Mon doudou tabac - Comment vivre sans toi ? [1] est un ouvrage étonnant. Le Dr Khalatbari, qui est médecin, diplomé en tabacologie et actif sur le terrain [2], y démontre l'étendue de sa compréhension des ressorts psychologiques du tabagisme et de l'arrêt du tabac.
Tous les tabacologues 'labo-tomisés' par l'industrie pharmaceutique devraient faire l'effort de tenter de comprendre le propos : pas sûr qu'ils y parviennent, obsédés qu'ils sont par une dépendance physique à la nicotine déniée par Emmanuel Khalatbari !
Nous doutons même qu'ils soient capables de le lire jusqu'au bout, pourtant riche de témoignages précieux et de pensées éblouissantes. Car les répétitions :
- "nicotine = insecticide",
- "nicotine = pesticide",
- "fumée = gaz d'échappement", etc.
leur donneront rapidement la nausée. Comment prescrire de la nicotine pharmaceutique en acceptant ces évidences ?
Ce livre décoiffant nous a semblé relever de la littérature 'brute', comme il existe un art brut [3, 4]. Le travail éditorial est 'perfectible' dirons-nous : n'est pas Michel Houellebecq qui veut. Mais ce pavé (dans la mare aux tabacocologues institutionnels) éclabousse complètement le genre et fera date :
Le fumeur considère avant tout le tabac comme un bon "compagnon", un soutien instantané, avec lequel il partage ses pauses et qui l'aide à vivre. La honteuse manipulation politique, commerciale et médicale a réussi à enfoncer dans le fumeur une absurde et ridicule croyance sur les vertus de la nicotine.
Le fumeur ignore que la nicotine, sous toutes ses formes (tabac, patch, gomme, pastille, inhaleur), est un pesticide sans aucun "bienfait physiologique ou psychologique".
Le fumeur, ne pouvant être drogué aux insecticides, est tiraillé entre son "attachement émotionnel et irrationnel" à la fumée du tabac et le "besoin physique supposé" de son rituel de "pause-cigarette". Cette contradiction engendre la "peur du manque" et constitue le frein qui l'empêche d'apprendre à changer son regard sur la fumée, "son doudou complice", et d'envisager l'arrêt définitif du tabac.
Pour accompagner les fumeurs à "se déconditionner librement", sans privation, sans médicament et sans manque, le Docteur Emmanuel Khalatbari, le tabacologue le plus dérangeant en France depuis 30 ans, propose une "stratégie de déconditionnement émotionnel".
La vision que le Dr Khalatbari nous fait partager est qu'on ne devient pas dépendant au gaz d'échappement et que le problème de l'arrêt du tabac est - seulement - émotionnel. Il complète d'autres ouvrages affirmant aussi qu'il est préférable de se passer d'aides médicamenteuses pour cesser le tabagisme [5].
Si le « doudou » représente le « vide affectif » et le « compagnon du présent », par quoi faut-il le remplacer ? Le fumeur n’a nullement besoin de :
il doit apprendre à s’appliquer :
- la douceur-thérapie,
- la caresse-thérapie et
- la bisou-thérapie.
En guise de cadeaux de fin d'année, Unairneuf.org a choisi de vous proposer quatre extraits :
- Comment peut-on se débarrasser d’un doudou ?
- Le corps médical peut nuire aux fumeurs
- La confusion douloureuse
- N’avalez point ! Crachez le morceau !
Bonne lecture !
Références
- Mon doudou tabac : comment vivre sans toi ?, Éditions Yves Meillier, juin 2010 ; 480 pages - 22,00 € ; ISBN 2-36101-005-4
- Dr Emmanuel Khalatbari est Praticien Attaché Consultant des Hôpitaux de Lyon.
Chargé d'enseignement et formateur en tabacologie, fondateur et président des associations Jeunes Unis Sans Tabac (JUST) et Médecins Sans Nicotine (MSN), il anime depuis 1998 le programme "Tabagisme en milieu carcéral" dans les prisons de Lyon.
Il est également l'auteur de "Fumeurs, je vous aime" Editions Librairie de Médicis 2002, et de "S'aimer sans tabac" Editions Livrior 2005. - Cf. Wikipedia, article Art brut ; Art brut est un terme inventé par le peintre Jean Dubuffet pour désigner les productions de personnes exemptes de culture artistique.
