Centres de tabacologie pour arrêter le tabac : pas mieux que l'arrêt franc

Au Royaume Uni, la probabilité de réussir un arrêt durable en centre de tabacologie est inférieure à 6 %

Au Royaume-Uni, les centres d'aide à l'arrêt du tabac du National Health Service (NHS, service public de santé) ont permis en un an à 374 000 fumeurs de ne pas fumer durant quatre semaines au moins [1, 2]. C'est méritoire. Félicitations !

Ce qui est moins glorieux, c'est que le taux de succès des candidat à l'arrêt n'est que de 5,9 % : le NHS ne s'en vante pas !

À partir des données fournies, cette probabilité peut être calculée de la façon suivante :

• 49 % des participants déclarent être abstinent à la fin de la quatrième semaine (à 80 % avec nicotine ou une aide médicamenteuse mais négligeons ce "détail")

• Sur ces 49 %, 15 % déclareront être toujours abstinents à l'horizon d'un an selon l'étude de Janet Ferguson & al. [3] (ceci sur 80,7 % de l'échantillon étudié, 495 participants sur 2564 étant écartés pour diverses raisons plus ou moins valables) ;

• Si l'on prend l'ensemble des personnes ayant consulté avec cette intention, la probabilité de réussir un arrêt durable est de 49 % x 15 % x 80,7 % = 5,93 % [4]

En d'autres termes, ceci signifie que :

sur 16 personnes consultant les services du NHS pour arrêter de fumer,
une seule sera affranchie du tabagisme un an après.

À leur décharge, leur clientèle est parfois contrainte de consulter par toutes sortes de pressions psychologiques, ce qui ne favorise pas la réussite !

Cette statistique n'est pas significativement différente du taux de réussite moyen de l'arrêt franc, estimé à 6,4 % [5]. Il est donc infondé de clamer que l'on accroit ses chances de succès en consultant ces services publics.

En France, l'efficacité globale des services de tabacologie est un mystère bien gardé

En France, les résultats sont clairs comme la potasse :

1. nous ne connaissons pas le taux de succès des centres de tabacologie agréés (médicaux),


2. nous ne connaissons pas le nombre de fumeurs consultant dans ces centres, dont un bon nombre ne tient pas de registres statistiques,


3. l'administration de la santé reconnait ignorer le nombre de centres. Seule une liste officieuse est tenue, bénévolement, par une association Loi 1901 de lutte contre le tabagisme, c'est dire si l'Administration évalue ces prestations...

L'arrêt franc comme les alternatives non médicales ont peu de risque d'être plus médiocres ! Il se pourrait bien qu'une des raisons de l'échec de la prévention du tabagisme soit le dénigrement systématique de ces alternatives au profit de certains intérêts médicaux corporatistes sous la houlette de Tabac Info Service [6]. Est-ce délibéré ?

Références

1. 1,000 People A Day Quit Smoking With NHS, UK
   The Department of Health announced that the NHS in England helped a record 374,000 smokers to quit smoking last year (April 2009 - March 2010).


2. Statistics on NHS Stop Smoking Services: England, April 2009 – March 2010 (pdf)


3. The English smoking treatment services: one-year outcomes
   Janet Ferguson & al. ; Addiction (2005), 100 (Suppl. 2), 59–69


4. Des détails sur ces hypothèses de calcul chez Chris Holmes, Truth Will Out
   Dept. Stealth 5: The Great N.H.S. Lie (Updated) et Dept Stealth 6 - The NHS Lie Exposed!


5. Viswesvaran C, Schmidt FL.; A meta-analytic comparison of the effectiveness of smoking cessation methods J Appl Psychol. 1992 Aug;77(4):554-61.


6. La plupart des fumeurs cessent le tabagisme par arrêt franc rappellent les chercheurs
   Pour le Pr Chapman, la promotion des substituts nicotiniques est un échec :
   " La recherche montre que les deux tiers à trois quarts des ex-fumeurs ont arrêté sans aide. La médicalisation croissante du sevrage tabagique pousse à l'inverse à une médiation spécialisée, pharmacologique ou professionnelle. "

Mise à jour du 29.09.10

Après vérification, le site officiel tabac.gouv.fr ne mentionne aucune liste de centres de tabacologie médicale. Incurie caractérisée : le lien vers la liste d'une association sur oft.spim.jussieu.fr est périmé... tandis que le lien vers un appel à projets nationaux datant de 2006 est toujours actif.

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• Le coût des centres de sevrage tabagique en Grande Bretagne
• Quand saura-t-on tirer les leçons des échecs ? 
  Robert Molimard, 18 janvier 2009 (sur le site du Formindep)
• Résultats à un an de l'arrêt du tabac en entreprise avec l'aide de l'OFT

Comments

[Rédigé par : Frank Crombe]

La société Hollandaise ''Rok vrij ook jij'' a obtenu depuis 2007 des taux d'arrêt de 49% un an après l'arrêt du tabac des participants.
Leur méthode s'appuie sur l'effet de groupe plus médication plus contrôle par moniteur CO comme outil de motivation.
Bien sûr le système de sécurité sociale est différent en Hollande et les coûts de la prestation restent (encore) à la charge du patient : les participants du groupe sont hautement motivés d'arrêter, au contraire du système anglais.