La fantastique bataille médiatique pour le gain de l'élection présidentielle fait écho à nos préoccupations concernant la prévention du tabagisme : justifierait t'elle les pires manoeuvres ?
La tentation de l'extrême
Un éditorial du journal Le Monde pointe les risques d'un virage vers l'extrême pour l'UMP :
Le Monde, Éditorial, 25.04.21012 La fin ne justifie pas tous les moyens (Sarkozy et le FN)
Invité de Pascale Clark sur France Inter le 26 avril 2012, Erik Izraelewicz, directeur de la publication du journal Le Monde, assume [1] :
"Depuis le second tour, Nicolas Sarkozy a accéléré la droitisation de son discours. Il y a eu un virage assez net qu'il faut dénoncer car il y a une compromission avec les thèses du FN".
Selon lui, la rédaction du journal est attachée à un certain nombre de valeurs :
- humanisme,
- tolérance,
- ouverture,
- respect, etc.
Elle s'accorde donc le droit de dénoncer quand ce n'est - à son avis - pas le cas. Il ne nous appartient pas d'en juger ici.
La prévention du tabagisme justifie t'elle la pire propagande ?
Nous avons toutefois pointé à plusieurs reprises [2 – 6] la désinformation d'organismes et de leaders d'opinion, recourant sans vergogne au mensonge et à l'omission pour favoriser leur visée. Bien sûr ce parallèle n'implique aucunement une assimilation entre la "guerre contre le tabac" et les visées nationalistes de certains. Mais les langages ont des traits communs que nous pouvons relever, traits classiques dans la propagande anti-fumeurs :
- priorité à l'émotion sur la raison : par ex. Fumer Tue ;
- recherche de l'efficacité au dépens de la vraisemblance : le tabagisme passif ;
- essorage sémantique : le risque de fumer transmuté en maladie, pire en "pandémie" ;
- accroissement de la peur (de l'Autre, de la différence) pour générer une demande de sécurité : stigmatisation des fumeurs, prohibition… ;
- etc.
La médicocratie de marché abandonne le souffrance des fumeurs aux mots creux répétés jusqu'à l'écoeurement, préfère sa promotion à l'efficacité, la propagande au résultat. Elle tente de s'imposer en tête de gondole par la figure d'autorité, laissant les fumeurs sans parole, sans même le droit de réagir.
Dans une émission précédente (le 17 avril dernier), Pascale Clark interviewait Nicolas Sarkozy :
"Parler, c'est être violent ?"
"Non, mais dans le système médiatique actuel, en général on donne la parole à ceux qui parlent le plus fort, le plus violemment, c'est-à-dire pas forcément le plus intelligemment."
Bien vu : un expert des medias parlait alors. À cette heure, il se dit que sa fuite en avant dans la violence médiatique échouera face à l'humanisme, à la tolérance, à l'ouverture et au respect, valeurs que nous voulons aussi véhiculer autant que possible avec UnAirNeuf.org. Elles nous semblent le fondement même de toute efficacité durable concernant le tabagisme.
Références
- France Inter, 26 avril 2012, 5 Minutes avec
- F comme Fumeur, une histoire de stigmatisation
- Occupations de l'espace public : expulsez-moi ça !
- Droits des Non Fumeurs : le glaive d'un archange
- Les experts nous disent-ils la vérité ?
- Corruption, désinformation, mensonge par omission et manque d’éthique s’additionnent pour mentir aux fumeurs
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