La sécurité d’utilisation des cigarettes électroniques est un légitime souci tant pour les utilisateurs que pour leur entourage. Voici une synthèse de ce que nous en savons aujourd’hui adaptée d’un article américain [1] :
Latest Studies Confirm E-Cigarette Vapor Safety
Les dernières études confirment la sécurité
de la vapeur de cigarette électronique
La cigarette électronique [e-cigarette, ecig, vaporisateur personnel, etc.] a été inventée par un pharmacien chinois ayant vu son père décéder d'un cancer du poumon sans arriver à lui-même cesser de fumer. Il a pensé que si la nicotine recherchée par les fumeurs pouvait être délivrée via une méthode moins dangereuse, des millions de vies pourraient être sauvées. Son invention vaporise un liquide qui contient une petite quantité de nicotine - typiquement moins de 2 %. La vapeur est créée par condensation d’un produit chimique comme celui des machines à brouillard artificiel utilisées dans les spectacles.
En éliminant la combustion impliquée dans la fumée des cigarettes de tabac, les cigarettes électroniques évitent les dommages pulmonaires causés par le goudron et les particules partiellement brûlées du tabac et du papier à cigarette. Les gaz toxiques comme le monoxyde de carbone étant également éliminés, les risques de crises cardiaques et d'accidents vasculaires cérébraux sont réduits. Le tabac contient des substances naturelles qui peuvent causer le cancer et le fait de brûler le tabac génère des produits chimiques toxiques et cancérigènes. Les cigarettes électroniques ne contiennent pas de tabac et ne brûlent rien du tout. Elles utilisent la nicotine de même qualité pharmaceutique que celle utilisée dans les produits pharmaceutiques comme les timbres transdermiques (patchs), les pastilles ou les gommes à mâcher.
La première étude scientifique démontrant que la vapeur émise par les e-cigarettes ne contient aucune substance susceptible de nuire aux usagers et leur entourage a été menée par le Dr Murray Laugesen de Nouvelle-Zélande. Il a testé la vapeur de cigarette électronique par rapport à plus de 50 substances toxiques contenues dans la fumée de cigarette. Il a indiqué en avril 2009 lors d’une conférence de la Société de recherche sur la nicotine et le tabac (SRNT) que les vapoteurs (utilisateurs de l'e-cigarette) n’inhalent ni fumée ni substances toxiques contenues dans la fumée. Sa conclusion fut :
« Les cigarettes électroniques sont assimilables à un inhalateur pharmaceutique de nicotine en termes de sécurité, de dosage et de la dépendance potentielle. »
En Juillet 2009, une analyse de la US Food and Drug Administration (FDA) sur 18 échantillons du commerce de cigarettes électronique a révélé que la seule chose potentiellement dangereuse décelée dans la vapeur est une trace infime d'un alcaloïde mineur du tabac. Cependant cette substance chimique n'est ni toxique ni cancérigène. Ce fait n'a pas été mis en évidence lors de la conférence de presse de l’Agence. À l’inverse, l'Agence a prétendu que les inoffensives quantités de produits chimiques détectés dans le liquide non vaporisé présentaient un danger grave pour la santé publique.
En réponse à la communication agressive de la FDA, plusieurs entreprises de cigarettes électroniques ont immédiatement mandaté des laboratoires indépendants pour effectuer des tests de toxicologie sur le liquide et la vapeur. Le Dr Michael Siegel de Harvard (École de Santé Publique de Boston) et le Dr Zachary (de Berkeley) ayant examiné les résultats de 16 études (y compris le rapport de la FDA) ont déclaré :
« Bien que la recherche existante ne permet pas de conclure que les cigarettes électroniques soient sûres en termes absolus et que d'autres études cliniques soient nécessaires pour évaluer globalement la sécurité des cigarettes électroniques, les éléments de preuve disponibles montrent de façon prépondérante qu'elles sont beaucoup plus sûres que les cigarettes de tabac et comparables aux spécialités de nicotine pharmaceutique en termes de toxicité. »
Deux études plus récentes viennent de confirmer que toutes les traces de produits chimiques pouvant être détectés dans la vapeur sont bien en deçà des taux pouvant causer des dommages, même minimes.
