Comme chaque début d'année, Michel Cymès et Marina Carrère d'Encausse nous invitent à entrer dans la magie d'Alice au pays des merveilles, le Dr Anne Borgne faisant office de pasionaria de la tabacologie médicamenteuse :
Tabac, les bonnes méthodes pour arrêter de fumer
Allô Docteurs, France 5, émission du 04.01.2012
Il y a un hic toutefois dans ce reportage : le témoin invité, Marie-Claude Anglard, ancienne fumeuse, a arrêté il y a deux ans avec une "méthode Chiapi" inconnue de notre spécialiste Dr Borgne. Ce après de multiples tentatives non probantes, dont l'avant dernière avec les substituts nicotiniques recommandés…
Le mythe médical - les merveilles de la tabacologie médicale - est mis à mal par la réalité d'un témoin sincère : UnAirNeuf.org décrypte les mécanismes de l'enfumage dans un article critique. Sans attendre, pour ceux qui ne pourraient pas/plus visualiser la video de l'émission sur internet, voici la transcription des principaux propos du Dr Anne Borgne, responsable de l'unité d’addictologie de l’hôpital René-Muret (AP-HP, 93).
En infraction avec la loi (cf. article L. 4113-13 du Code de la santé publique), Anne Borgne s'abstient de toute déclaration de lien d'intérêt avec les fabricants de médicaments indiqués dans l'aide au sevrage tabagique, bien qu'elle ait reconnu en avoir : la Loi de la République, elle s'assoit dessus… La confiance dans ses propos biaisés n'y gagne pas.
« Les membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises et établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou des organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de les faire connaître au public lorsqu’ils s’expriment lors d’une manifestation publique ou dans la presse écrite ou audiovisuelle sur de tels produits. Les manquements aux règles mentionnées à l’alinéa ci-dessus sont punis de sanctions prononcées par l’ordre professionnel compétent. ».
L'article R 4113-110 du code de la santé publique, créé par le décret d'application, précise que "l’information du public sur l’existence de liens directs ou indirects entre les professionnels de santé et des entreprises ou établissements mentionnés à l’article L 4113-13 est faite, à l’occasion de la présentation de ce professionnel, soit de façon écrite lorsqu’il s’agit d’un article destiné à la presse écrite ou diffusé sur internet, soit de façon écrite ou orale au début de son intervention, lorsqu’il s’agit d’une manifestation publique ou d’une communication réalisée pour la presse audiovisuelle."
(Question auditeur de Jean-Pierre, 4'45) : Je fumais 40 cigarettes par jour. J'ai arrêté il y a 30 ans en 24 heures, uniquement par la volonté. C'est possible.
Michel Cymès (MC) : C'est un mot que vous n'aimez pas, "la volonté".
Anne Borgne (AB) : Je n'aime pas le mot "volonté" et je n'aime pas le mot "méthode", que vous employez souvent depuis le début [de l'émission]. Je crois qu'on n'a pas de "méthode" pour maigrir par exemple ; on n'a pas de "méthode" pour arrêter de fumer ; on a des "stratégies thérapeutiques" à partir du moment où on est un fumeur dépendant.
Quand on n'est pas un fumeur dépendant et qu'on a décidé d'arrêter et de ne pas subir les signes de manque, on peut faire n'importe quoi. On peut décider de se faire accompagner, de ne pas se faire accompagner, tout marche. Le problème dans l'arrêt du tabac, c'est tous ces fumeurs qui sont très dépendants, qui ont en plus une dépression, qui ne sont pas très bien, qui ont des soucis, etc. et qui n'y arrivent pas seuls, c'est eux qui doivent consulter et là, ne pas subir une "méthode" mais avoir une prise en charge médicale avec un traitement adapté à leur situation.
[... Témoignage auditeur sur l'irritation]
Marina Carrère d'Encausse (MCd'E) : Cela n'a rien d'aberrant d'être irrité quand on arrête de fumer et qu'on est dépendant ?
AB : Non, sauf que si on se fait aider et qu'on a un traitement adapté, on n'est pas obligé d'être agressif. Et quand on suit un patient à qui on donne un traitement, s'il continue à être irrité et agressif, cela veut dire que le traitement n'est pas adapté et on va réévaluer le traitement et l'accompagnement.
MCd'E : Éventuellement les patchs seraient une bonne solution ?
