Les psychothérapies pour l’aide à la cessation du tabagisme ont à faire face à trois obstacles :
- La puissance du marketing des laboratoires proposant des produits pharmacologiques normés, comparé à des pratiques de service connues par le bouche à oreille ;
- La diversité des approches thérapeutiques, chaque prestataire bricolant à partir de techniques diverses une réponse à une demande elle aussi très spécifique, axée sur l’écoute du client. Il s'ensuit une nécessaire qualification du prestataire, délicate puisqu'il est a priori difficile de préjuger des effets futurs.
- Le tabagisme est un comportement relevant très rarement d’un traitement psychiatrique. Les fumeurs ne sont pas des malades, en général.
Ce n’est pas une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain ! Les pratiques de pharmacine tant vantées sur les écrans de télévision ne sauraient couvrir tous les besoins.
Des jeux video à la cigarette électronique en passant par Twitter, Unairneuf.org expose ce qui pourrait être considéré comme un ‘bazar’, parce qu’il ne saurait exister de solution unique et universelle à l'arrêt du tabac.
Nous suivons des pistes, à chacun d'emprunter celles qui conviennent le mieux pour parvenir au but visé. Les aides psychothérapeutiques en font partie.
Quelle place pour la psychothérapie dans la prise en charge des addictions, et celle-ci présente-t-elle des spécificités ?
Tel est le sujet du dossier du dernier numéro de l'excellente revue spécialisée Psychotropes [1]. Extraits :
Le processus psychothérapeutique ne s’inscrit pas dans une démarche où l’on appliquerait passivement telle ou telle méthode et ne peut donc pas s’appréhender sur les mêmes critères que les expériences animales sur le rat et la recherche sur les récepteurs neuro-pharmacologiques.
Il existe différentes formes de psychothérapie. Suivant les auteurs, on en dénombre de 400 à 600, chacune renvoyant ou s’inspirant de références différentes, voire opposées.
On peut d’ailleurs penser que l’efficacité de ces méthodes sera directement proportionnelle à la croyance que le thérapeute a dans son système de référence. C’est ce que Jean-Nicolas Despland appelle l’effet d’allégeance.
Une autre difficulté en cette période de scientisme revendiqué est de savoir si ce type de prise en charge peut répondre ou non aux critères actuels et immédiats de l’évaluation. Dans le cas des psychothérapies d’inspiration analytique ou de soutien, cette évaluation a-t-elle même un sens ?
L’opposition se fait enfin entre la science telle qu’elle est revendiquée, dont le but se veut universel et les résultats reproductibles à l’identique, et une relation basée sur l’inter-subjectivité et des éléments variables comme l’alliance thérapeutique, la compliance et la croyance en la démarche.
Ainsi quand Joseph Osman, directeur de l’Office Français de prévention du Tabagisme (OFT), affirme de façon narquoise au sujet d'approches qu’il met au rancart
« Le plus important est que le patient y croie »,
il ne croit pas si bien dire [2].
Lui croit dans l'efficacité des palliatifs médicamenteux, ce qui est le cas de beaucoup de tabacologues formatés et ayant fait allégeance à l'industrie pharmaceutique. N'attendons (a priori) pas d'un médecin une compétence en psychologie et laissons à chacun sa vérité comme l'a illustré Luigi Pirandello en son temps.
Là où il y a problème, c'est quand un partisan d'une démarche scientiste posée comme universelle bien que notoirement inefficace s'emploie vigoureusement à dénigrer - voire interdire - des approches alternatives qui n'ont pas de difficulté à procurer de meilleurs résultats. Ceci constitue une perte de chance pour le client et doit être dénoncé.
Références
- Addictions : la psychothérapie en question
Les extraits présentés sont adaptés de l’éditorial de Michel Hautefeuille m.hautefeuille@gpspv.fr - Arrêter de fumer : à quel prix ?
Thierry Dromard, Le Journal de Saône-et-Loire, 18.09.2010
[Cet article est le premier nominé dans le concours en préparation : le prix NICOTINE de la communication la plus partiale ou mensongère.]
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