La cigarette électronique menace les intérêts de l'industrie pharmaceutique
Il y a un peu plus d’un an, UnAirNeuf.org publiait Qui de Pfizer ou GlaxoSmithKline sera le premier à annoncer une cigarette électronique pour l'arrêt du tabac ? :
Nous avons l'intuition que le rachat de la licence se jouera entre ces deux géants de la pharmacie. GSK, leader sur l'offre de gommes de nicotine, hautement rentable et en croissance continue n'a pas intérêt à cannibaliser son marché. Nous penchons plutôt pour une acquisition des droits de commercialisation par Pfizer dont le Champix° a dégazé et qui n'a pas d'alternative à proposer aux fumeurs.
Nous imaginions alors que l’industrie pharmaceutique allait s’employer à récupérer l’innovation et le dynamisme industriel chinois. Nous pensions que l’enjeu pour Big Pharma était de protéger ses juteux profits sur les prétendus “substituts” nicotiniques, qui ne sont que de la nicotine vendue en pharmacie plutôt qu’au bureau de tabac. Nous nous sommes trompé d'analyse. Aujoud'hui tout laisse à penser qu’elle ne va pas investir ce nouveau marché mais se contenter de tuer cette concurrence.
Nous sommes arrivé à la conclusion que pour Big Pharma l’enjeu est stratégique :
- pour la protection de la vente de produits inefficaces pour aider à l'arrêt, car basés sur une théorie de la dépendance à la nicotine mise en défaut par les vapoteurs et permettant de NE PAS réduire le nombre de fumeurs ;
- assurant de maintenir voire accroitre les ventes de traitements des pathologies induites après quelques décennies de tabagisme.
Protéger le mythe de la dépendance à la nicotine et le business de l'anti-tabac
Le premier indice vient de l’observation des vapoteurs : commençant avec des doses de nicotine leur apportant une sensation de confort sans manque, assez rapidement beaucoup d’entre eux deviennent relativement intolérants à la nicotine. Contrairement au bla-bla de certains charlatans– nous pensons que ceux qui disent que les fumeurs sont ‘sous-dosés’ en nicotine en font partie – en cessant de fumer le vapoteur devient intolérant à la nicotine à forte dose. C’est une des raisons de l’échec des timbres transdermiques. Le corps ne supporte plus ces doses.
L’usage de centaines de milliers de vapoteurs révèle une mystification : non, le fumeur n’est pas dépendant à la nicotine, au contraire, l’ancien fumeur en devient progressivement intolérant. Ceux qui reprennent un peu de nicotine à l’occasion, pour des raisons ‘professionnelles’ ou autre, le sentent bien. Passé un certain délai d’abstinence, la nicotine donne vite mal à la tête, des nausées, etc. Il n'existe aucune étude établissant que la nicotine seule rende dépendant.
De même, les anciens fumeurs ne replongent pas dans le tabagisme avec quelques bouffées de vaporette à la nicotine. Pas de risque ! Il semble que la sensibilisation, autre phénomène classique dans les addictions, disparaisse avec la consommation de la seule nicotine. C’est une hypothèse à vérifier certes, mais plausible. Contrairement l’alcool, où l’on peut replonger dans l’abus à l’insu de son plein gré (cf. l’anecdote du baba au rhum prétendu sans alcool), la seule nicotine ne suffit pas à faire replonger dans la consommation addictive.
Mais alors, si l'usage à très large échelle de la cigarette électronique montre que la théorie de la dépendance à la nicotine est – comme le soutient le Pr Molimard [1] – un mythe, toute une profession de tabacologues va faire la queue à Pôle Emploi. On peut s’attendre que ses leaders les défendent mordicus, comme Pr Dautzenberg en France par exemple, ne serait-ce que pour ne pas avoir à se déjuger.
Certes, il pourra rester des usages de la nicotine pharmaceutique, pour les fumeurs malades ou dans une optique de réduction du risque et non plus comme ‘aide au sevrage’ : pourquoi pas. Cela peut avoir une utilité thérapeutique pour certains malades fumeurs (ou fumeurs malades). Mais c’en serait fini de toute cette industrie du tabagisme, de la subvention d’aides inefficaces par l’Assurance Maladie, etc. Toute une économie pré-révolutionnaire, datant d'avant l'ère de la cigarette électronique est en train de s’effrondrer. RIP.
Les fumeurs deviennent à terme de bons clients de la pharmacine
Comment cependant expliquer la mobilisation de l’entreprise Pfizer, dont les ventes en France de son traitement varénicline (marque Champix°) d'aide au sevrage tabagique sont devenues anecdotiques suite aux dégâts sanitaires déclarés ? Pfizer semble parmi les plus actifs à contrer la révolution de la cigarette électronique. Big Pharma, avec ses 350 lobbyistes patentés à Bruxelles est mobilisée afin d'interdire un dispositif plébiscité par les fumeurs en mal d’alternative efficace pour cesser de fumer.
Nous voudrions y dénoncer le rôle ambigu (pour être poli) des société savantes sollicitées par la Commission ENVI chargée d’examiner le projet de révision de la Directive Tabac. Mensonges ! Mensonges ! ont dénoncé quelques spécialistes scientifiques convoqués au même moment, en public, devant probablement des milliers d’auditeurs en Europe regardant ce mauvais polar sur internet. Ces sociétés savantes, comme l'OMS, sont notoirement dépendantes du soutien des industriels [5].
