Ne tentez pas d'arrêter de fumer sans aide médicalisée (publicité au UK)
Le service de santé de Rotherham (NHS, Yorkshire du Sud, Angleterre) diffuse une campagne pour l'arrêt du tabac avec l'aide de son médecin :
Ne tentez pas l'arrêt franc ! Tout patient suivi par un médecin généraliste de Rotherham peut bénéficier de substituts nicotiniques gratuits.
(Don't go cold turkey. Free Nicotine Replacement Therapy is available to anyone registered with a Rotherham GP.)
"Cold turkey" (mot-à-mot dinde froide) est l'expression anglo-saxonne pour arrêt franc, sans rien. Il caractérise l’arrêt d’une dépendance de façon nette, sans adjuvants médicamenteux pour soulager le manque. L'expression trouve possiblement son origine dans le fait que le sevrage brutal aux opiacés de type morphinique (héroïne, morphine, opium) provoque, entre autres symptômes, des frissons avec « chair de poule » (cutis anserina, sources : Houghton Mifflin et aussi The phrase finder).
Aucune douleur physique nulle part et encore moins d' "horripilation" quand on est en manque de cigarette : l'analogie vise à susciter l'effroi. La video du NHS stigmatise ceux qui seraient tentés par cette approche. Sans aide, vous êtes perdu d'avance, voila le message.
"Marketing bullshit" : Ne soyez pas le dindon de la farce !
À qui cette publicité par la peur et le ridicule profite ? Aux cliniques de tabacologie (financées par l'argent public, ressource rare de nos jours), et sans doute aussi à quelque généreux sponsor.
Justement, le fabricant de la varénicline, Pfizer, diffuse simultanément une campagne
"Évitez l'arrêt franc" (Don't Go Cold Turkey) :
La volonté est la méthode la plus couramment adoptée par des fumeurs qui veulent arrêter de fumer. Ceci bien que la majorité des personnes choisissant cette approche échouera dans les huit jours et seulement trois pour cent seront abstinents après un an. En revanche, les personnes qui demandent l'aide d'un professionnel de la santé ont jusqu'à quatre fois plus de chances de réussir à cesser que ceux par arrêt franc.
Il existe des traitements pour aider à briser le cycle de la dépendance à la nicotine. Votre médecin ou le centre de tabacologie local seront heureux de discuter de vos options.
Comprendre : votre médecin ou le centre de tabacologie local seront heureux de vous conseiller de prendre des aides médicamenteuses ; en taisant soigneusement qu'elles ne favorisent en rien votre arrêt durable [2-4]. Bref, les anglais fumeurs sont pris pour des dindes ou dindons, animaux que l'on sait stupides : et risquent aussi se faire duper comme des pigeons…
Références
- F comme Fumeur, une histoire de stigmatisation
- Les patchs ne gagnent pas le match : une nouvelle étude démontre la totale inefficacité des palliatifs de nicotine
- Centres de tabacologie pour arrêter le tabac : pas mieux que l'arrêt franc
- Les services de tabacologie d'aide au sevrage ne font pas mieux que l'arrêt franc (bis)
et la campagne est plus que médiocre...
Rédigé par : Ghyslain | 12/01/2012 à 11:20