Savoir laisser passer les inévitables envies de fumer est la clé d'un sevrage réussi et facile. Une nouvelle étude utilisant l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle [1] montre comment le cerveau est capable d'y parvenir.
Selon Hedy Kober, professeur-assistant de psychiatrie à la Yale School of Medicine [2],
« Les fumeurs peuvent effectivement contrôler leurs envies, il suffit de leur expliquer comment procéder. »
« Le cerveau est capable, convenablement sollicité, de mobiliser les régions cérébrales réduisant l'envie ».
Nous connaissons et faisons répéter aux fumeurs souhaitant arrêter - un geste mental permettant une mobilisation cérébrale neutralisant l'envie, d'abord de façon consciente puis, après apprentissage, de façon réflexe. D'autres techniques, comme l'ancrage, aboutissent à un résultat similaire : il est probable que c'est un procédé psychocognitif cognitif similaire (et astucieux) qu'Allen Carr a découvert et exploité dans sa 'méthode'.
Les avantages de ces approches sont nombreux :
- l'arrêt devient 'facile', quasiment sans somatisation du sevrage (même pour des fumeurs à score de dépendance élevé) ;
- les aides médicamenteuses deviennent sans objet, ce qui réduit les risques d'effets secondaires (et la dépense) ;
- la bascule dans le monde des non-fumeurs est réduite à quelques jours, au plus quelques semaines.
Leur handicap est qu'elles ne s'enseignent pas en Faculté de Médecine et que les tabacologues attitrés en font, par ignorance, un dénigrement systématique. Fumer est un comportement et non une maladie : les fumeurs malades sont très minoritaires. Le monopole institutionnel de la corporation médicale sur la prise en charge des fumeurs est à ce titre une perte de chance pour ces derniers.
Résumé de l'étude (extrait)
Malgré leur importance, les systèmes cérébraux permettant de faire face à une envie de fumer demeurent obscurs.
Nous avons étudié cette question en utilisant l'imagerie fonctionnelle pour examiner l'activité neuronale chez les fumeurs qui utilisent des stratégies cognitives pour contrôler envies de fumer et de manger.
Nous avons constaté que les capacités cognitives de gestion de l'envie sont associées à:
- une activité cérébrale dans des régions associées à la régulation de l'émotion et au contrôle cognitif en général, notamment les cortex prefrontaux dorsal, dorsolatéral et ventrolatéral et à,
- une diminution de l'activité dans les régions associées au besoin [craving], notamment le striatum ventral, le cortex subgenual (BA25), l'amygdale et l'aire tegmentale ventrale.
La diminution de l'envie est corrélée avec une diminution de l'activité du striatum ventral et une augmentation de l'activité du cortex préfrontal dorsolatéral, le striatum ventral assurant pleinement la médiation de la relation entre le cortex préfrontal latéral et l'envie concernée.
Ces résultats permettent de mieux comprendre les mécanismes qui permettent à des stratégies cognitives de contrôler efficacement l'envie, suggèrant que la dynamique neuronale est similaire à celle impliquée dans la régulation des autres émotions.
Ainsi cette étude fournit un outil méthodologique et un fondement conceptuel pour l'étude de cette capacité par les populations consommatrices et le développement de traitements plus efficaces pour les troubles de l'usage de substances.
Références
- Prefrontal–striatal pathway underlies cognitive regulation of craving
Hedy Kober & al., PNAS, 02.08.2010 (early online edition) - Our Brain Can Be Taught to Control Cravings, Yale Researcher Finds
Yale University, 02.08.2010
Il existe de très nombreuses astuces pour tenir bon dans les moments difficiles après avoir décidé d'arrêter de fumer. Et franchement, toutes sont bonnes à prendre car rien n'est plus dur que les premiers jours qui suivent la fin de sa dernière cigarette.
Rédigé par : LisaLesa | 07/08/2010 à 02:25