Nous en voulons aussi pour indice le scandale de la présentation de Dr Gratziou qui dirige de comité de lutte contre le tabagime de l'association européenne de pneumologie (European Respiratory Society, ERS) [2] : ne pas dénoncer ces mystifications scientifiques rocambolesques pour tenter de faire croire à une dangerosité virtuelle de la cigarette électronique pourrait être considéré comme complicité de mise en danger de la vie des fumeurs.
En France, diverses sociétés savantes financées par l’industrie font barrage aussi à l’usage de l’ecig. C’est le cas quand La Ligue contre le cancer prend position contre l'usage de la cigarette électronique. Quelques voix timides de vieux professionnels de santé, notamment pneumologues en fin de carrière, commencent juste à dénoncer la perte de l’éthique élémentaire du soignant.
Comment expliquer toute cette débauche d’énergie, de moyens, de propagande éhontée pour tuer le marché d’un produit qui sauve des vies ?
La seule explication que nous trouvons plausible est horrible :
l’industrie pharmaceutique n’a pas intérêt à ce que les fumeurs cessent de fumer.
Les fumeurs ne sont pas des malades : les maladies induites par le tabagisme surviennent après une période de consommation longue. Mais alors, ce sont de bons clients pour la pharmacine.
Les zélotes anti-fumeurs nous bassinent que les fumeurs coûtent annuellement 47 milliards d'euros à la collectivité. La Cour des Comptes estime dans son rapport d'évaluation Les politiques de lutte contre le tabagisme de décembre 2012 la charge financière pour le seul système de santé à plus de 15 milliards. Qui profite de ces milliards ? Les traitements modernes pneumologiques coûtent une fortune. Si l’on se met dans la peau d’un dirigeant de firme pharmaceutique, il n’y a pas intérêt à ce que les fumeurs cessent de fumer trop vite, avant d’être susceptibles d’être pris en charge par les systèmes de santé. Or le sondage A quel âge avez-vous commencé à vapoter ? du forum-ecigarette.com indique que l’âge médian du début du vapotage est 35 ans environ. C’est beaucoup trop tôt !
Résumons :
- Les solutions pharmaceutiques proposées dans l’aide au sevrage tabagique sont inefficaces et ne réduisent pas le tabagisme : c’est voulu et savamment entretenu ;
- la cigarette électronique est plus efficace que les gri-gris pharmaceutiques et permet aux fumeurs de s’affranchir plus jeunes de leur dépendance, sans maladie induite ;
- elle va donc à terme réduire au plan mondial les quelques $ 100 milliards de revenus médicamenteux de pathologies induites par le tabagisme [3].
La plupart des professionnels de santé sollicités actuellement sur le sujet de la cigarette électronique sont liés par leurs intérêts historiques, individuels et collectifs, professionnels, etc. avec les industriels du médicament. Pour eux, c'est ce qui prime. C'est humain. Malheur à celui qui se mettra Big Pharma à dos [4] !
N’attendons pas de leur part l’objectivité nécessaire à une prise de décision politique dans l’intérêt des populations. Ils ne sauraient scier la branche des intérêts sur laquelle ils ont bâti leur carrière et leur image. Souhaitons que les responsables politiques en prennent la mesure.
Post scriptum
Il n’existe à notre connaissance dans le monde aucun projet d’étude clinique conduit par une entreprise pharmaceutique en vue de l’homologation de la cigarette électronique comme un médicament.
À lire sur le même sujet
Références
- Robert Molimard, Le mythe de l’addiction à la nicotine
- La compétence en tabacologie est-elle soluble dans l'industrie pharmaceutique (Christina Gratziou, ERS) ?.
- An answer to questions posed by Rebecca Taylor MEP, Chris Price, ECCA UK, 17.03.2013
- Cf. le témoignage de Irène Frachon concernant sa dénonciation des effets du Mediator, allant de la proposition d'exclusion de l'Ordre des Médecins aux menaces physiques sur ses proches. C'est en France, en 2012.
- Cf. les sponsors du congrès de The European Society of Cardiology’s (ESC) 2013 :
On en avait parlé tous les deux, et je tenais à rectifier mon expérience car je te disais que la nicotine était pour moi très importante : je viens de passer de 12 à 6 mg/ml de nicotine sans aucun effort (après un échec il y a 6 mois). J'ai effectivement la sensation de développer une aversion lente et continue envers la nicotine.
Article très intéressant, la liste des sponsors de l'ESC est impressionnante. Que penser sinon des démarches de CN creative et d'Intellicig ? Ne serait-ce pas là, à son échelle, une entreprise évoluant dans le monde de l'industrie pharmaceutique ?
Et l'annonce de McAvan à la commission ENVI concernant l'application médicale du produit d'ici quelques années ?
Rédigé par : Mcigarette | 20/05/2013 à 18:31
Concernant la demande d'homologation des liquides de Intellicig, je n'ai pas d'information à communiquer. Sauf que le projet est déjà ancien et qu'il a du rencontrer quelques réserves voire obstacles...
La réglementation des médicaments est très différente au Royaume Uni et en France, pays spécialiste des monopoles. Donc un produit pourrait être commercialisé là-bas sans être homologué ici, quelle que soit la décision au niveau européen.
Rédigé par : Randall | 20/05/2013 à 19:27