En pages centrales du dernier numéro de la revue Que Choisir Santé, une 'histoire de santé' [1] :
« J’ai arrêté de fumer tout seul ».
Eh bien disons-le sans bouder notre plaisir : chez Que Choisir, on sait écouter.
Comment mieux entendre est le dossier du mois. Le numéro de septembre 2010 aborde aussi les rapports sexuels douloureux, la lutte contre le stress par la respiration (en fait avec la cohérence cardiaque), etc.
Ce petit magazine "expert, indépendant, sans publicité" - ça évoque quelque qualité à Unairneuf... - distille chaque mois sa ration de conseils pour profiter au mieux de la vie [2].
« J’ai arrêté de fumer tout seul »
« J’ai arrêté de fumer tout seul » donne la parole à Gilbert Spica, fumeur depuis l’âge de 12 ans. Il décide d'arrêter pour ses 30 ans et le fait sans programme d'aide.
« Ce qui me désole le plus, aujourd’hui, c’est la manière trop autoritaire de vouloir faire cesser à tout prix le tabagisme.
Il faut faire quelque chose bien sûr, j’ai vu trop d’amis en pleine forme décéder du cancer du fumeur. Mais pas de cette manière tyrannique !
Il faudrait qu’arrêter de fumer soit présenté comme une liberté. »
Comme lui, de nombreux fumeurs réussissent à arrêter par leurs propres moyens. Mal connue, éclipsée par la promotion écrasante des substituts nicotiniques, cette façon de rompre avec le tabagisme marche pourtant bel et bien, affirme Perinne Vennetier de Que Choisir Santé.
Suivent trois encarts précisant cette position :
- Raisons contre émotions
- Sans médecin, ni médicament, c'est possible !
- Substituts nicotiniques : une béquille fragile
dont voici quelques points clé...
Sans médecin, ni médicament, c'est possible !
« "Du jour au lendemain", "tout seul" ou "comme ça" : de nombreux fumeurs ont ainsi arrêté de fumer sans l’aide d’un médecin ni prise de médicaments. Cet arrêt franc est efficace.
Pourquoi les messages sanitaires ne mettent-elles pas aussi en avant ce fait ? Au contraire, s’impose l’idée qu’un fumeur qui ne se tourne pas vers une structure médicalisée est voué à l’échec. "Plus jamais seul pour arrêter" promet le site Tabac Info Service.
A la différence de l’alcool ou de l’héroïne dont les sevrages "brutaux" peuvent être physiquement insupportables voire dangereux, cesser de fumer ne fait physiquement mal nulle part. S’arrêter tout simplement et tout seul est une option à ne pas négliger quand on est, par ailleurs, en bonne santé générale. »
Substituts nicotiniques : une béquille fragile
« Les substituts nicotiniques, tels que les patchs et gommes à mâcher, "doublent, voire triplent les chances d’arrêt à un an" selon Tabac Info Service » écrit Perinne Vennetier qui poursuit :
« Dans ces conditions, comment expliquer que dans la réalité tant d’individus échouent avec un timbre à la nicotine sur le bras ? »
Explication : une fiction scientifique à but commercial
Cet écart entre les résultats résultant des tests cliniques et les taux de réussite "dans la vraie vie" est explicable par différentes manipulations :
- Les tests sont effectués sur des populations non représentatives du public fumeur, en général plus jeune dans la population que dans les tests.
- Quasiment systématiquement le traitement étudié est comparé à un placebo pour éviter certains biais. En valeur relative, les traitements officiels paraissent plus efficaces, mais en valeur absolue, ils ne le sont pas...
- Et utiliser un placebo, un produit inactif en lieu et place du traitement médicamenteux évalué, introduit aussi un biais incontournable. On ne connait aucun produit pouvant laisser croire au fumeur qu'on lui apporte de la nicotine sans qu'il ait de grandes chances qu'il se rende compte de la supercherie.
Comparer un traitement pour arrêter de fumer à un placebo est comme comparer un voyage en automobile à sa simulation 3D sur écran : on réalise bien vite que c'est "pour de faux" et que l'on n'a pas physiquement bougé d'un centimètre... Le taux d'abandon de ces tests est généralement très élevé, 45 % dans le cas d'un test de la varénicline par ex. : un peu facile d'abandonner tous les abandons pour améliorer les statistiques... [3].
Aussi les tests cliniques contrôlés semblent ignorer l'importance essentielle du jugement et des sensations du cobaye : faire comme si les fumeurs étaient des rats en cage établit des conclusions qui ne sont pas directement transposables, comme les spécialistes en blouse blanche tentent de nous le faire croire.
Il faut le répéter et le répéter, autant que pourra le faire la publicité sur la base d'études 'scientifiques' (= financées par les laboratoires) :
il n'y a pas de différence statistiquement significative
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Si l'on a une sérieuse intention de cesser le tabagisme, on a intérêt à se passer de ces onéreuses béquilles. En d'autres termes, il est probable que ces produits servent surtout à masquer un manque de motivation.
L'arrêt franc, ça marche !
Au-delà de ces points qui auraient gagné à être précisés, nous sommes heureux d'avoir modestement contribué à faire passer le message de cette histoire vécue.
L'arrêt franc, ça marche ! Un grand bravo à UFC Que Choisir pour un beau travail de journalisme indépendant... Bien entendu !
À écouter/lire sur le même sujet
Références
- Perrine Vennetier, Histoire de santé – « J’ai arrêté de fumer tout seul », Que Choisir Santé n° 42, septembre 2010, pp. 9 -10 (disponible uniquement en format papier)
- Que Choisir Santé est disponible sur abonnement. Vente au numéro @ 3,50 €
- Cf. Les chiffres officiels de Champix, la nouveauté Pfizer pour le sevrage tabagique
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