Pourquoi existe t-il si peu d’associations ou clubs de fumeurs pouvant les assister à cesser le tabagisme, à l'instar de ce qui est courant pour l'alcool (AA) ? Cela est surprenant, en France comme ailleurs.
L’article de Unairneuf.org Neuf recommandations de rupture pour 2009 daté du 12 décembre 2008 proposait alors de :
3 - Développer les prestations de service à la personne pour réapprendre la vie sociale sans cigarette ;
à cette fin cesser d'exclure, comme actuellement, les dynamiques organismes s'exonérant de recommandations relevant de corporatisme médical et de pharmacollusion, à l'origine d'une inefficacité établie et reconnue.
Paix aux âmes bénévoles
Nous allons montrer pourquoi les initiatives bénévoles pour aider à l'arrêt ont été passées à la trappe pour protéger le petit business des professionnels de santé en blouse blanche. Nous prendrons pour exemple la Ligue Vie et Santé [1] et l'Association Confiance [2].
1 - Ligue Vie et Santé
D'origine protestante, l'association loi 1901 Ligue Vie et Santé travaille depuis plus de 40 ans dans différents domaines touchant au bien-être et à la santé. Son offre pour le tabagisme se nomme Plan de 5 jours : c'est la seule méthode cognitivo-comportementale qui ait été évaluée scientifiquement en France.
Le Plan de 5 jours aide à se libérer de la dépendance en cinq séances de deux heures, en groupe et sans aucun médicament ni autres adjuvants : des dizaines de milliers de fumeurs en ont bénéficié. Au programme : de l'eau en abondance, une alimentation riche en fruits et légumes et des exercices physiques, respiratoires et hydrothérapiques.
Quelque raison a mis un terme à ces programmes - quasiment gratuits et réputés - en France. Serait-ce le tsunami de l'interdiction du tabagisme au travail en 2007-2008, ou l'épuisement des bénévoles animant les sessions ?
2 - Association Confiance
Une autre approche associative ayant mis ses projets en sourdine est la méthode Confiance*, initiée par M. Joël Aubert à partir de sa propre expérience d'arrêt du tabac.
La méthode Confiance® c'est :
- Un régime de 3 jours à effectuer tranquillement chez soi
- Une méthode qui vous dit comment et en combien de temps vous pouvez arrêter de fumer
- Une méthode pour ceux qui croient qu'arrêter de fumer peut se faire sans l'aide de quiconque
- Pour ceux qui pensent qu'arrêter de fumer n'est peut-être pas le problème des médecins
La méthode Confiance a été créée pour permettre d'arrêter seul(e) parce que c'est la méthode qui fonctionne le mieux à long terme.
Joël Aubert nous a aimablement transmis le fascicule de la méthode : ce monsieur sait de quoi il parle. Au moins pour des fumeurs et fumeuses de moins de 40 ans et sans complications, cette approche semble valable. A vous de vous faire votre opinion et à adhérer, pour 10 € (!), à l'association : quasiment gratuit aussi, et pour sûr aucun coût pour la collectivité.
Sachant que le nombre de fumeurs n'a pas baissé et que la proportion de ceux qui souhaitent arrêter n'a pas varié, quelles sont les causes d'un tel effacement ?
Un mainmise de la corporation médicale
Nous voyons cinq raisons à la mainmise de la corporation médicale :
1 - l'arrêt du tabac ne saurait être délégué à des bénévoles
Le tabagisme est considéré comme une pandémie de grande ampleur et l'arrêt du tabac ne saurait être délégué à des bénévoles. C'est pourtant ce qui se passe, l'organisation la plus active dans l'arrêt du tabac étant l'association OFT [3], qui n'est contrôlée par personne et qui ne rend donc de comptes à personne. Nous l'avons déjà assez regretté. Le tabagisme n'intéresse pas les autorités de santé, ni la MILDT, bras armé de l'administration Sarkozy contre les drogues illicites [4].
2 - contenir le succès des alternatives non médicamenteuses
Il est probable que beaucoup de charlatans abusent de la crédulité de fumeurs prêts à tout pour s'affranchir de leur dépendance après avoir cru naïvement qu'il existe des "solutions médicamenteuses efficaces", comme celle de Pfizer [5]. "Consultez votre médecin" : cette incitation relève de la pure propagande pour ne pas dire de la publicité mensongère, et illégale en plus dès lors que le seul produit autorisé pour l'aide au sevrage tabagique vendu par Pfizer est un produit de prescription pour lesquels la promotion commerciale est interdite en France comme dans tous les pays francophones.
Garder le monopole des prestations sous l'égide de professionnels de santé est le moyen de contenir le succès des alternatives non médicamenteuses, dont la loi du marché laisse penser qu'elles sont globalement aussi efficaces (sinon elles auraient disparu du commerce). "Efficaces" est un bien grand mot, il ne faut pas - en pratique - en attendre plus d'un succès sur 10 tentatives, sauf peut-être (nous le pensons) la lecture d'un des remarquables best sellers de Allen Carr dont aucun tabacologue dûment formaté ne peut vous parler de façon légitime...