- Truman Capote avait eu la fameuse formule “ce n'est pas de l'écriture, c'est de la frappe” au sujet du livre Sur la route de Jack Kerouac dont le “tapuscrit” original avait été frénétiquement tapé à la machine sur un unique rouleau de papier.
Ici, plutôt que des écrits ou des tapotis, ce sont des claquettements... - Par ex. les anglais Allen Carr et Christopher Holmes, Nicotine: The Drug That Never Was ; en France, Le livre pour arrêter de fumer (de Bellabre) et Libérez-vous du tabac (par Bruno Comby) parmi d'autres ; ce qui commence à faire beaucoup...
Comment peut-on se débarrasser d’un doudou ?
L’enfant et son « doudou »
L’enfant n’est pas dépendant de son doudou, mais il a un « attachement émotionnel » et un « lien affectif et solide » pour cet objet investi en relation privilégiée de partage, d’échange et de refuge.
Il ne faut pas oublier qu’un doudou ne parle pas, ne dit rien et l’enfant, avec ses émotions, a la chance de pouvoir tout partager avec lui, sans tabou. De même pour nous adultes, un doudou n’attend rien de nous, n’exige rien de nous, il nous demande jamais de l’aimer ni de le caresser davantage. Il est toujours disponible, présent et accueillant. C’est par sa présence, son silence et son écoute qu’il nous assiste et se rend indispensable. Sans nous contrarier, il est toujours en accord avec nous. Il nous réconforte et nous apporte son soutien.
Posséder un « doudou » est un choix. Ne plus vouloir de son doudou est aussi un choix.
Le hic, c’est que ce doudou est irremplaçable. Un autre doudou n’a pas le même sens, il n’a pas partagé avec nous les mêmes émotions et n’a pas vécu les mêmes histoires. On n’abandonne pas un doudou et l’on ne s’en débarrasse pas non plus. On ne substitue pas un doudou « laid et sale », captivant, chaleureux, agréable qui nous raconte beaucoup d’histoire par un doudou « beau et propre », froid, crispé et stérile qui n’a rien à nous dire !
Si le « doudou » représente le « vide affectif » et le « compagnon du présent », par quoi faut-il le remplacer ?
Il suffit d’observer le lien de l’enfant avec son doudou pour apprendre à trouver la solution. On peut se désintéresser d’un doudou lorsqu’il ne procure plus aucun intérêt. L’enfant n’accepte pas de changer son doudou usé par un autre tout beau et tout neuf ! Aucun argument, conseil et astuce ne lui semblent acceptables jusqu’au jour où, avec étonnement, il s’en sépare sans aucune difficulté !
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On ne se débarrasse pas d’un doudou sur ordonnance.
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Il n’existe pas de médicament qui permette de ne plus aimer son doudou et qui accélère le processus d’abandon d’un lien émotionnel et affectif.
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On ne se débarrasse pas d’un doudou en se mettant la pression ou la contrainte. Jeter son doudou ne se réalise pas sur commande express ou par la peur d’une punition !
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On n’accepte pas de recevoir d’ordre d’un supérieur pour se séparer de son doudou bien aimé, ni subir l’ultimatum à une date imposée par principe du respect d’autorité !
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On ne se débarrasse pas d’un doudou pour faire plaisir aux autres, ni à ses parents ou à ses proches, encore moins à une hiérarchie dans son environnement socio- affectif ou professionnel !
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On ne se débarrasse pas d’un doudou en cherchant le « miracle » ou des gadgets séduisants et sympathiques ou des astuces et des ruses pseudo scientifiques et fantaisistes !
Se débarrasser d’un doudou est un cheminement qui demande patience, réflexion, maturation et expérience. En effet, le doudou « sale qui pue » est investi affectivement en confident, soutien et ami inséparable et indispensable.
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Il est rempli de souvenirs, d’images et d’émotions.
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Il est comblé d’histoires secrètes, de partages et d’échanges affectifs.
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Il n’est pas remplaçable par un substitut tout neuf et sans histoire.
