Pour certains, il convient de tout faire pour réduire le tabagisme sous toutes ses formes et viser à en éradiquer la planète de sa pratique. Pour d'autres, cela se discute, comme en témoigne ce commentaire qui donne a réfléchir*.
L’État n’est pas une entité immuable et intemporelle. L’État Providence imposant des politiques unifiées au nom de l’intérêt général et étendant ses bienfaits sur l’ensemble de la population au détriment des intérêts particuliers n’est plus. Ce qui prévaut aujourd’hui, c’est le modèle chinois, où l’heureux mariage
- d’un État totalitaire imposant des politiques contraires à l’intérêt général et
- du néo-libéralisme, c'est-à-dire la défense inconditionnelle du droit suprême des marchés, personnifiés par les multinationales, entités industrialo-financières (plus financières qu’industrialo- le temps passant) à se développer et à faire des bénéfices, par delà toute autre considération.
Dans ce cadre la tendance, pas uniquement française, à la soviétisation des politiques sanitaires appelées, abusivement, « médecine préventive » s’explique bien mieux.
Cette pseudo-médecine préventive se caractérise par
- son scientisme,
- la croyance absolue dans ses bénéfices,
- son caractère dispendieux,
- sa déconnexion des vrais problèmes de santé publique et,
- son inefficacité au regard des objectifs affichés, à savoir améliorer la santé publique.
La médecine n’a pas une « posture scientifique » comme le dit M. Baringer, ou alors j’ai mal compris, mais elle a un urgent besoin d’un démarche vraiment scientifique, en lieu et place de cette supercherie, de ce charlatanisme permanent imposés par l’approche marketing et entérinée par les représentants de l’État.
Qu’on le déplore ou qu’on s’en félicite, toute forme de médecine, qu’elle soit préventive ou curative a besoin d’une approche épidémiologique et statistique à la base, non biaisée par des conflits d’intérêt si possible, pour acquérir un minimum de légitimité. Parce que, justement, l’idée scientiste selon laquelle il existerait des médicaments absolument bons ou des démarches préventives universellement valables est fausse. Dès lors qu’on s’éloigne du monde merveilleux et magique du scientisme on rentre dans le monde moins merveilleux mais plus réaliste des statistiques et du doute. Mais aussi dans celui du dialogue avec le patient, car celui qui est conscient de ne pas posséder la vérité révélée conçoit la nécessité du dialogue.
Le problème des dépistages systématiques pose aussi la question, ancienne en épistémologie, de la modification de l’objet observé par l’observateur qui cherche à le connaître de manière expérimentale. Curieusement cette question ne se pose jamais en pseudo-médecine préventive (elle se pose en sociologie et en physique) alors que, il n’y a rien de plus agressivement interventionniste que ce type de médecine. Il semble en effet important d’acquérir des outils de pensée et de raisonnement qui nous prémunissent contre l’application automatique et imbécile d’attitudes inefficaces.
* Extraits d'un commentaire de CMT in Tabagisme passif : qui dit et comment savoir la vérité ?
DE LA MEDECINE GENERALE, seulement de la médecine générale, 14.07.2011
Commentaires