L'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS, bientôt renommée pour faire table rase d'un passé peu glorieux) avait profité du créneau médiatique de la journée de l'Organisation mondiale de la santé dédiée à l'éradication du tabagisme pour publier, le 30 mai 2011, un communiqué relatif à la cigarette électronique qui "recommande de ne pas consommer ce type de produit".
Cette position d'une AFSSAPS vermoulue par ses liens d'intérêts avec l'industrie est une véritable provocation sanitaire : une gamelle supplémentaire à attacher à l'arrière d'une agence en réalité privée d’expertise indépendante fiable ou contradictoire.
Les médias se sont empressé de relayer la dés-information après un examen critique digne de Tintin reporter, le pompon du capitaine Haddock étant attribué à La Tribune. Par ex. voici quelques titres :
L'Afssaps déconseille les cigarettes électroniques |
(AFP) |
Afssaps : la cigarette électronique nuisible pour la santé | (TF1) |
Mieux vaut ne pas consommer de cigarette électronique, selon l'Afssaps | (Le Parisien) |
L'usage de la cigarette électronique est déconseillé |
(Elle) |
Les cigarettes électroniques rendent aussi dépendants |
(La Tribune.fr) |
Cigarette électronique, danger… |
(Destination Santé) |
Etc. cf. Google Actualités | (40 articles) |
Si l'AFSSAPS est dans son rôle à pointer la nocivité potentielle des vapeurs de nicotine sous contrôle électronique (cf. notre avertissement), la formulation de cet avis permet aux firmes pharmaceutiques de protéger leur lucratif business, le temps qu'une offre concurrente brevetable puisse être développée, évaluée et commercialisée. Il vise à geler le marché. L'avenir nous le dira (à l'horizon 2013 dirons-nous).
En déconseillant l'usage du vaporisateur personnel, l'agence réputée indépendante
- protége les intérêts de l'industrie du tabac d'une perte de chiffre d'affaires et,
- maintient sa recommandation de produits pharmaceutiques (et parfois dangereux) ayant fait la preuve de leur inefficacité à aider les fumeurs à passer leurs envies de fumer.
Pour célébrer cette journée mondiale de "lutte contre le tabac", on a fait mieux…
Unairneuf.org analyse cette propagande et détaille son propos dans un dossier en 4 chapitres :
- Une tentative de manipulation de l'opinion
- Position des utilisateurs et pouvoir des réseaux sociaux
- Les mensonges des experts acculturés ou inféodés à Big Pharma
- Application du principe de précaution
1 - Une manipulation exemplaire de l'opinion
Au vu de la couverture de presse ci-dessus, l'objectif de l'AFSSAPS semble atteint : déconsidérer un dispositif qui menace des intérêts privés. Médisez, médisez, il en restera toujours quelque trace…
Deux déclinaisons de l'avis de l'AFSSAPS
Il est intéressant de noter l'existence de deux versions de la communication issues le même jour. L'une à destination des medias et l'autre destiné à l'univers de la santé :
- L’Afssaps recommande de ne pas consommer de cigarette électronique
(Communiqué de presse) - Cigarette électronique - Point d'information
(pour les professionnels de santé)
Nous découvrons une grande similitude mais aussi des différences entre les deux documents. Le Communiqué de presse est moins détaillé et moins bien écrit : nous pouvons affirmer que celui-ci a été rédigé en premier et que le Point d'information l'a précisé afin d'être plus clair et plus explicite. Cet ordre chronologique, la propagande d'abord, les arguments rationnels ensuite, nous incite à la suspicion…
"L’Afssaps recommande de ne pas consommer ce produit"
Au cas où un professionnel de santé pressé ne l'aurait pas compris,
"l’Afssaps recommande de ne pas consommer ce produit"…
La recommandation du début est répétée à la fin du Point d'information. Finalement, il n'y a que cela à retenir
Voici la comparaison des documents de l'Afssaps :
Communiqué de presse* | Point d’information |
Depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics, la cigarette électronique s’est développée en tant qu’alternative à la cigarette classique, dont elle revêt l’apparence. |
Depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics, les cigarettes électroniques se sont développées en tant qu’alternative à la cigarette classique, dont elles ont la même apparence. Aussi l’Afssaps recommande de ne pas consommer ce produit. |
Qu’appelle-t-on cigarette électronique ? |
|
La cigarette électronique reproduit la forme d’une cigarette classique. La partie "tabac" présente à son extrémité une diode simulant visuellement la combustion, et à l'autre extrémité une résistance qui plonge dans la partie "filtre". Des flacons de "e-liquides"1 permettent de recharger la cartouche usagée. Lors de l'aspiration, la solution présente dans la cartouche s’échauffe et la vapeur produite est inhalée par l'utilisateur. Note 1 : Les solutions de "e-liquides" sont composées de propylène glycol ou de glycérol, de divers arômes et éventuellement de nicotine |
La cigarette électronique reproduit la forme d’une cigarette classique. La partie "tabac" présente à son extrémité une diode simulant visuellement la combustion, et à l'autre extrémité une résistance qui plonge dans la partie "filtre". Des flacons de "e-liquides", composés de propylène glycol ou de glycérol, de divers arômes et éventuellement de nicotine, permettent de recharger la cartouche usagée. Lors de l'aspiration, la solution présente dans la cartouche s’échauffe et la vapeur produite est inhalée par l'utilisateur. |
Quel est le statut des cigarettes électroniques ? |
|
L’Afssaps a mené une évaluation pour déterminer le statut des cigarettes électroniques notamment selon l’objectif revendiqué et la concentration en nicotine contenue dans les cartouches.
