact avec les cheveux de leur maman fumeuse ou trainant sur le canapé d'un salon devant la télé. Certains nomment ce tabagisme là 'résiduel'. Les résidus nocifs de particules de fumée de tabac restant après aération de la pièce sont susceptibles d'être remises en circulation.
Leur nocivité commence à être difficile à montrer. Oh, on peut effectivement en mesurer dans l'air brassé violemment d'une pièce ayant été enfumée : il reste à mesurer l'effet que cela peut avoir, et à le comparer éventuellement avec d'autres sources de pollution ambiante, comme les gaz d'échappement des voitures. Car on ne saurait interdire la circulation automobile en ville au motif qu'elle dégage des particules nocives pour les poumons de nos bambins urbains évidemment...
Cela n'aura pas suffi à enrayer le tabagisme...
Un pas de plus vers le suprêmement éthéré a été annoncé : le risque de tabagisme quaternaire. Le tabagisme de l'ère moderne, susceptible de justifier l'éradication des fumeurs des lieux de travail. Le philosophe Jean-Pierre Hamel nous en a décrit la génèse avec son humour acidulé à tous les degrés [2].
Un cancer pour deux
- Bonjour monsieur le Chef de Service.
- Bonjour monsieur Pulmol. Vous avez demandé à me voir ?
- Oui, monsieur le Chef de Service. C’est rapport à mademoiselle Smoky. Vous savez, ma collègue de bureau.
- Oui. Et alors ?
- Eh bien voilà, monsieur le Chef de Service. Je voudrais changer de bureau pour ne plus être avec mademoiselle Smoky.
- Ah bon ? Quelque chose ne va pas ? Vous vous êtes disputé avec elle ?
- Non.
- Il y a quelque chose qui vous choque peut-être ? Dites moi, ce ne serait pas par hasard une question d’hygiène ?
- Non, non, monsieur le Chef de Service
- Alors quoi ? Allez y, parlez, ça restera entre nous.
- Hé bien, voilà : mademoiselle Smoky est une grosse fumeuse vous savez…
- Oui, évidemment. Mais vous devez aussi savoir que le tabac est strictement interdit dans l’entreprise maintenant. Plus aucun fumeur ni dans les bureaux, ni aux toilettes, ni à la machine à café. Rien.
- Ce n’est pas cela, monsieur le Chef de Service. Voyez vous, le bureau est très petit, et il est mal ventilé. Nous restons enfermés tous les deux, huit heures par jour là-dedans. Forcément je finis par respirer le même air qu’elle : l’air que j’inspire est déjà passé par ses poumons. Il s’est chargé de la nicotine et des goudrons dont ils sont capitonnés : résultat c’est moi qui récupère tout ça à chaque fois que je respire. J’ai lu quelque part qu’en pareil cas, il y a tabagisme passif.Voyez-vous, monsieur le Chef de Service, moi je pense qu’il ne suffit pas d’interdire de fumer. Il faut aussi interdire les fumeurs.
Morale de l'histoire
L'effondrement complet des prestations d'aide à l'arrêt du tabac dans les entreprises (lien d'intérêt : nous en avons été un des acteurs en France), laisse penser que les Directions des Ressources Humaines considèrent que le tabagisme au travail n'est plus un problème. Les fumeurs sortent pour fumer, point barre.
Le concept de tabagisme 'quaternaire', ultime lubie potentielle de zélateurs la lutte mondiale anti-tabac, a de bonnes chances de les laisser insensibles. D'autant que si l'on interdit aux fumeurs de travailler et puis bientôt aux personnes en surpoids ou à toutes celles et tous ceux chroniquement drogués aux antidépresseurs, il ne restera plus grand monde pour faire un boulot débilitant.
Références
- Article George Armstrong Custer sur Wikipedia
- Jean-Pierre Hamel, Citation du 1er février 2007
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Le titre de l'article est fort quand même.
Rédigé par : Plombier Colomiers | 07/08/2010 à 12:08