[Témoignage publié par Juliette sur OnlyLady.fr, le 04/04/2008 : trop drôle]
Trois mois déjà se sont écoulés depuis le jour ou je me suis convertie à votre "Méthode". Aujourd’hui je suis bien obligée de faire pénitence vu que vos commandements je les ai pas trop suivis… C’est pas faute de motivation pourtant : déjà votre bible j’en ai lu la totalité.
Puis comme ça ne suffisait pas à mon salut, je suis passée pratiquante le 25 janvier 2008 exactement. J’ai déboursé 250 euros pour assister au prêche de votre bonne parole en live. Les bigotes ne donnent pas le dixième à la quête de la paroisse ; m’enfin faut reconnaître que chez vous, on en a pour son argent !
Quatre heures il dure l’office « Carrien », le tout dans un confort optimal ! Comparé aux bancs froids de l’église, le Sofitel est un lieu de pèlerinage ultra cosy ; même son sous-sol, ça reste de l’autel première catégorie… Puis, avec vous, plus besoin de se carapater jusqu’à Lourdes pour avoir son miracle : en finir avec la cigarette en quatre heures et sans souffrir pour 250 euros seulement, c’est quasi une offrande que vous nous faîtes là !
La prêcheuse qui a accueilli le groupe de fumeurs dont je faisais partie le 25 janvier dernier, est tout comme vous, Monsieur Carr, une ancienne fumeuse convertie à l’esprit sain. Sitôt sa repentance faite, son choix fut de répandre votre bonne parole pour le salut de nos poumons. Je me souviens plus de son nom, pour la commodité, je l’appellerai Marie-Madeleine.
Avant d’entamer son long sermon, Marie-Mad nous a demandé un par un de nous présenter puis de confesser publiquement la quantité et la durée de nos consommations tabagiques : c’était chouette, ça faisait très ambiance AA/scientologie et tous ces trucs là, ça m’a donné l’impression d’être une rock star sur la voie de la rédemption comme Madonna chez les kabbalistes, ou Séverine Ferrer avec le Dalaï Lama.
Nous étions 12 exactement, 12 apôtres en rehab prêts à boire vos bonnes paroles. Les présentations faites, la prêcheuse a repris la parole… pendant quatre heures d’affilée. C’était long et elle répétait beaucoup les mêmes mots ; mais notez bien : je suis restée attentive jusqu’au bout, et j’ai même retenu l’essentiel :
D’abord « il n’existe pas de petit fumeur », que l’on fume 3 cigarettes par jour ou 4 paquets, on est tous égaux devant vous Monsieur Carr qui êtes aux cieux.
Ensuite, « la vie des fumeurs est un enfer » en forme de cercle vicieux : la cigarette satisfait un manque qui renaît immédiatement après la dernière bouffée. La cigarette ne crée qu’une illusion de plaisir, elle aveugle le fumeur.
Votre méthode ouvre les yeux et extirpe illico les pêcheurs du brasier de l’enfer. C’est ça le miracle Allen Carr : pas besoin de volonté, il suffit d’avoir la foi. En fait, le seul obstacle auquel le converti à votre méthode devra faire face, c’est le manque physique de nicotine qui est symbolisé chez les Carriens par un petit monstre dont on peut venir à bout très vite et sans effort si on est croyant.
Sauf votre respect Monsieur Carr, à ce stade je me suis permise d’interrompre Marie-Madeleine : ce petit monstre dont elle nous parlait n’était il plutôt pas le diable en personne ? Un diable coriace qui ne nous lâcherait pas de sitôt…
A ce moment Marie-Mad a un peu manqué de répartie, elle m’a regardé l’air complètement dépassé et s’est relancée dans son laïus. A la fin de l’office, on a dû fumer la dernière cigarette, celle de la libération puis on a conclut par un solennel « je suis non fumeur » qu’on a juré chacun notre tour sur la bible Carrienne. A dire vrai, j’étais pas emplie de conviction en prononçant ces mots, un peu comme quand j’ai fait ma première communion, j’y ai jamais cru moi que dans l’ostie y’avait le moindre bout de chair de Jésus Christ…
Serait-ce cette conviction qui m’a manqué le jour suivant quand le diable a commencé à me torturer sournoisement ? C’est bien possible…
- À ma décharge, cependant, Lucifer a pas lésiné sur les moyens pour me faire replonger : il a commencé dès le réveil avec un mal de tête à se cogner contre les murs.
- Comme ça ne suffisait pas, il m’a soumise à une fatigue insurmontable puis il a ralenti mon espace-temps : ma matinée a bien durée 50 heures en tout.
- J’ai essayé d’aller au cours de step, mais là impossible de suivre, mon corps aussi s'était brusquement ralenti : MOI, la championne du pas chassé mambo, je fus forcée de déclarer forfait à mi-cours !
- Ensuite le démon s’est amusé avec mes nerfs et j’ai été prise d’une fringale de chocolat terrible. Après avoir englouti deux tablettes de Lindt, trois paquets de BN et les œufs Kinder des enfants, j’ai fini par perdre mon self-control définitivement ;
- À 18h00, sanglotante et avec le sentiment que je ne verrai jamais la lumière au bout du tunnel, j’ai visionné le « DVD d’après séance » que Marie-Mad nous avait donné gracieusement la veille. Je dois confesser qu’en voyant la prêcheuse repartir de plus belle dans son discours, si calme avec sa voix si douce, je ne croyais plus du tout au miracle et en plus j’avais des envies de meurtre.
C’est à ce moment que j’ai cédé à la tentation. En tout Monsieur Carr, j'ai tenu 24 heures…
Ça a fait rigoler les copains ; moi pas. C’est pourquoi aujourd’hui j’espère que vous ne prendrez pas ça comme un blasphème si je demande aux lectrices de mon blog de m’indiquer une méthode d’arrêt du tabac plus efficace, voire plus orthodoxe ?
Adieu Monsieur Carr,
Juliette
PS : j’espère que c’est pas trop un enfer pour vous là-haut avec le seigneur qui vous fume ses havanes dans le nez à longueur de journée…"
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