Pour ces 3 situations, le dispositif électronique constituant la cigarette répond à la définition de dispositif médical et doit, à ce titre, disposer d’un marquage CE. |
L’Afssaps a mené une évaluation pour déterminer le statut des cigarettes électroniques notamment selon l’objectif revendiqué et la concentration en nicotine contenue dans les cartouches.
Pour ces 3 situations, le dispositif électronique constituant la cigarette répond à la définition de dispositif médical et doit à ce titre disposer d’un marquage CE. |
Les cigarettes électroniques ou solutions de recharge qui ne rempliraient aucun de ces 3 critères sont considérées comme des produits de consommation courante. A ce titre, elles doivent répondre à l’obligation générale de sécurité conformément aux dispositions du code de la consommation. |
Les autres types de cigarettes électroniques ou solution de recharge sont considérés comme des produits de consommation courante. A ce titre, elles doivent répondre à l’obligation générale de sécurité conformément aux dispositions du code de la consommation. |
A ce jour, aucun type de cigarette électronique ne dispose d’une AMM, aucun fabricant n’ayant déposé de demande en ce sens. Par ailleurs les cigarettes électroniques ne peuvent être vendues en pharmacie car elles ne figurent pas sur la liste des produits dont la délivrance y est autorisée. |
Aucune cigarette électronique ne dispose d’une AMM en tant que médicament, aucun fabricant n’ayant déposé de demande en ce sens. Par ailleurs les cigarettes électroniques ne peuvent être vendues en pharmacie car elles ne sont pas inscrites sur la liste des produits dont la délivrance y est autorisée. |
Quels peuvent être les risques liés au mésusage de la cigarette électronique ? |
|
L’Afssaps rappelle aussi que la nicotine est classée substance "très dangereuse" par l'OMS et que la réglementation du médicament encadre l’utilisation de produits de substitution nicotinique avec une exposition à la nicotine limitée et contrôlée. |
L’Afssaps rappelle que la nicotine est classée substance "très dangereuse" par l'OMS et que la réglementation du médicament encadre l’utilisation de produits de substitution nicotinique par une exposition à la nicotine limitée et contrôlée. Les solutions de recharge "e-liquides" contiennent des quantités de nicotine plus ou moins importantes et même pour les concentrations inférieures à 20 mg/ml, elles peuvent conduire à des effets indésirables graves, notamment chez les enfants, en cas d’exposition cutanée ou orale accidentelle. |
En conséquence, l’étiquetage doit mentionner les précautions d’emploi et mises en garde, comme le requiert la règlementation européenne pour les substances dangereuses. |
|
Par ailleurs, concernant le risque de toxicité des solvants utilisés dans les cigarettes électroniques, en particulier le propylène glycol, il est difficile de se prononcer en raison de l’absence de données qualitatives et quantitatives suffisantes. |
|
[L'ajout de cette mention sanitaire, qui répond à une question lancinante des utilisateurs, est particulièrement notable. Mais les médias en seront privés...] |
A ce jour, aucun effet indésirable ou cas d’intoxication en lien avec la présence de ces solvants dans les cigarettes électroniques n’a été rapporté. |
Quel est le risque de dépendance ? |
|
Par ailleurs, comme pour la cigarette classique, consommer des cigarettes électroniques peut induire une dépendance, pour toute quantité de nicotine contenue dans les cartouches. L’usage de ce produit expose donc les utilisateurs qui n’étaient dépendants ni aux cigarettes, ni à la nicotine, à un risque de dépendance primaire. |
Comme pour la cigarette classique, consommer des cigarettes électroniques peut induire une dépendance, quelle que soit la quantité de nicotine présente. L’usage de ce produit peut donc exposer les utilisateurs qui n’étaient dépendants ni aux cigarettes, ni à la nicotine, à un risque de dépendance primaire, quelle que soit la quantité de nicotine contenue dans la cartouche. |
L’Afssaps recommande donc de ne pas consommer ce type de produit. | Idem [C'est le seul paragraphe inchangé…] |
http://goo.gl/7r3EF | http://goo.gl/dFneL |
* Publié en version imprimable : http://www.ansm.sante.fr/content/download/33851/443464/version/1/file/cp-110530-Cigarette-electronique.pdf
Les amateurs d'exégèse apprécieront les différentes nuances ça et là : le communiqué pour les médias, seul disponible en version imprimable, souffre de la comparaison.