Une étude menée par des chercheurs allemands [2] a été acceptée pour publication dans la revue scientifique Indoor Air. Les chercheurs ont comparé les composés organiques volatiles (COV) et les particules ultra-fines de la fumée de tabac à la vapeur de cigarette électronique. Les expérimentateurs étaient assis dans une chambre de test de 8 mètres cube d'acier inoxydable. L'air de la chambre a été testé après 20 minutes pour déterminer la qualité de l'air sans fumée ni vapeur présente. Le sujet a ensuite vapoté une cigarette électronique contenant un liquide sans nicotine aromatisé à la pomme (Liquide 1). Le sujet a inhalé six bouffées de trois secondes avec un intervalle de temps de 60 secondes entre chaque bouffée. Les chercheurs ont commencé à tester l'air à la 4ème bouffée et ont poursuivi les prélèvements pendant 15 minutes. Ce processus a été répété avec deux autres e-liquides dosés à 1,8 % de nicotine : le premier était saveur Pomme (Liquide 2), l'autre était arôme Tabac (Liquide 3.) Après que la dernière e-cigarette ait été retirée de la chambre, le sujet a allumé une cigarette de tabac traditionnel. La même procédure de prélèvements a été suivie.
Un tableau de l'article indique les concentrations en μg/m3 des composés décelés lors de l'essai d'émission dans la chambre de 8 m³ testant une cigarette électronique avec les trois liquides différents, puis la fumée de cigarette classique. Vingt composants ont été mesurés dans la fumée de tabac de la cigarette classique. Seulement six de ces produits chimiques ont été trouvés dans la vapeur de l'e-cigarette et les plus grandes quantités ont été trouvées dans la vapeur du liquide n° 3.
Les chercheurs rapportent les quantités en microgrammes par mètre cube d'air (μg/m3) et affirment que l’exposition à une « vapeur passive » peut être suspectée lors de l’utilisation des cigarettes électroniques. Ils déclarent également de façon qui ne présage rien de bon que « La consommation de cigarettes électroniques constitue une nouvelle source d'exposition dans l'environnement intérieur à des produits chimiques et des aérosols. » Ils ne fournissent cependant pas d'indications concernant le niveau de danger éventuel pour l’entourage de ladite « vapeur passive ».
Les limites d'exposition professionnelle aux produits chimiques sont règlementées dans de nombreux pays. Ces valeurs peuvent être utilisées pour estimer le niveau de danger présenté par des produits chimiques en phase vapeur. Aux États-Unis, ces limites sont exprimées en parties par million (ppm) et/ou en milligrammes par mètre cube (mg/m3).
Le tableau 1 ci-après présente la quantité la plus élevée de chaque produit chimique mesuré comparé à la limite d'exposition professionnelle. Les taux mesurés par les chercheurs sont convertis en mg/m3 pour faciliter la comparaison avec la valeur limite d'exposition. Les colonnes contiennent les informations suivantes :
- Composé - Nom d'un des six produits chimiques détectés dans la vapeur
- Liquide 3 (mcg/m3) : mesure en microgrammes par mètre cube
- Liquide 3 (mg/m3) : valeur des μg/m3 convertie en mg/m3 (la valeur μg divisée par 1000)
- Limite d'exposition mg/m3 : limite d'exposition OSHA (sauf pour l'isoprène*)
- Marge de sécurité mg/m3 : calculée en soustrayant "valeur mg/m3 Liquide 3" de "Limite d'exposition mg/m3"
-
Marge de sécurité (pour cent) : calcul "Limite d'exposition valeur mg/m3" divisé par "valeur mg/m3 Liquide 3") multiplié par 100.
* Les États-Unis n'ont pas encore défini de limite d'exposition pour l'isoprène. La limite fixée par la Pologne a été utilisée comme "Limite d'exposition valeur mg/m3".
Il faut souligner le fait que les quantités mesurées pour la fumée de cigarette conventionnelle sont deux à quarante fois supérieures à celles pour la cigarette électronique mais en quantités si infimes que, même dans la fumée, elles n’atteignent pas la limite d'exposition.
