Il y a deux ans maintenant, nous avions fait la connaissance de Nelly Luksenberg à l’occasion du premier Vapoday organisé à Paris [1]. Rare femme dans un univers commercial assez masculin, sympathique et jolie en plus, nous l’avions interviewée en début d’année [2]. Connaissant et suivant ses clients, Nelly a été confrontée aux contre-indications que l’usage de la cigarette électronique peut présenter. « Nous vendons un produit qui est autre chose qu'un simple yaourt » nous écrit-elle, en précisant quatre situations où il convient d'être particulièrement prudent. Son approche “Service et Conseil” nous semble la voie royale pour servir les fumeurs au plus près de leurs intérêts et éviter les désillusions.
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Nous vendons un produit qui est autre chose qu'un simple yaourt
Depuis ces six derniers mois, un grand nombre de boutiques physiques de cigarette électronique a vu le jour. Et l'on peut s'en réjouir ! C'est bien là la preuve que les consommateurs se tournent de plus en plus vers une nouvelle pratique de l'art de l'inhalation. Mais certaines enseignes tiennent davantage de l'affairisme que de l'extension d'une pratique personnelle comme c'était le cas au début avec des vendeurs-vapoteurs qui participaient activement aux forums dédiés. Cette situation présente des risques pour les clients. Même si nous ne sommes pas des professionnels de santé, il est important que nous prenions au sérieux le fait que nous vendons un produit qui n’est pas un simple yaourt.
Fumer, stricto sensu, c'est faire de la fumée… et donc inhaler les produits d'une combustion. Vapoter, nous ne le répèterons jamais trop, c'est inhaler le produit d'une vaporisation qui n'est pas de l'eau. La vaporisation nous exonère des deux principaux effets nocifs liés à la combustion : les goudrons et le monoxyde de carbone. Un certain nombre d'études nous laissent penser que cela représente un gain de 90 % sur notre santé par rapport à la combustion et c'est déjà énorme. De nombreuses études montrent que le taux de monoxyde de carbone disparait en quelques jours de l'organisme. Plus largement, on observe une amélioration de l'état général des fumeurs devenus vapoteurs : on respire mieux, on tousse moins, les capacités physiques sont améliorées notamment chez les sportifs, le teint s'éclaircit par une meilleure oxygénation sanguine, etc.
En revanche, ce que l’on vapote n’est pas de la vapeur d’eau. Indépendamment de notre volonté, nous sommes confrontés aux problèmes de santé de nos clients. Dans ma pratique de commerçant-conseil, je dois répondre chaque jour à des questions plus complexes et nécessitant un certain nombre de recherches.
Nous devons être conscients que même si les produits que nous commercialisons ont fait l'objet d'études et que l'Afssaps (maintenant ANSM) a clairement énoncé que tant que certaines conditions sont respectées, ces produits ne peuvent être considérés comme des dispositifs médicaux, nous restons sous haute surveillance et les faux-pas pourraient faire grand tort. Nous ne devons pas perdre de vue que l'inhalation permet à une substance de pénétrer dans l'organisme et qu'à ce titre nous devons faire preuve de prudence. De plus la clientèle a changé en trois ans. Au début les revendeurs avaient affaire plutôt à des jeunes, moyenne d'âge entre 25 et 40 ans, un peu geek, et surtout habiles à rechercher des renseignements sur internet. En 2012, on rencontre beaucoup de fumeurs plus âgés, qui ne sont pas forcément familiers avec les précieuses sources d'information que sont les forums d'utilisateurs et qui présentent plus souvent des problèmes de santé.
