Une enquête révèle que l'arrêt franc est plus efficace que le recours aux aides médicamenteuses mais conclut le contraire [1].
Un cas exemplaire de patascience, pour ne pas dire mensonge et désinformation caractérisés nous a encore été offert à la conférence de pneumologie américaine CHEST 2011 (American College of Chest Physicians) le 26 octobre dernier. Selon une intervention à la conférence [2], les médecins qui recommandent l'arrêt franc du tabagisme donneraient de mauvais conseils et devraient recommander plutôt une substitution nicotinique ou d'autres traitements pharmaceutiques.
Le "petit problème", c'est que les résultats du sondage aux USA montrent exactement l'inverse : il est plus probable d'être redevenu non fumeur par arrêt franc qu'en ayant eu recours aux "solutions médicales recommandées ayant fait leur preuves scientifiquement et patati et patata". Ceci est un nouvel indice que ces recommandations sont basées sur le délicat zéphyr du marketing des firmes et aussi qu’une sévère intoxication mentale concernant les gri-gris médicamenteux supposés aider à l'arrêt du tabac atteint les tabacocologues.
Résumé
L'étude est résumée comme suit :
« Sur 777 participants, 284 (37 %) étaient des fumeurs et 493 (63 %) étaient des anciens fumeurs. Les deux groupes avaient une répartition par sexe similaires et ont commencé à fumer à un âge similaire. Parmi les fumeurs actifs, 66 % ont déclaré qu'un médecin leur avait conseillé d'arrêter de fumer au cours de l'année précédente, par arrêt franc et ou une thérapie médicalement recommandée dans respectivement 19 % et 61 % des cas. Quand une aide médicamenteuse a été conseillée, la nicotine pharmaceutique l'a été dans 52 % des cas, et d'autres traitements médicamenteux dans 40 %.
« Par rapport aux fumeurs actuels, les anciens fumeurs ont significativement indiqué qu'ils étaient plus susceptibles d'avoir tenté une approche par arrêt franc et moins susceptibles d'avoir essayé des thérapies recommandées pour arrêter de fumer. »
En conclusion, les auteurs affirment :
« Selon les participants à ce sondage, les professionnels de santé recommandent une approche par arrêt franc dans 19% des cas, alors que son taux de réussite est inférieur à 10 % à 1 an. Pour cette raison, il n'apparait pas que les patients reçoivent une information appropriée concernant les thérapies de cessation du tabagisme. »
« Greater efforts may be required by clinicians to ensure patients receive appropriate evidence-based therapy for smoking cessation. »
En d'autres mots : Pfizer, GSK, Johnson & Johnson, etc. pourraient légitimement se plaindre que leurs produits ne soient pas systématiquement prescrits. Les auteurs ne déclarent toutefois aucun lien d'intérêt.
Les fumeurs qui arrêtent ont donc tout faux
Résumons à notre tour :
- Les tentatives par arrêt franc sont réputées échouer dans 90 % des cas ;
- Ceux qui ont arrêté l'ont réussi plus souvent par arrêt franc qu'aidés avec des produits pharmaceutiques indiqués pour l'aide au sevrage tabagique ;
- Par conséquent, il est demandé aux médecins de déconseiller l'arrêt franc au profit des traitements recommandés aux professionnels de santé, "basés sur des preuves".
Logique, non ? Non ? Vous ne comprenez pas ? Eh bien, c'est simple : ce sont les anciens fumeurs qui ont tout faux et les médecins à la solde de l'industrie pharmaceutique qui ont raison. Quand bien même conseiller ou prescrire ces produits réduit la probabilité d'un arrêt, il convient de croire - et faire croire - à cette médecine réputée "basée sur les preuves". Croire dans des preuves expérimentales bidonnées plutôt, dès lors que la réalité ne corrobore pas les tests cliniques.
Cette étude, suivant quelques autres ayant échappé à la censure des lobbys du médicament montre que sur le terrain, les patchs font pschitt [3]. Pour s'en protéger, les lobbys pharmaceutiques contrôlent :
- les conférences, qui ne seraient pas organisées sans leur soutien financier et qui interdisent toute critique n'allant pas dans le sens de leurs intérêts ;
- les revues spécialisées, dont le revenu principal est la publicité des firmes ;
- les grands médias ;
- les agences sanitaires (en France Afssaps et HAS notamment) ;
- la formation des professionnels de santé (à 98 % en France, elle est financée par les laboratoires pharmaceutiques) ;
- la recherche médicale pour sa plus grande part ;
- les hommes politiques, la Représentation Nationale autant que la Commission Européenne par ex. ;
- etc.
Dans la vraie vie, les patchs ne gagnent cependant pas le match contre l'arrêt franc. Les expérimentations largement médiatisées et contrôlées avec des protocoles dits scientifiques relèvent de la patascience imbibée de liens d'intérêts.
Chacun fait ce qu'il veut et croit ce qu'il veut : libre à chacun de se coller un patch sur la fesse ou de mâcher des gommes à la nicotine. Les chiffres en population générale montrent que c'est le plus sûr moyen d'échouer à cesser de fumer.
Références
- Study Finds Cold Turkey Quitting More Effective than NRT, But Concludes the Opposite
Michael Siegel, 01.11.2011 - How People Are Smoking and Quitting in the United States
Luca Paoletti & al., Chest, 2011; 140:1060A, doi:10.1378/chest.1112654 - Lors de son intervention le 14 juillet 2001, le président Jacques Chirac a déclaré, pour vaporiser l'affaire sur le financement occulte du RPR dans laquelle il était cité : « Ce n'est pas qu'elles se dégonflent, c'est qu'elles font « pschitt », si vous me permettez cette expression ».
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