La nicotine est un poison violent, mortel à dose plus faible que la strychnine
"Fumer peut tuer" : une consommation de cigarettes pendant plusieurs décennies peut génèrer des troubles cardiovasculaires ou diverses formes de cancer. On sait moins que la nicotine est un poison dangereux, rapidement et à très faible dose.
Pour mesurer ceci, il est d’usage de recourir à la notion de dose létale médiane correspondant à la masse de substance nécessaire pour tuer 50 % d’une population d’animaux dans un lot : son acronyme est DL50.
Les DL50 de la nicotine sont selon Wikipedia :
- 3,34 mg/kg (souris, oral)
- 0,88 mg/kg (homme)
Ainsi une prise de 44 mg de nicotine pour une femme de 50 kg ou 66 mg pour un homme de 75 kg présente 50 % de risque de décès : ceux qui fument plusieurs paquets par jour peuvent avoir dépassé ces seuils à la fin de la journée. Des indices de surdosage (maux de tête, palpitations, etc.) se manifestent et préviennent généralement l’intoxication fatale. Il y a dans un paquet de 20 cigarettes du marché assez de nicotine pour envoyer quatre adultes ad patres. La nicotine est un poison violent, mortel à dose plus faible que la strychnine. Avec certains modes de consommation, notamment les bonbons de nicotine, le risque fatal n’est pas à négliger. [1]
La consommation durable de nicotine est-elle cancérogène ?
La DL50 varie en fonction du mode d’absorption : ingestion, inhalation, application cutanée, etc. Une expérience vient de montrer, pour la première fois, que l’injection répétée de nicotine pouvait générer chez des souris des cancers et des pertes de poils. [2] Quinze souris A/J de laboratoire ont subi 5 jours sur 7 pendant deux ans une injection intramusculaire de nicotine dosée à leur DL50. Une en est morte et sur les 14 survivantes, 11 ont développé un cancer dans le muscle et des pertes transitoires de poils.
Les auteurs en concluent qu’il convient d’ajouter la nicotine dans la liste des carcinogènes potentiels, ce qui impacterait la sécurité des palliatifs de nicotine (pharmaceutiques ou autres) en usage à long terme.
"We demonstrated for the first time that chronic treatment of A/J mice with an LD50 dose of nicotine cause carcinogenic transformation of both smooth and striated muscles as well as transient hair loss. These findings help explain previous reports of association of childhood rhabdomyosarcoma with parental smoking (Gruffermanet al., 1982) and earlier onset of hair loss in smokers (reviewed in (Ortiz and Grando, 2012)). Our results, therefore, should add nicotine to the list of potential carcinogens present in tobacco products and raise concern about the safety of long term usage of nicotine replacement products."
Cette étude ne convainc pas tout le monde. La nicotine n’aurait pas d’effet carcinogène propre, ne serait qu’un promoteur du développement de tumeurs : d’autres expérimentations sont donc à conduire pour éventuellement confirmer les hypothèses, et vérifier leur validité chez l’homme en fonction du mode de consommation (la nicotine n'est jamais injectée).
La nicotine est toxique pour le système nerveux
Deux équipes de l'INSERM (Bordeaux, mai 2002) ont montré que l'absorption répétée de nicotine provoque des effets neurotoxiques (chez le rat). La zone particulièrement touchée, est une région de l'hippocampe appelée « gyrus dentelé ». Cette région du cerveau présente la particularité de produire des neurones tout au long de la vie et intervient dans le processus d'apprentissage et de mémorisation.
L'absorption de nicotine par les rats a entraîné d'une part un déclin de 50% du nombre de nouveaux neurones et d'autre part, une accélération de la mort cellulaire, et en conséquence une altération ponctuelle des capacités d'apprentissage et de mémorisation.
Une explication à la perte de cheveux de fumeurs devenus dépendants aux gommes de nicotine ?
John Polito, dans un article de 2008, relevait en outre que des utilisateurs réguliers de gommes à la nicotine faisaient état d’une perte de cheveux [3]. Cette expérience peut fournir une explication : après 8 à 9 mois sous nicotine, une perte de 30 % des poils se manifestait par endroits (cf. photos). Serait-ce le cas avec des hommes ou des femmes avec de fortes doses répétées de nicotine ?
La bonne nouvelle est que les souris ont recouvré leurs poils à l’issue de l’expérimentation : la perte s’est révélée réversible. En attendant d'en savoir plus ou à défaut d'arrêter complètement, il serait sage de consommer la nicotine avec modération !
Références
- La nicotine pharmaceutique est dangereuse
- Galitovskiy Valentin, Chernyavsky Alexander I., Edwards Robert A., Grando Sergei A., Muscle sarcomas and alopecia in A/J mice chronically treated with nicotine, Life Sciences (April 2012), doi: 10.1016/j.lfs.2012.03.041
- John Polito, Study Claims Nicotine Causes Cancer Injecting mice for two years with levels of nicotine sufficient to cause hair loss caused 78 percent to develop cancer, Whyquit.com, 01.12.2008
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- La nicotine est une substance classée « très dangereuse »
- Cigarettes électroniques : vigilance sur les solutions de « e-liquides » contenant de la nicotine ; Vincent Gazin, AFFSAPS - Bulletin des vigilances n° 51 (24/09/2010) (pdf 618 ko)
- Nicotine pharmaceutique : des effets indésirables fréquents
Comme toutes les substances, les doses fortes sont décommandés !
La nicotine ne déroge pas à la règle, faîtes attention.
Rédigé par : Ecig | 10/08/2012 à 00:04