Quatre cas où il convient d’être prudent
En trois ans d'activité, j'ai eu à répondre à des clients souffrant d'asthme, d'épilepsie, de bronchite chronique et à des femmes enceintes. J'ai eu l'occasion d'échanger avec un médecin-pneumologue qui a mené une étude sur la cigarette électronique récemment et donc connait le sujet un peu mieux que la moyenne des médecins. Voici quelques réponses à destination notamment des nouveaux commerçants qui se lancent sans bien connaitre les liquides ni ce qu'ils contiennent :
Asthme
Un certain nombre de personnes souffrant d'asthme ne tolèrent pas bien la cigarette électronique et notamment les liquides contenant du menthol, trop irritants pour eux. Le passage à du Zéro nicotine est souvent une solution efficace. Un certain nombre d'asthmatiques pourtant ne parviennent pas à supporter le vapotage. Le problème ne vient pas du propylène glycol (PG) puisqu'il y a quelques années, on traitait les asthmatiques au PG.
Épilepsie
Certains épileptiques peuvent déclencher des crises en vapotant. Il faut absolument écarter pour eux les préparations contenant du menthol du fait des dérivés terpéniques. En revanche les arômes type Tabac peuvent leur convenir.
Grossesse
On ne dira jamais assez qu'il vaut mieux « tout » éviter. J'ai longtemps pensé que les liquides pouvant contenir des dérivés terpéniques étaient nocifs pour le fœtus. Après discussion avec ce médecin, il faut surtout éviter les liquides mentholés, toujours pour la même raison. Le menthol est d'ailleurs interdit pour les bébés dans toutes les préparations pharmaceutiques. Le médecin interrogé m'indique qu'il vaut mieux vapoter que fumer : le monoxyde de carbone lié à la combustion est réellement nocif pour le fœtus.
Bronchite chronique du fumeur (BPCO)
Parfois la toux est déclenchée par le vapotage, surtout au début de la pratique car « tout » fait tousser ces clients. On peut commencer par des petites bouffées pas trop dosées en nicotine pour éviter l'effet irritant. Au bout de quelques semaines, les clients atteints de bronchite respirent mieux, toussent moins et peuvent mieux apprécier le vapotage.
Dernier conseil du médecin qui m'a gentiment répondu : il est infiniment préférable d'utiliser des produits à base de propylène glycol plutôt que de glycérine végétale. Mais il regrette toutefois que le manque d’études sur la cigarette électronique handicape la prise de décision basée sur les faits scientifiquement établis. En attendant, restons modérés et prudents dans nos propos !
Nelly Luksenberg
13530 TRETS
www.altercig.fr, page Facebook http://www.facebook.com/pages/Altercig/
tél. : 06 62 44 96 01
Depuis trois ans, je vends sur internet, mais aussi et surtout je reçois les fumeurs et leur consacre du temps afin d'accroitre leurs chances d'adopter la cigarette électronique. Le premier rendez-vous dure en moyenne une heure. Ce qui m'anime est la volonté de les amener vers la réussite, avant d'envisager l'aspect financier des choses.
Je m’efforce de leur faire comprendre qu'ils vont passer à « autre chose », que ce n'est pas magique et que cela procède aussi d'une motivation personnelle ; je leur apprends comment gérer le cap des trois jours avec la méthode Coué ; je réponds à leurs questions – nombreuses si on sait les susciter ; je les invite à réfléchir, à se positionner par rapport à leur tabagisme.
La réussite dont je suis la plus fière ? Une femme de 80 ans atteinte de la maladie d’Alzheimer et quasiment aveugle, qui vapote depuis deux ans. C'est son mari qui gère la partie technique. Elle se sent bien mieux, ne tousse plus, et a retrouvé du dynamisme. Son époux est rassuré par le fait qu'elle ne risque plus de mettre le feu à sa maison.
Références
- Un premier Vapoday sympa à Paris
- Nelly Luksenberg (ALTERCIG) : « J'ai eu envie de faire partager cette découverte en devenant vendeuse de cigarettes électroniques. »
Liens d’intérêt
Néant (au risque de lasser nos lecteurs fidèles, il nous faut rappeler que le site UnAirNeuf.org restait vierge de tout lien commercial ou publicitaire au moment de cette publication…).
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