Les trois quarts des usagers de cigarette électronique abandonnent complètement le tabagisme
Unairneuf.org estime qu'actuellement en France les trois quarts des usagers de cigarette électronique abandonnent complètement le tabagisme.
Et un bon nombre finissent par abandonner aussi au bout de quelques mois le vapotage de cigarette électronique. Nous manquons de statistiques précises et fiables faute d'étude (et de financement d'études), mais on peut considérer ces estimations comme des hypothèses valides.
Ainsi il apparaîtrait que la cigarette électronique, qui ne peut être promue comme une aide pour l'arrêt du tabagisme, soit une aide plus efficace que les produits pharmaceutiques recommandés et seuls admis par les autorités médicales. |
Toute produit ou dispositif visant à permettre l'affranchissement temporaire ou durable du tabagisme est réglementairement considérée comme un ‘médicament’ [1]. Ce qui caractérise un ‘médicament’ n'est pas sa composition mais la revendication de traitement d'une 'pathologie'. Il convient de savoir qu'il a été décrété que fumer était une maladie, pour que les consultations de tabacologie soient remboursables par la Sécurité Sociale notamment. À un 'médicament' sont associées des recommandations d'usage par les professionnels de santé, qui sont seuls habilités à les prescrire.
Pour faire le ménage entre gri-gris de charlatans et traitements scientifiquement évalués, il a été mise en place une procédure d'homologation. Tout produit ou dispositif visant à permettre la prise en charge d'une maladie doit s'y soumettre. En France, l'agence chargée de ces homologations est financée par les laboratoires soumettant les demandes, donc juge et partie : l'AF$$APS.
Faisant du tort aux intérêts financiers de Big Pharma, la cigarette électronique serait-elle condamnée à être interdite ?
Les problèmes avec le dispositif innovant qu'est la cigarette électronique viennent de ce que leur fabrication est atomisée en Chine ou ailleurs et leur distribution réalisée pour l'essentiel par n'importe qui sur internet. Il n'existe pas de structure capable d'investir les sommes conséquentes pour les études et le graissage de (grosses) pattes de dealers d'opinions arrondissant ainsi leurs fins de mois : la cigarette électronique ne peut prétendre - et ne pourra jamais prétendre - au statut de médicament donc.
Cela n'empêche aucun utilisateur de clamer, souvent avec joie, que ce dispositif lui permet de ne plus s'intoxiquer avec la fumée de tabac. Comme nous le disions précédemment, ce qui semble un gadget se révèle remarquablement efficace, au point que se sont constitué de vrais réseaux d'amateurs, très informés et très actifs [2]. Ces amateurs ont souvent 'tout essayé' avant pour arrêter le tabac : patchs, gommes et autres gadgets.
Inutile d'espérer une étude comparative entre l'impact de la cigarette électronique et les aides recommandées aux professionnels de santé. Il est à craindre qu'une telle étude ne puisse voir le jour, car elle condamnerait de façon définitive les mensonges du genre "Avec les substituts nicotiniques, vous doublez vos chances de succès". Nous avons déjà argumenté que ces propos commerciaux établis avec des dispositifs ad hoc ne correspondent pas à la réalité vécue par les fumeurs [3]. Si les usagers de la cigarette électronique font mieux, trois fois mieux, cinq fois mieux ou dix fois mieux que les gogos abusés par les prétendus "substituts de nicotine", les labos perdraient leur veau d'or : aucune chance qu'ils le permettent, et tant pis pour la santé des fumeurs, préoccupation seconde par rapport à leurs objectifs de profit.
D'une façon générale, l'industrie pharmaceutique a jusqu'à présent réussi à étouffer toute approche ne favorisant pas ses intérêts.
En témoigne cette – ahurissante - demande de GlaxoSmithKline à la FDA (US Food & Drug Administration) d'interdire la vente du tabac oral tant qu'il n'aurait pas démontré son innocuité ? [4]
Et pourquoi ne pas demander à interdire le vin tant qu'il n'aurait pas été démontré que c'est un produit sans danger pour la santé. Pourquoi ne pas demander à McDonald's de démontrer que le Big Mac n'entraine pas de risque d'obésité ? Dans sa logique, la firme GlaxoSmithKline assimile tout ce qui peut être consommé à un médicament, domaine où il fait la loi via les agences qu'elle finance avec ses consoeurs du lobby pharmaceutique ? Bientôt même l'air que l'on respire va devoir être homologué comme médicament !
Les vrais chiffres du tabac non fumé
Un étude datant de 2008 [5] a montré de façon similaire que le tabac non fumé (smokeless tobacco), resté assez courant aux USA, était une option intéressante pour mener à l'arrêt durable de la cigarette [6].
National Health Interview Survey (2000)
Number of male smokers who had tried various methods in their last quit attempt, and the proportions (%) who were former and current smokers at the time of the survey, NHIS 2000.
