« Le rééquilibrage des comptes de la Sécurité Sociale est prioritaire » : c’est en ces termes graves que la Cour des Comptes de la Nation concluait son communiqué de presse du lundi 2 juillet 2012, accompagnant la livraison du rapport d’audit que lui avait commandé le gouvernement [1].
Dix huit millions d’économies annuelles tout de suite
Parmi les mille et une façons de réaliser des économies, il y a l’arrêt du subventionnement des produits pharmaceutiques indiqués pour le sevrage tabagique. Cesser cette gabegie ne sera pas préjudiciable aux 14 millions de fumeurs en France, bien au contraire : à défaut de gri-gri médical, il va falloir enfin s'occuper sérieusement de leur cas alors.
Comme nous l’écrivions, la subvention des produits pharmaceutiques mis en place par l’Assurance Maladie en février 2007 est supérieure à 18 millions d'euros par an [2]. En 2011, 372 404 personnes ont bénéficié de ce dispositif (et 336 000 en 2010), sans résultat notable pour les bénéficiaires abusés. Les fabricants et distributeurs de spécialités pharmaceutiques s'en plaindront : subventionnés ou pas, ces produits constituent une ponction inutile [3].
Mille et une autres façons de réaliser des économies qui ne coûtent rien
Dominique Dupagne, dans la même veine, instaure une nouvelle rubrique sur son site Atoute.org : Des économies qui ne coûtent rien. Il les privilégie aux économies qui coûtent cher et à celles qui détruisent le résultat du travail ou l’appareil productif…
Le 7 juillet 2012, il publiait La presse médicale va mal, c’est parfait ! : une source d’économies simple, immédiate et gratuite consisterait à supprimer la distribution gracieuse de revues de promotion pharmaceutique aux médecins, qui représente plusieurs dizaines de kilos par an et par médecin généraliste. La presse médicale gratuite constitue une force commerciale intense pour les médicaments inutiles ou dangereux, qui précisément ont besoin de cette promotion [4].
Réduire les prescriptions inutiles, c’est possible !
L’usage de substituts nicotiniques et autre Champix° sans accompagnement dans la durée n’étant d’aucune utilité pour les fumeurs à la recherche d’une aide pour cesser durablement le tabagisme, leur prescription est généralement injustifiée, une façon de NE PAS traiter le problème de la dépendance. Ces béquilles temporaires et l'échec qui s'ensuit généralement accroissent la frustration, sans parler du sentiment de s'être fait avoir.
La Fédération Hospitalière de France, qui défend les intérêts des hôpitaux publics, avait commandé au printemps un sondage auprès des médecins (hospitaliers, spécialistes et généralistes) sur un sujet qui lui est cher, au sens propre comme au figuré : Les médecins face aux pratiques d’actes injustifiés [5].
Si les médecins font des actes non pertinents, figurez-vous que ce n’est pas de leur faute. Ce sont les patients qui seraient demandeurs selon l’étude :
Cliquer sur l’image pour télécharger les résultats de l’enquête (pdf)
Pour les médecins généralistes libéraux (ceux qui prescrivent le plus les substituts à la nicotine), seuls 68 actes réalisés sur 100 sont pleinement justifiés. Pour 93 % d'entre eux, la demande des patients est responsable d'actes qui ne sont pas pleinement justifiés. S’ils n’y consentent pas, ils risquent de perdre leur clientèle ? Les patients ne leur feraient-ils plus confiance ? Pourquoi alors ?
Manifestement dans l’étude manque tout simplement la question qui tue sur l’information des médecins, quasiment déléguée par les pouvoirs publics aux industriels de la santé, avec tous les conflits d’intérêts qui leur sont associés. Un détail aussi sans doute !
Références
- Didier Migaud, Premier président de la Cour des Comptes, Raoul Briet et Denis Morin ont présenté le rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques 2012 en vue d’évaluer la situation actuelle des comptes publics et les risques pesant sur la réalisation des objectifs de finances publiques pour 2012 et 2013.
- UnAirNeuf.org, 27.03.2012 ; Tableau de bord Tabac de l’OFDT : bilan 2011
- UnAirNeuf.org, 02.07.2012 ; Aides pharmaceutiques à l'arrêt du tabac : très peu efficaces en réalité
- Atoute.org, 07.07.2012, La presse médicale va mal, c’est parfait !
- Source : François Pesty (puppem.com), Pourquoi les dépenses de médicaments ne baissent-elles pas en France malgré la crise
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