3 - maintenir le monopole des prestations dans le champ médical
Les autorités souhaitent maintenir le monopole des prestations dans le champ médical, via Tabac Info Service dont le n° d'appel est apposé sur les paquets de cigarette. Les médicaments y sont promus et les alternatives non médicales y sont systématiquement dénigrées : un 'blind test' auprès de Tabac Info Service vous en convaincrait rapidement [6]. Il est facile de faire payer la collectivité pour enrichir quelques professionnels tenus en bride serrée, notamment par les ordres professionnels et les "recommandations de bonne pratique"... médica-menteuse.
4 - la médecine n'est pas en mesure d'évaluer la Qualité de prestations de service
Sous l'impulsion du Ministère de la Santé, la priorité a été donnée au développement de consultations de tabacologie dans les hôpitaux publics, aux frais de la collectivité. Les autorités de santé verrouillent les prestations non médicales, notamment au motif que la médecine ne sait pas les évaluer suivant ses critères spécifiques, ce qui se comprend mais relève d'une ignorance dangereuse. La seule alternative non médicale officiellement évaluée est celle des thérapies comportementales et cognitives (TCC), mais nous mettons les autorités au défi de nous documenter scientifiquement leur efficacité sur des fumeurs sans comorbidité, ce qui est quand même l'immense majorité des cas [7].
La médecine est équipée pour évaluer des traitements (le malade étant passif) mais ne sait pas évaluer les prestations de nature psychologique où c'est le patient qui produit le service, cela ne relève pas de son champ de compétences, plutôt celui de la Qualité des prestations de service. Par conséquent affirmer que les alternatives médicales n'ont pas fait leurs preuves selon les paradigmes de la science médicale relève du plus pur biais corporatiste, et de l'ignorance des faits.
5 - la maladie, c’est du business !
Les prestations bénévoles font du tort aux professionnels de santé et, partant, aux industriels du médicament puisque les prescriptions se font via les médecins et sage-femmes. Il est partout clamé que “fumer est une maladie", ce dont tous les fumeurs doutent avec bon sens. Selon eux, fumer est un comportement à risque, comme rouler en moto ou s'empiffrer de hamburgers+coca-cola. Le client a toujours raison, on est bien dans un business hein ?
L'immense majorité des fumeurs est tenue à l'écart des possibilités d'aide
Il est un autre point généralement omis : les tests cliniques des produits des laboratoires pharmaceutiques se font sur des populations le plus souvent âgées et fortement dépendantes, parce que dans ce cas que la probabilité d'un effet favorable d'une substitution médicamenteuse est le plus probable. Pour les fumeurs jeunes ou occasionnels, et pourtant dépendants, il n'existe pas de solution médicamenteuse valable et validée sur le terrain.
Seuls les malades consultent les centres pour malades ; et les autres ? Les 'petits' fumeurs ? Beaucoup d'entre eux - les trois quarts disent les enquêtes - souhaitent arrêter la cigarette avant d'être atteint d'une pathologie due au tabagisme. Ils ne sont pas informés de solutions non médicales qui peuvent être positivement efficaces dans leur cas. Cette perte de chance est scandaleuse.
Le monde médical est un trou noir voulant tout aspirer et ne communiquant pas avec l'extérieur. Attention : plus on s'en approche, plus il est difficile de se soustraire à son aspiration. Certains en meurent !
Cette politique est malsaine, et en plus coûteuse pour tous, individuellement et collectivement. Certes il faut bien remplir les poches percées de l'Administration et des industriels amis, mais on pourrait quand même les mettre un peu au régime minceur quand il existe des offres de qualité qui ne coûtent rien ou presque.
* Confiance® est une marque déposée à l' INPI
Références
- Ligue Vie et Santé
Contact : Marc Klinkhamer (Nice)
(04) 93 84 20 97 / (09) 79 64 45 63 - Association Confiance
7, rue Robert Schumann 78300 POISSY
(09) 52 25 63 56
http://www.confiance.net/ - OFT
Office Français de Prévention du Tabagisme
Le chiffre d'affaires de sa filiale commerciale OFT Entreprise, société dirigée par Bertrand Dautzenberg, est de l'ordre de un million d'euros annuels. - Cf. Unairneuf.org Le plan de la MILDT d'ici 2011
- Knock ou le triomphe de la Pharmacie : parlez-en à votre médecin
- Cf. Unairneuf.org Perle médicale #16
- À l'exception précisément du Plan de 5 jours, qui revendique son affiliation aux thérapies comportementales et cognitives. Son efficacité à un an est évaluée à 30 %, ce qui est remarquable. Unairneuf.org reviendra prochainement sur ces 'thérapies', cache-misère esquivant soigneusement le nécessaire travail sur le sens de la démarche du fumeur parce que celui-ci n'est pas évaluable...
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Les salles de consommation à moindre risque ? Selon les estimations des associations de terrain, Paris compterait entre 500 et 1 500 usagers de drogue potentiellement concernés, un petit millier à Marseille. Politiquement incorrect !
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