Méthode |
Nombre dans enquête |
Rapporté à population U.S. |
% Arrêt (IC à 95%) |
% Fumeur (IC à 95%) |
Stopped all at once |
4822 |
32,589,195 |
64 |
36 |
Gradually decreased |
426 |
2,888,019 |
45 |
55 |
Switched to Smokeless Tobacco |
43 |
358,668 |
73 |
27 |
Pamphlet/book |
11 |
75,522 |
28 |
72 |
Méthodes recommandées | ||||
Nicotine patch |
393 |
2,881,084 |
35 |
65 |
Bupropion |
138 |
1,059,982 |
29 |
71 |
Nicotine gum |
129 |
963,692 |
34 |
66 |
Clinic/program |
42 |
310,938 |
50 |
50 |
One-on-one counseling |
19 |
106,501 |
43 |
57 |
Nicotine inhaler |
13 |
98,124 |
28 |
72 |
Nicotine nasal spray |
3 |
14,463 |
0 |
100 |
Autres méthodes |
182 |
1,295,707 |
63 |
37 |
Source : http://www.biomedcentral.com/content/pdf/1477-7517-5-18.pdf
Analysant les données officielles de l'enquête "2000 National Health Interview Survey" sur l'ensemble des États-Unis, il apparaît qu'environ 359 000 fumeurs états-uniens ont eu recours au tabac oral lors de leur dernière tentative d'arrêt. Et 261 000 ont réussi à s'abstenir durablement de fumer - soit 73 %. Trois sur quatre ! Et il s'agit des mêmes statistiques que celles utilisées par les autorités de santé du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ou par l' American Cancer Society.
Attention, il ne s'agit pas d'une probabilité d'arrêt avec cette alternative, d'autant que les chiffres retenus ne concernent que les hommes (le tabac oral étant peu consommé par les personnes de sexe féminin). Cela montre seulement que le dénigrement de cette approche de réduction préalable du risque n'est pas justifié.
Par comparaison, les timbres à la nicotine ont été utilisés par 2,9 millions de fumeurs dont un million (35 %) déclaraient ne plus fumer suite à leur dernière tentative au moment de l'enquête. 964 000 avaient eu recours aux gommes à la nicotine, dont 323 000 (34 %) avaient cessé de fumer.
Pour l'anecdote et pour révéler la corruption des experts, aucun des 14 000 fumeurs ayant eu recours au spray nasal de nicotine - non homologué en France - n'a réussi à arrêter. Drôle de 'médicament' hein ? TOTALEMENT inefficace et pourtant toujours homologué par la FDA !
Ces chiffres montrent deux choses :
1°) un taux de trois quarts d'arrêts avec une solution non recommandée par les autorités de santé (= les firmes pharmaceutiques) comme la cigarette électronique n'est pas une estimation stupide. Les fumeurs peuvent préférer une solution leur convenant, et c'est la cas de la cigarette électronique (sinon il n'y aurait pas un tel enthousiasme auprès des aficionados). Nous n'avons pas connaissance de club d'utilisateurs de patchs de nicotine !
2°) Le taux de cessation du tabagisme avec une aide recommandée par les autorités de santé est environ moitié de celui des options qui ne le sont pas ! Ceci peut s'expliquer par le fait que la démarche aura été librement choisie et menée à son rythme, contrairement au traitement médicalisé.
Anecdotiquement cette étude statistique fait ressortir trois autres résultats notables :
- 64 % des 32,5 millions d'américains déclarant avoir *totalement* cessé de fumer lors de leur dernière tentative étaient devenus abstinents alors que,
- seulement, 45 % des 2,9 millions de fumeurs ayant préféré un arrêt progressif (soit 8 % du total) ont réussi à arrêter.
- les 1,3 millions de fumeurs ayant retenu lors de leur dernière tentative une approche autre que celles proposées dans l'enquête ont un taux de succès de 63 % (ce qui est environ le double de celui des adeptes des traitements médicaux).
Moralité : que chacun soit libre de faire confiance à l'approche qu'il préfère plutôt qu'à la science des machines à sous
Finalement les 'gadgets' dont Unairneuf.org rend régulièrement compte ne sont pas si inopérants que ça... Que chacun soit libre de faire confiance à ce qu'il préfère en ce qui LE concerne :
- les chiffres de la vie réelle ou
- la science des machines à $ou$.
Références
- La notion de médicament est précisément définie en France par l'article L5111-1 du Code de la santé publique
- Cf. l'annuaire de la cigarette électronique
- De l’efficacité - très - relative des aides au sevrage tabagique
- A Statement from GlaxoSmithKline Consumer Healthcare on FDA Regulation of Smokeless Tobacco Products, PRNewswire, 27.09.2010
- Cokkinides VE, Ward E, Jemal A, Thun MJ: Under-use of smoking cessation treatments: results from the National Health Interview Survey, 2000. Am J Prev Med 2005, 28:119-122.
- Brad Rodu et Carl V Phillips, Switching to smokeless tobacco as a smoking cessation method: evidence from the 2000 National Health Interview Survey, Harm Reduction Journal 2008, 5:18 (cette étude ne prend en considération que les fumeurs de sexe masculin).
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