Constatant que certains composés qu'ils s'attendaient à mesurer dans les essais en chambre étaient soit absents soit présents en quantités à peine détectables, les chercheurs ont décidé de mesurer les composés organiques volatiles (COV) directement dans l'air expiré. Pour cette partie de l'expérience, chaque consommateur d’e-cigarette a soufflé une bouffée dans une chambre de verre de 10 litres. Cinq des neuf substances chimiques mesurées dans cette vapeur exhalée «capturée» ne sont pas toxiques par inhalation, il n'y a donc pas de limite d'exposition professionnelle alors. Pour les composés dans les prélèvements avec limite d'exposition, tous présentaient une marge de sécurité d'au moins 90%. La marge de sécurité est supposée être de 100% pour les COV sans limite d'exposition. Les résultats sont présentés dans le tableau 2.
Certains non-fumeurs ont exprimé leur inquiétude à propos de l'inhalation de nicotine et le fait d’être exposé à des vapeurs exhalées. Il devrait être particulièrement réconfortant de constater que même si inhalée directement par l’entourage la quantité de nicotine dans un nuage de vapeur exhalée capturée est trop infime pour avoir des effets sur la santé [3]. Si un membre de l’entourage avalait toute la vapeur exhalée et profitait de toute la quantité de nicotine que l'utilisateur inhale, au bout de 300 bouffées il aurait absorbé 2,1 mg de nicotine, dosage approximatif d’une pastille ou d’une de gomme à la nicotine. A ce niveau on sait que la nicotine n'est pas un danger pour la santé et ne provoque aucune dépendance. De plus la nicotine serait délivrée beaucoup plus lentement, à environ 1/10ème de la vitesse de délivrance d’une gomme ou pastille.
Toutefois, les personnes préoccupées par l'inhalation de nicotine à côté d'un vapoteur n’ont pas besoin de bloquer leur respiration, car aucune nicotine n’a pu être détectée dans les échantillons d'air prélevés dans la chambre d'essai en acier inoxydable. Il est évident que la petite quantité de nicotine expirée par l'utilisateur est rapidement diluée dans l'air ambiant. En conséquence, les personnes présentes ne sont pas exposées à la nicotine du tout.
Une autre étude intitulée Clearstream Air effectue une comparaison de la fumée de tabac à la vapeur de cigarette électronique et n'a rien trouvé dans la vapeur qui présente un danger pour la santé des utilisateurs, et encore moins pour l’entourage. Les résultats seront présentés au 14e congrès de la Société pour la recherche sur la nicotine et le tabac (SRNT) à Helsinki, ainsi que ceux d'une étude examinant l'effet de la vapeur sur les cellules vivantes.
Malgré l'accumulation de preuves scientifiques démontrant que la vapeur de cigarette électronique n'est pas dangereuse pour la santé des utilisateurs ni celle de leur entourage, certains groupes d’activistes tels que Americans for Nonsmokers' Rights et American Lung Association persistent à vouloir que la vapeur soit incluse dans la règlementation visant à protéger le public de l'exposition à la fumée. Inclure le vapotage dans la règlementation du tabagisme encouragerait les fumeurs à le rester au lieu de passer à une alternative qui pourrait leur sauver la vie et réduire les risques sanitaires de leur entourage.
Elaine KELLER
Mise à jour 22.09.2012
L'étude Clearstream est validée après revue : synthèse des résultats ici.
Références
- Latest Studies Confirm E-Cigarette Vapor Safety
Elaine Keller, Allvoices.com, 13.08.2012 ; adapté de la traduction d’Amanda publiée le 19.08.2012 sur forum-ecigarette.com - Does e-cigarette consumption cause passive vaping?
Schripp T, Markewitz D, Uhde E, Salthammer T. ; Indoor Air 2012. DOI: 10.1111/j.1600-0668.2012.00792.x. - Jusqu'à 90 % de la nicotine inhalée par le fumeur est absorbée dans ses poumons, cf.
Absorption and metabolism of nicotine from cigarettes
A K ARMITAGE, C T DOLLERY, C F GEORGE & al. ; British Medical Journal, 1975, 4, 313-316
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