Les statistiques du UK National Health Service confirment qu'en population générale les fumeurs qui acceptent les aides pharmaceutiques au sevrage tabagique ne réussissent pas mieux que ceux qui s'en passent.
Le dernier rapport d'évaluation des services de tabacologie du NHS (service public de santé au Royaume Uni) entre avril 2011 et mars 2012 révèle les statistiques des fumeurs pris en charge [1]. L'abstinence est mesurée à quatre semaines après la date d'arrêt choisie et validée si l'arrêt du tabagisme durant les deux dernières semaines est déclarée.
Sur les 816 444 personnes ayant fixé une date pour arrêter de fumer avec l'aide des services du NHS durant la période, 400 955 candidats ont déclaré être abstinents quatre semaines plus tard.
Certains bénéficiaires ont eu recours à une pharmacothérapie, d'autres non. Voici le détail :
Adjuvant pharmaceutique | Taux d’abstinence 4e semaine |
Oui | 49,6 % |
Non | 50,5 % |
Ainsi l'utilisation de médicaments n'améliore pas l'efficacité de la prise en charge.
Au niveau de la population dans le cadre d'un service national de tabacologie, le constat que les médicaments dits d'aide au sevrage tabagique ne majorent pas les taux de succès est en outre étayé par l'évolution dans le temps :
- le taux de sevrage a baissé de 53 % en 2001/2002 à 49 % en 2011/2012 quand dans le même temps la proportion de fumeurs à qui ont été prescrits des médicaments a cru de 84 % à 93 %.
- En 2006/2007, lorsque le recours aux palliatifs de nicotine pour les candidats à l'arrêt a culminé à 83 %, la proportion d'abstinents à quatre semaines était de 53 %, égale à celle du début de la période d'étude, quand seulement 63 % des candidats à l'arrêt en avaient fait usage.
Il n'est pas dans l'intérêt des fumeurs d'accepter des médicaments de sevrage tabagique
Ces résultats indiquent que dans le cadre de la prestation des services publics de cessation du tabagisme, en population générale, offrir des médicaments aux fumeurs dans le but de les aider à arrêter de fumer ne majore pas leur réussite.
Les essais cliniques contrôlés durant lesquels certains volontaires recoivent un traitement actif et d'autres un produit inactif (placebo) pour comparaison sont par conséquent invalidés et non représentatifs de la situation. En effet, les fumeurs à qui l'on met un placebo à disposition reconnaissent très bien les syndromes de manque et peuvent le plus souvent distinguer le produit pharmaceutique actif à l'étude du placebo. Les essais comparatifs en aveugle sont impossibles. Ceci peut expliquer pourquoi dans ces études les taux observés de sevrage tabagique sont plus faibles avec le placebo : l'avantage relatif des traitements pharmaceutiques dans les essais cliniques résulterait de la déception des cobayes désenchantés et non d'un effet positif intrinsèque.
Ces résultats ne doivent pas être interprétés comme impliquant que la substitution nicotinique ou d'autres pharmacothérapies ne doivent pas être prescrites pour certains patients spécifiques qui tentent de cesser de fumer. Ils suggèrent toutefois qu'au niveau de la population, dans le cadre d'une stratégie nationale de prévention du tabagisme, les pharmacothérapies recommandées ne se révèlent tout simplement pas efficaces pour augmenter les chances d'arrêt du tabac.
Une réussite durable ne pouvant être appréciée qu'à l'horizon d'un an, il convient en outre de garder à l'esprit que ces scores ne sont que des taux d'abstinence déclarés à quatre semaines. Les effets de la médication sont temporaires ; en particulier la nicotine est uniquement destinée à être prise pour une période de temps limitée (quelques semaines). Une bonne part des rechutes intervient après la cessation du traitement, et aucun traitement ne les prévient.
En conclusion, il est fondé d'affirmer que statistiquement en population générale et à long terme, l'efficacité de l'aide à l'arrêt SANS adjuvants pharmaceutiques dépasse celle AVEC.
Référence
- Statistics on NHS Stop Smoking Services: England, April 2011 – March 2012,
NHS Information Centre, 16.08.2012
Crédit pour l’information
- Michael Siegel, 17.08.2012 ; UK National Health Service Data Show that NRT is No More Effective than Unassisted Quitting on a Population Level
À lire sur le même sujet
Commentaires