Le Pr Dautzenberg, flamboyant partenaire de l'industrie des substituts nicotiniques et des médicaments du sevrage tabagique, supporte mal d'être interrogé, comme l'exige la loi commune, sur ses liens d'intérêts. La question d'Éric Valmir dans l'émission de Le téléphone sonne sur France Inter intitulée Les substituts nicotiniques le 7 mars dernier, reprenant celles de nombreux auditeurs sur les liens d'intérêt des invités de l'émission, lui donne l'occasion de répéter haut et fort qu'il a toujours travaillé gratuitement pour l'industrie pharmaceutique (et notamment pour Pfizer, le fabricant de Champix°). Puis il "pête un cable". Extrait :
On savait déjà que Jean-Pol Tassin (Inserm, Collège de France) avait fait bénéficier son laboratoire de subsides de l'industrie du tabac. Cela avait été notamment dénoncé dans un dossier du journal Le Monde le 31 mai 2012 [1] et avait fait l'objet de réponses des intéressés.
Le Pr Martinet, pneumologue à Nancy et président du Comité National Contre le Tabagisme (CNCT), révèle qu'il a mené des études d'évaluation de nicotine pharmaceutique ayant été publiées, sans qu'il précise dans quelle mesure il aurait été rémunéré pour cela. À sa décharge, il semble normal de bénéficier de financements industriels dans le monde médical, que ce soit pour des recherches fondamentales ou études d'application. Ces liens d'intérêt sont difficilement évitables quand on se consacre à l'enseignement de la médecine : cela ne diminue aucunement leur influence durable, comme nombre d'études de psychosociologie l'ont montré et quoiqu'en pensent et disent les bénéficiaires.
Rappelons que c'est la loi Kouchner de 2002, relative au droit des malades, qui oblige les médecins à préciser leur liens avec des industriels du secteur, lorsqu'ils s'expriment "lors d'une manifestation publique ou dans la presse écrite ou audiovisuelle". Il ne s'agit pas de pointer du doigt des médecins, mais de savoir, lorsqu'ils s'expriment, d'où ils parlent. L'influence des liens d'intérêt n'est pas une affaire de moralité : elle constitue un risque sanitaire, comme le montrent les scandales à répétition en ce moment. Les professeurs de médecine ne sauraient en être globalement innocents.
[Mise à jour 07.03.2013 17h30]
Après consultation du service de déontologie de l'expertise de l'ANSM ce jour, les déclarations d'intérêts [Fides] ne sont plus disponibles sur le site internet de l'Agence depuis la création récente des nouvelles commissions et groupe de travail au début du mois de février 2013.
Comme par ailleurs, le mandat de Bertrand Dautzzenberg en tant qu'expert de l'ANSM est échu le 28 janvier 2013, il ne sera plus possible d'accéder à ses éventuelles déclarations d'intérêt sur le site de l'Agence. Il reste toutefois possible d'avoir copie de l'historique par demande exprès.
Références
- Le Formindep, les conflits d’intérêts et leur déclaration - A propos des révélations du Monde sur les liens entre cigarettiers et chercheurs français, Formindep, 09.06.2012
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