Une information scientifiquement infondée
Ces propos sont farcis d'inexactitudes et d'allégations sans fondement. Nous en ferons l'analyse dans les articles à suivre : si l'erreur occasionnelle est humaine, une telle quantité de désinformation n'est pas le fait du hasard. Cet avis n'est pas digne d'une autorité sanitaire, surtout en pleine tourmente du Mediator.
Notre interprétation est que l'imminence de la journée de l'OMS a pressé l'Afssaps à jouer les élèves obéissants (à l'OMS et aux autres lobbys politiques). Ni le Point d'information ni le Communiqué de presse associé ne sont scientifiquement fondés.
Nous ne releverons ici qu'une seule affirmation infondée. Elle suffit à notre démonstration. Il est affirmé :
« Comme pour la cigarette classique, consommer des cigarettes électroniques peut induire une dépendance, quelle que soit la quantité de nicotine présente. »
- « Comme pour la cigarette classique » ? La cigarette électronique rendrait dépendant comme le tabac ? A t-on la moindre étude autorisant ne serait-ce qu'une hypothèse ? Non !
- A t-on le moindre témoignage d'un jeune adepte n'ayant jamais fumé de tabac devenu accro à la cigarette électronique ? À notre connaissance, la réponse est : Non ! Tout au contraire, certains l'utilisent pour simuler le tabagisme avec leurs pairs et éviter d'en faire l'expérience.
- N'a t-on pas plutôt des éléments scientifiques montrant que la nicotine seule ne rend pas dépendant, comme dans le cas de nicotine administrée avec timbres transdermiques par exemple ?
- Les travaux de l'équipe de Jean-Pol Tassin sur les phénomènes de découplage ne suffisent-ils pas à invalider cette insinuation ?
Les réflexions de H. Frenk and R. Dar : If the data contradict the theory, throw out the data: Nicotine addiction in the 2010 report of the Surgeon Generall (Harm Reduction Journal 2011) et d'autres comme du Pr Molimard en France (Pas de toxicomanie à la nicotine) sont-elles 'hérétiques' aux "croyants" de l'Afssaps ?
En outre, nous avons un peu de mal à saisir ce que peut signifier "exposer à un risque de dépendance primaire" ? Il semble que ce soit un nouveau concept addictologique inventé par l'Assaps pour l'occasion. Il y aurait des "dépendances secondaires" : peut-être pour les agents de l'Afssaps ou de sa Direction... Il se peut bien que la dépendance aux subsides des firmes pharmaceutiques puisse par contre être qualifiée de "primaire", tant les budgets d'étude pour des produits qui ne sont pas commercialisés par les firmes pharmaceutiques sont réduit à la portion congrue. Cette expression approximative que chacun pourra interpréter à sa façon, révèle l'incompétence de l'Afssaps pour la rédaction ou la validation du document, auquel il nous a été confié que plusieurs Directions avaient pourtant participé. Ce qui fait que personne n'en endosse la responsabilité...
Afssaps, agence d' "Insécurité sanitaire" ?
Ceux qui traitent l'Afssaps d'agence d'insécurité sanitaire n'ont pas tort : les vaporisateurs personnels (e-cigarettes) ont fait voler en éclat la théorie de la "dépendance à la nicotine", qui n'est plus qu'un mythe fumeux auquel tentent de nous faire croire les fabricants des spécialités pharmaceutiques en contenant. Nous allons voir que dans une logique de réduction des risques sanitaires du tabagisme,
- les vaporisateurs personnels de qualité se comparent favorablement à une prétendue 'substitution' pharmaceutique si inefficace et si peu appréciée des fumeurs,
- ils constituent une véritable percée technologique,
- susceptible de rendre obsolètes les services médicaux de tabacologie subventionnés avec de l'argent public (le votre).
À suivre…
- Position des utilisateurs et pouvoir des réseaux sociaux
- Les mensonges des experts acculturés à Big Pharma
- Appliquer le principe de précaution
Note
Pour recevoir les prochains billets de Unairneuf.org sur la cigarette électronique, leur fil RSS est http://www.unairneuf.org/e-cigarette/atom.xml.
Leurs archives sont ici.
À lire sur le même sujet
Bonsoir
Je changerai bien le titre par celui là :
" L'avis de http://www.forum-ecigarette.com sur l'Afssaps: manipulation de l'opinion "
Cordialement
Rédigé par : ATO510 | 24/10/2011 à 20:35