AB : Les patchs seraient une bonne solution, l'ensemble des substituts nicotiniques ou d'autres médicaments et avec des doses et une utilisation, et donc l'association de formes entre elles ou pas, adaptées à sa propre situation. Il y a plein de fumeurs qui savent le faire tout seuls, surtout aujourd'hui où il y a des gens qui ont essayé plusieurs fois d'arrêter, donc qui se connaissent très bien et qui se traitent tout seuls, et il y en a d'autres qui ont besoin d'être aidés.
MC [la caméra zoome sur un patch Nicorette] : Si je me mets çà, moi qui ne fume pas : le patch ?
AB : Vous aurez mal à la tête, le coeur qui s'accélère, la bouche pâteuse, comme les jours où vous avez trop fumé, cette espèce de sensation de dégoût, d'avoir de la nicotine dans la bouche : ça fait exactement ça quand on met un patch et qu'on n'est pas tolérant.
[... Séquence sur l'hypnose avec le Dr Benhaiem]
MCd'E : une réaction sur cette "stratégie" ?
AB : Là, je dirais "méthode" !
MC : Vous vous foutez de nous ou quoi ?
AB : Ah, ah (rire étouffé) ! Je n'oserais pas ! L'hypnose n'a fait preuve d'aucune efficacité dans aucune étude, et l'espèce de truc de jeter le paquet de cigarette à la poubelle, c'est pas du tout dans le sens de la prise en charge médicalisée actuelle, des thérapies comportementales et cognitives, où on accompagne le patient mais c'est lui qui trouve tout seul ses ressources, les outils, on va l'accompagner dans ce chemin là, on va travailler sur la motivation… Là, je… Le côté "magique"…
MC : (la coupant) Nous remercions le Dr Benhaiem d'avoir accepté ce reportage ! Il va être content. Il est habillé pour l'hiver…
AB : Il y a des personnes pour qui ça marche, ceux dont je parlais au début, chez qui tout marchera.
Anne-Monique (question auditeur) : Depuis plus de vingt ans, je prends une moyenne de 12 pastilles de substituts nicotiniques par jour. Y a-t-il des conséquences sur la santé ?
MCd'E : Finalement, il y a une certaine addiction à ces gommes à mâcher ?
AB : Il peut y avoir une addition, surtout aux gommes, un peu aux pastilles mais un peu moins, parce que cela libère de la nicotine et que les gens vont les mâcher rapidement et s'envoyer de la nicotine dans le cerveau et puis avoir une certaine récompense et remplacer le réflèxe ; au lieu de prendre une cigarette, je prends une gomme. Donc il y a des dépendances. Si on compare les risques de 4000 substances de la combustion du tabac à juste la nicotine, ce n'est pas comparable. Donc il faut manger des substituts nicotiniques au lieu de fumer. Par contre, c'est vrai qu'on ne sait pas ce que ça fait que manger de la nicotine pendant 30 ans parce qu'on n'a pas fait d'étude pour suivre çà. L'idéal, c'est d'arriver à les arrêter, d'autant plus qu'au bout d'un moment les gens en ont aussi assez d'être accro à çà ; ils ont assez de cette dépendance, et puis çà coûte cher…
MCd'E : Çà fait mal au ventre…
AB : Çà fait mal au ventre de mâcher des gommes et puis il faut trouver la pharmacie ouverte... Finalement, nous on voit arriver maintenant des gens qui sont accro aux substituts nicotiniques et qui demandent qu'on les aide à arrêter.
[… MC teste un inhaleur]
MCd'E : Je me demande si c'est pareil que la cigarette électronique ?
AB : Pas du tout ! Çà, çà contient de la nicotine, c'est un médicament vendu en pharmacie, la cigarette électronique n'est pas vendue en pharmacie, n'a pas eu d'autorisation de mise sur le marché comme un médicament et c'est vendu surtout sur internet.
Quand on parle de LA cigarette électronique, en fait c'est LES cigarettes électroniques parce qu'il y a plein de modèles dont on ne sait pas très bien quelle quantité de nicotine... Et, et, une question qui n'est pas résolue sur le gaz propulseur, qui amène la... On se demande un peu ce que ça fait, donc faut attendre le résultat des études, qui sont en cours.
[… Reportage sur l'acupuncture avec le Dr Colin puis fin de l'émission.]
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