Inhalateur électronique de nicotine : Big Pharma planche

L’inhalateur de nicotine

En vente sans ordonnance aux USA depuis vingt ans, l’inhalateur pharmaceutique de nicotine est un cylindre de plastique de huit centimètres dans lequel est insérée une cartouche de nicotine. L'inhalateur mime la cigarette par sa silhouette et la façon d’aspirer. Il fournit au fumeur une nicotine purifiée, quasiment exempte des ingrédients cancérogènes contenus dans la fumée de tabac. Lorsque l’envie d’une cigarette lui prend, le fumeur n’a qu’à insérer l’embout entre ses lèvres et à consommer la cartouche.

Ce ne sont pas les poumons mais plutôt les parois de la bouche et de la gorge qui absorbent la vapeur de nicotine contenue dans les cartouches de l’inhalateur, apprend-t-on dans le guide d’utilisation du produit [1]. Malgré ces quelques ressemblances avec la cigarette, l’inhalateur contient moins de nicotine et la libère plus lentement, notamment en cas de crapotage (absorption par la bouche).

« Les cartouches renferment des doses de 10 mg, mais il n’y a que 4 mg qui sont libérés et environ 2 mg qui sont absorbés », précisait M. Pépin, directeur des produits antitabac chez Pfizer Canada. Selon lui, un fumeur moyen utilisera de 6 à 12 cartouches par jour. Une cartouche à inhaler entamée doit être utilisée dans les 12 heures. La libération de nicotine par l’inhalateur peut être réduite en cas de basses températures extérieures : ce n’est pas possible à des températures inférieures à 15 °C [2].

Recherches d’une version améliorée

L’inhalateur se révèle contraignant à l’utilisation. Il existe des obstacles réglementaires et techniques au développement de dispositifs pulmonaires d'inhalation de nicotine et par conséquent aucun n'a obtenu d'autorisation de mise sur le marché pharmaceutique, pour un usage durable. Des recherches visent à améliorer le dispositif, comme en témoigne cette récente étude publiée dans Nicotine & Tobacco Research [3] dont voici les points essentiels.

Les connaissances actuelles sur d'administration de nicotine pulmonaire sont éparpillées dans la littérature et d'autres sources telles que les dépôts de brevets. Le recensement de ces connaissances permet d’identifier les pistes possibles pour qu'un dispositif portatif simple permette une inhalation profonde dans les poumons et d’examiner systématiquement les essais cliniques d'inhalateurs pharmaceutiques de nicotine et les problèmes techniques impliqués.

Trente-huit essais cliniques répondent aux critères d'inclusion. Les profils pharmacocinétiques des inhalateurs de nicotine portables sont inférieurs à celui de la fumée de tabac ; parmi les produits disponibles dans le commerce, les cigarettes électroniques sont actuellement les plus prometteuses.

La délivrance de nicotine par voie pulmonaire peut être maximisée

1. par utilisation de sels de nicotine ayant une acidité (pH) plus physiologique que celle de la nicotine pure,
2. en veillant à ce que la masse des particules soit optimale pour l'absorption alvéolaire, et
3. en ajoutant des agents aromatisants pour faciliter l’aspiration profonde.

Des inhalateurs à dosage incorporé pourraient fournir de la nicotine de façon plus efficace que les autres palliatifs de nicotine. En d’autres termes, la réponse de l’industrie pharmaceutique au succès incontrôlable de la cigarette électronique ne devrait pas tarder. C’est ce qui peut expliquer l’ardeur des tabacologues inféodés à l’industrie pour décrédibiliser le vapotage si apprécié des fumeurs : et tant pis pour leur santé en attendant !

Qu'en pensez-vous ?

Deux questions troublantes

1. Si le maintien de la gestuelle est un défaut rédhibitoire de la cigarette électronique, comment expliquer le silence des tabacologues sur cette caractéristique de l’inhalateur…
2. Est-ce que l'usage de l'inhalateur est autorisé au travail et dans les bureaux ? Si oui, pour quelle raison la cigarette électronique, dont les cartouches contiennent pour ainsi dire les mêmes produits, serait interdite ?

Merci de vos avis éclairés en commentaire ci-après ou sur Twitter @unairneuf.

Références

1. Cesser de fumer en continuant d’inhaler
   Info-tabac.ca , n° 53, août 2004
2. L'Inhalateur de nicotine
   Stop-tabac.ch
3. A Systematic Review of Nicotine by Inhalation: Is There a Role for the Inhaled Route?
   Brent Caldwell & al., Nicotine Tob Res (2012) doi: 10.1093/ntr/nts009