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Il n’est pas monnayable par contrat et négociation.
On est capable de s’en détacher et de s’en lasser progressivement :
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Lorsque la maturation affective, la confiance en soi et la réceptivité émotionnelle évoluent vers d’autres centres d’intérêts,
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Lorsqu’il ne représente plus « l’ami fidèle » ou « le soutien privilégié »,
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Lorsqu’il ne remplit plus la fonction idéalisée de « régulateur émotionnel ».
L’enfant se débarrasse de son doudou lorsqu’il commence à s’intéresser à d’autres possibilités relationnelles et d’autres centres d’intérêts : lecture, musique, chant, danse, peinture ou toute autre activité aussi bien ludique que sportive. Sans oublier les activités d’intéressement aux autres. En réalité, on se débarrasse d’un doudou que lorsqu’il ne sera plus investi dans ses représentations virtuelles, n’aura plus les vertus symboliques attribuées, ni la même image séductrice et ni la même valeur affective.
Alors certains peuvent commencer à se débarrasser de leur doudou en passant progressivement par « négociation » en étapes et d’autre « s’en lassent et s’en désintéressent », le délaissent soudainement dans l’indifférence. C’est ainsi qu’on se débarrasse de ses vêtements usés, des accessoires de beauté, d’un tatouage ou piercing mais aussi d’un ami qui a perdu l’estime qu’on lui avait accordé. De même, qu’on ne se débarrasse pas d’un vêtement démodé et usé en se mettant sous contrainte, on ne se détache pas d’un doudou sous la contrainte ou la prescription médicamenteuse !
On ne se met pas la pression pour jeter à la poubelle un aliment pourri qui pue ! On le jette tout simplement, sans négociation, ni frustration, ni privation. Ainsi le fumeur peut-il aussi apprendre à se débarrasser de son « doudou aux pesticides et au gaz d’échappement ».
Un attachement à la fumée 100% affectif et émotionnel
Le fumeur, consommateur (averti, conscient, intellectuel et rationnel) d’insecticide nicotinique aux goudrons (la fumée du tabac), se trouve naturellement dans une confusion embarrassante.
Il a du mal, dans son comportement répétitif, à faire la part entre son « conditionnement émotionnel », son « rituel de pause », son « attachement affectif » et son attirance pour les « vertus irrationnelles de la fumée ». Il oublie de voir qu’il possède une motivation très forte et une volonté solide pour persévérer dans ses contradictions évidentes. Cette confusion, imprégnée solidement dans la mémoire du fumeur, est la vraie source qui nourrit insidieusement la voie séduisante de la reprise de la consommation du tabac. Dissiper cette confusion offre la solidité à la décision d’arrêt.
Le fumeur doit comprendre, accepter et intégrer profondément, que son attachement à la fumée est 100% affectif et émotionnel, sans aucune dépendance physique aux polluants agressifs et cancérigènes qu’il avale. Il doit admettre que si son esprit appréhende de se libérer de sa passion et que son corps et ses neurones détestent avec répugnance à subir la violence quotidienne et la brutalité d’un tel empoisonnement.
Le fumeur est capable de changer sa vision irrationnelle sur le « rituel de pause nicotine » et de retrouver d’autres valeurs à respecter pour son bien-être.
Il peut même oublier promptement qu’il a autant fumé pendant tant d’années. Plusieurs dizaines de fumeurs m’ont affirmé qu’ils ne comprenaient pas, comment ils ont pu fumer et ont pu supporter, une affreuse chose puante, pendant aussi longtemps !
Le fumeur nous dit : « Quand je ne m’aime pas, je fume » ! Grandir peut signifier : « S’aimer, se respecter et ne plus se mentir » ! Maturation peut signifier : « Accepter de devenir soi-même, sans s’imposer le paraître ». |
Notes
Vous trouverez une liste étendue d'ouvrages dans notre Bibliothèque du fumeur ainsi que notre sélection de références utiles pour l'arrêt sur Amazon ici.
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Merci pour ces 4 semaines de lecture, intéressant.
Mais la question est : comment fait-on pour avoir avoir autant de motivation à s'empoisonner et si peu à se désintoxiquer ???
Rédigé par : pat | 06/12/2010 à 07:02